Pierre Rosanvallon a démontré le caractère illibéral du premier régime :

« Les libertés publiques y sont réduites au nom même d’une conception de l’exigence démocratique …». 

« La démocratie illibérale est en ce sens une pathologie interne à l’idée démocratique, elle procède de trois éléments :

1. la prétention, d’abord à réduire l’indétermination démocratique par une pratique de la représentation-incarnation (l’homme peuple) ;

2. l’affirmation de l’illégitimité de toute définition du public qui déborde les institutions légales (le peuple-un) ;

3. le rejet enfin de tous les corps intermédiaires accusés de perturber l’expression de la volonté générale (presse, partis politiques, syndicats).»

Élu en 1848, auteur du coup d’Etat sanglant du 2 décembre 1851, Napoléon III ne parvient pas à rallier la « gauche » et perd l’appui de la « droite ». Son régime était impur financièrement (corruption), militairement (guerres de prestige), médicalement (mortalité infantile accrue, maladies endémiques non jugulées).

C’est encore Freud qui, en 1929, nous explique dans « Le malaise dans la Civilisation » l’origine du phénomène de l’aliénation des citoyens :

« Une grande partie de l’agressivité éprouvée à l’égard d’un chef tout puissant par frustration de liberté vient surinvestir la conscience individuelle et se retourne contre elle à l’origine d’un sentiment de culpabilité inconscient ».

Paradoxalement, la régression infantile ainsi provoquée par le pouvoir accroît le désir d’autorité sécurisante et maternante dans la dépendance absolue.

À l’opposé, pour les Communards, fut créée la notion de mandat impératif pour que soit faite l’obligation aux élus de participer à l’action collective en exerçant sans tricherie les mandats que les électeurs leur ont confiés. Les Communards comprirent qu’entre l’exigence du progrès et la pratique du suffrage universel, il y a aura conflit : la classe dominante ayant pour idéologie de posséder et de produire, dissimulera les contradictions entre forces et rapports de production par une hégémonie de manipulation pseudo-démocratique de la volonté politique pour asphyxier la société civile afin de garder le pouvoir d’état.

Philippe Lépaulard

À lire le livre de Sigmund Freud Le Malaise dans la Civilisation, PUF et de Pierre Rosanvallon La démocratie inachevée, Folio. 4 H 1144 

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