L'auteur du Temps des Cerises, acteur de premier plan de la Commune de Paris, est venu deux fois à Châtellerault. En 1884, militant infatigable du mouvement socialiste, il fait le tour des usines. En novembre, on le voit à Angoulême, Poitiers, et à Châtellerault où il échange longuement des idées avec les ouvriers locaux.
Il vient une seconde fois en 1890 lors du congrès de la Fédération des travailleurs socialistes de France (FTSF).
Pourquoi la ville de Châtellerault a-t-elle été choisie parmi les cinq villes candidates, pour la tenue de ce congrès ? On peut y trouver aujourd’hui deux raisons. La première est que cette ville semblait être la seule où le mouvement socialiste était structuré en groupement politique. Une autre raison a vraisemblablement joué en faveur de la ville. Elle pouvait constituer une place « neutre » entre les diverses tendances qui se manifestaient. En effet, des prémices de nouvelles scissions du monde ouvrier se dessinaient autour de Brousse pour les plus modérés, et d’Allemane pour l’aile plus révolutionnaire. Une forte délégation venue des Ardennes était conduite par Jean-Baptiste Clément soupçonné de s’approcher de la tendance Allemane.
Confrontés à un formalisme qu’ils jugent excessif, Clément et ses amis ne restent que deux jours à Châtellerault... Nous avons pu retracer l’essentiel de ces événements grâce au travail de recherche réalisé par Philippe Pineau, bibliothécaire du CE de l’entreprise aéronautique Thales, Pierre Gazeau, technicien à Thalès, Pascal Borderieux, conservateur des archives municipales. On doit également à Philippe Pineau d’avoir proposé le nom de Jean-Baptiste Clément à la médiathèque de son CE. Il fallait bien que Châtellerault se fasse pardonner d’avoir laissé à ce grand poète et chansonnier une si mauvaise impression de son dernier passage à Châtellerault !
JEAN-CLAUDE SARDIN