Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MahJ) vient de consacrer une exposition à Jules Adler (1865-1952), peintre aujourd’hui méconnu, bien qu’il fût célébré en son temps. Franc-comtois, né à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) en 1865, il n’a pas pu connaître la Commune. Alors, pourquoi l’évoquer dans le bulletin des Amies et Amis de la Commune de Paris ?

Le titre de l’exposition, Peintre du peuple, apporte un élément de réponse.

Jules Adler, Paris vu du Sacré-Cœur, 1936. (source : Musée des Beaux-Arts de Dôle)
Jules Adler, Paris vu du Sacré-Cœur, 1936. (source : Musée des Beaux-Arts de Dôle)

D’abord, il est franc-comtois, et l’on pense inévitablement à Courbet. Pourtant il ne l’a jamais rencontré, puisqu’il arrive à Paris en 1882, cinq ans après la mort de Courbet. Mais il s’inscrit dans le courant naturaliste qui, à l’époque où Adler peint, ne fait plus l’objet de la même réprobation qu’au temps de Courbet. Républicain, proche de Zola, il participe ardemment au combat dreyfusard.

Il est l’auteur d’un tableau iconique, La Grève au Creusot (1899), que tout le monde connaît, sans nécessairement en connaître l’auteur. Car une grande partie de son œuvre est consacrée au monde du travail : les ouvriers des mines et des manufactures, les petits métiers de la rue et de la campagne, les déracinés.

Jules Adler, La grève du Creusot, 1899. (Musée des Beaux-Arts de Pau)
Jules Adler, La grève du Creusot, 1899. (Musée des Beaux-Arts de Pau)

L’exposition comportait deux références explicites à la Commune. La première, en rapprochant Le Chemineau (1898) — thème plusieurs fois décliné par Adler — du thème du Juif errant évoqué par Courbet dans Bonjour Monsieur Courbet. L’autre à propos de Paris, vu du Sacré-Cœur (1936), où les personnages sont délibérément représentés tournant le dos au Sacré-Cœur, symbole de l’écrasement de la Commune.

Jules Adler, Le chemineau, 1908. (source : Musée d’Orsay)
Jules Adler, Le chemineau, 1908. (source : Musée d’Orsay)

Mais l’œuvre est bien plus riche que ce que ces quelques lignes laissent entrevoir. On ne  peut que regretter que le très beau catalogue soit épuisé. Mais on peut néanmoins avoir une idée de l’œuvre d’Adler en allant flâner sur Internet…

Michel Puzelat

Sources :

Amélie Lavin, Vincent Chambarlhac et Bertrand Tillier, Jules Adler. Peindre sous la IIIe République, éd. Silvana, 2017.

Catalogue de l’exposition présentée à La Piscine de Roubaix (juin-septembre 2019) et au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, à Paris (octobre 2019-février 2020).

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