Incarcérés pendant quelques semaines, quelques mois ou déportés à l'autre bout du monde durant des années, des milliers d'enfants furent arrêtés à Paris lors de la semaine sanglante par les armées de Versailles. Leur sort reste une page, sinon blanche, au moins grise et opaque de l'histoire de la répression de la Commune de Paris au printemps 1871. Et enfant, on l'était alors jusqu'à 18 ans.
Ces victimes oubliées sortent de la tombe symbolique où elles avaient été oubliées, grâce à Annie Gayat, Sylvie Pepino et Claudine Rey. Après le « Dictionnaire des femmes de la Commune », les trois autrices, au terme d'un long voyage dans les archives, offrent avec ce « Dictionnaire des enfants de la Commune » une réhabilitation à près de deux mille très jeunes gens. Les noms et prénoms y sont répertoriés, comme dans tout dictionnaire, par ordre alphabétique, ceux d'Augustin, d'Eugène, d'Urbain et de tant d'autres qu'ils aient activement ou non participé à l'insurrection du 18 mars.
Ils avaient de 7 à 18 ans. Est-ce un âge pour croupir dans des lieux d'enfermement, maisons de correction, forteresses, pontons, bagnes, sur le vieux continent où les terres colonisées du Pacifique ?
Ils étaient apprentis, ouvriers ou engagés dans la Garde nationale. Leur condition sociale, les dates de leur arrestation, condamnation, libération, autant d'informations soigneusement déclinées qui redonnent à ces inconnus si juvéniles une humanité dont ils ont été dépouillés par une justice militaire, sommaire et inhumaine.
Nul doute que ce nouveau volume participera à augmenter, et même à renouveler, l'historiographie de la Commune.
Sylvie Braibant, co-présidente des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871.
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