Hommage à Ladislav Kijno
par
- Grande icone pour Arthur Rimbaud et la Commune
Lorsqu’une de mes amies acheta, en
1975, un papier froissé de Kijno que
je ne pouvais, à mon grand désespoir,
acquérir, elle me dit : « Tu pourras venir le voir
quand tu voudras ! » Depuis j’ai eu l’occasion,
toujours avec le même coup au coeur, de revoir
le travail de Kijno.
En 2001, c’est le grand bonheur ! Notre association
organise une exposition à l’Assemblée
nationale pour commémorer le 130e anniversaire
de la Commune. Kijno y participe avec un
hommage à Arthur Rimbaud et à la Commune.
Les peintres contemporains sont ainsi la preuve tangible que la Commune n’est pasmorte, puisqu’elle inspire les peintres d’aujourd’hui !
En 2002, dans le très bel Espace 89 à Saint
Ouen, Kijno présente 70 portraits du poète
Tristan Tzara. Comment chaque papier froissé,
semblable à l’autre, peut-il être si différent ?
Miracle du talent, du génie ! Chacun, le même,
exprime un sentiment différent.
Mais, comme l’écrit le peintre Robert Combas,
« si les gens croient qu’il n’a fait que des papiers
froissés ils se gourent ». Je me souviens aussi de
cette série intitulée « Balises pour une femme
debout ». Une femme noire sur fond rouge,
c’était Angela Davis ! L’image fut déclinée sous
toutes ses formes… en posters, mais aussi en
broches, en pendentifs argent ou doré. Nous
étions fières, les féministes, de porter ce bijou.
Il m’accompagne encore !
En 2003, Kijno expose à la Maison d’Aragon
et d’Elsa. Je revois ce magnifique travail. Et
tant d’autres fois depuis, avec toujours une
même émotion.
Ladislas était adhérent des Amis de la
Commune. De coeur avec nous, il partageait
pleinement les valeurs de justice sociale des
communards. C’était l’homme de tous les combats
humanistes.
À l’aube du XXIe siècle, lorsqu’il nous fait parvenir
ses voeux, il personnalise son oeuvre « La
cavalière de la paix » et nous encourage au
combat « Haut les coeurs, écrit-il, et vive la
Commune ! ».
Nous n’aurons pas ses voeux cette année et
nous le pleurons avec un grand nombre de ses
amis au cimetière du Montparnasse !
Le 27 novembre 2012, il a laissé seule Malou,
sa femme qui lui a tenu la main tous les jours
depuis 58 ans et jusqu’à la dernière minute. À
Malou, nous avons présenté nos condoléances,
et tenté de partager avec elle, autant que possible,
ce moment insoutenable de disparition
physique.
En 1960, Aragon avait écrit « Hommes de
demain soufflez sur les charbons/à vous de dire
ce que je vois ». Ladislas Kijno était de ces
hommes-là. Il a soufflé sur les braises tant
qu’il a pu. Aujourd’hui, ce sont ses oeuvres qui
continuent à exprimer avec force, souvent avec
violence, son envie de changer le monde. Merci
à Kijno qui restera notre ami.
CLAUDINE REY