Né au Creusot (Saône-et-Loire) le 10 septembre 1841, il est le fils posthume d’un mineur de charbon tué lors d’un coup de grisou. Enfant, il fréquente un instituteur révoqué par le Second Empire et un ancien  déporté en 1851.
.
Jean-Baptiste Dumay (1841-1926)
Jean-Baptiste Dumay (1841-1926)

Il entre à l’usine à treize ans comme apprenti mécanicien-tourneur. Il en est chassé à dix-neuf ans pour avoir poussé des apprentis à revendiquer. Il accomplit alors un tour de France ouvrier En 1860, un mauvais numéro de tirage au sort l’oblige à accomplir un service militaire de cinq ans et demi.

Revenu au Creusot en 1868, il rentre aux usines Schneider. Il participe à l’organisation des grèves de 1870 et de la Commune de 1871 au Creusot. (voir l'article : Les grèves de 1870 et la Commune du Creusot).

Après la chute de la Commune, Jean-Baptiste Dumay rejoint les révolutionnaires creusotins en exil à Genève. Durant son séjour en Suisse, il travaille aux ateliers de réparation des machines servant au creusement du tunnel du Saint-Gothard. En même temps, il milite à la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève, constituée le 8 septembre 1871 à l’initiative des proscrits français et hostiles au Conseil général de Londres de l’Internationale. Il représente cette section au congrès de la Fédération jurassienne tenu à Locle le 19 mai 1872.

Rentré en France en 1879, après l’amnistie partielle, il retourne au Creusot où il crée la Fédération ouvrière de Saône-et-Loire qui vise à rassembler les militants des chambres syndicales avec ceux du jeune Parti ouvrier. Il anime une grève à Montceau-les-Mines.

En 1882, il s’installe à Paris où il milite à la Fédération des travailleurs socialistes, puis au Parti ouvrier socialiste révolutionnaire dirigé par Jean Allemane. Il est élu conseiller municipal de Paris en 1887, et député en 1889. Cette année là, il est délégué au congrès fondateur de la Deuxième internationale.

Interpellant le ministre de l’Intérieur, Constans, le 4 mai 1891, à propos de la fusillade de Fourmies, il s’exclame :

« je suis bien certain que, dans le monde ouvrier, on ne vous accordera pas les circonstances atténuantes, et vous porterez, toute votre vie, le stigmate de Fourmies* comme l’Empire portera le stigmate de La Ricamarie [1] ».

De 1896 à 1905, il est régisseur de la Bourse du Travail de Paris. En 1906, il est secrétaire de la Chambre consultative des associations ouvrières. En 1914, habitant à Chelles (Seineet- Marne), il est nommé maire provisoire de la ville dont il organise la défense.

Jean-Baptiste Dumay meurt à Paris le 27 avril 1926. Ses cendres se trouvent au columbarium de cimetière du Père Lachaise, case 5562.

Yves Lenoir

Cette biographie est extraite, pour l’essentiel du Maitron, dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français.


Note :

[1] Lieux de fusillades de manifestations ouvrières : La Ricamarie (Loire), 13 morts le 16 juin 1869 ; Fourmies (Nord), 10 morts le 1er mai 1891.

Dernières publications sur le site