Si la Nation Française ne se composait que de femmes, quelle terrible Nation ce serait !

Le correspondant du Times en avril 1871

Femmes de la Commune

 Le jeudi 25 mai 1871 alors que les gardes nationaux abandonnaient la barricade de la rue du Château-d’eau, un bataillon de femmes vint en courant les remplacer.

Ces femmes, armées de fusils, se battirent admirablement au cri de :

"Vive la Commune !".

Nombreuses dans leurs rangs, étaient des jeunes filles. L’une d’elles, âgée de dix-neuf ans, habillée en fusilier-marin, se battit comme un démon et fut tuée d’une balle en plein front. Lorsqu’elles furent cernées et désarmées par les versaillais, les cinquantes-deux survivantes furent fusillées. »

Marguerite Prévost, née Guinder dite Lachaise (1832-1888)   Joséphine Marchais (1837-1874) - Portrait pris à la prison des Chantiers, Versailles par Appert   Victoire Léodile Béra, dite André Léo (1824-1900)   Marie Guyard, née Wolff (1849-?) 
Marguerite Prévost, née Guinder dite Lachaise (1832-1888) / Joséphine Marchais (1837-1874) - Portrait pris à la prison des Chantiers, Versailles par Appert  / Victoire Léodile Béra, dite André Léo (1824-1900) / Marie Guyard, née Wolff (1849-?)

 

Paule Minck (1839-1901) - Photo de J.M. Lopez, 1875 (Source BNF)   Victorine Eudes, née Louvet (1848-1881) (source : Collections Spéciales de la Northwestern University Library)   Anna Jaclard, née Anna Vassilievna Korvine-Kroukovskaïa (1843-1887)
Paule Minck (1839-1901) - Photo de J.M. Lopez, 1875 (Source BNF) / Victorine Eudes, née Louvet (1848-1881) (source : Collections Spéciales de la Northwestern University Library) / Anna Jaclard, née Anna Vassilievna Korvine-Kroukovskaïa (1843-1887)

« L’attitude des femmes pendant la Commune faisait l’admiration des étrangers et exaspérait la férocité des Versaillais » raconte Lissagaray dans son Histoire de la Commune de 1871. Les deux commentaires de presse suivant, illustrent parfaitement cet avis.

Barricade de la place Blanche défendue par les femmes - Lithographie (CCO Paris Musée / Musée Carnavalet - Histoire de Paris)
Barricade de la place Blanche défendue par les femmes - Lithographie (CCO Paris Musée / Musée Carnavalet - Histoire de Paris)

« En voyant passer les convois de femmes insurgées, on se sent, malgré soi, pris d’une sorte de pitié. Qu’on se rassure en pensant que toutes les maisons de tolérance de la capiltale ont été ouvertes par les gardes nationaux qui les protégeaient et que la plupart de ces dames étaient des locataires de ces établissements »
Le Figaro

« J’ai vu une jeune fille habillée en garde national marcher la tête haute parmi des prisonniers qui avaient les yeux baissés. Cette femme, grande, ses long cheveux blonds flottant sur ses épaules, défiait tout le monde du regard. La foule l’accablait de ses outrages, elle ne sourcillait pas et faisait rougir les hommes par son stoïcisme. »
The Times 29 mai 1871

Le comité de vigilance des citoyennes

Le comité de vigilance des citoyennes du XVIIIe, présidé par une couturière, Sophie Doctrinal, se distingua par sa grande activité. Le comité avait été créé par Clémenceau après le 4 septembre 1870. Parmi les adhérents de ce comité, il y avait Louise Michel et une russe, femme de Victor Jaclard, membre de l’internationale, colonel de la XVIIe légion fédérée, Anna Jaclard née Korvine Krouskovskaïa à Saint-Pétersbourg, se trouvait à Paris avec sa sœur Sonia qui devint une éminente mathématicienne, et qui, pendant la commune, travailla dans les hôpitaux parisiens.

22 mai 1871 -  Une femme conduisant des mitrailleuses place Taranne, Paris 6ème
22 mai 1871 -  Une femme conduisant des mitrailleuses place Taranne, Paris VIème  - Aquarelle d'Alexandre Dupendant , d'après un dessin de Sahib (Recueil facticeParis 1870-1871 : le Siège, la Commune, le Gouvernement - BHVP)

À Louise

- J’aimerais toujours
Le temps des cerises
C’est de ce temps là
que je garde au coeur
Une plaie ouverte

 Et dame fortune
en m’étant offerte
Ne pourra jamais
calmer ma douleur

"Le temps des cerises", Jean-Baptiste Clément

Le dernier couplet de la chanson de Jean-Baptiste Clément est dédiée à Louise, une femme qui avait défendu à ses côtés les barricades de la rue des Trois-bornes et dont il n’avait retenu que le prénom.

Louise Michel fut condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Elle revint à Paris après l’amnistie, le 9 novembre 1880.


Après une vie de militante, elle mourut à Marseille le 10 janvier 1905, elle repose au cimetière de Levallois.

 

Adresse des citoyennes à la Commission exécutive de la Commune de Paris

J.O. du 13 avril 1871

Considérant

Qu’il est du devoir et du droit de tous de combattre pour la grande cause du peuple, pour la Révolution

Que le péril est immédiat et l’ennemi aux portes de Paris

Que l’union faisant la force, à l’heure du danger suprême, tous les efforts individuels doivent se fusionner pour former une résistance collective de la population entière, à laquelle rien ne saurait résister

Que la Commune, représentante du grand principe proclamant l’anéantissement de tout privilège, de toute inégalité, par la même est engagée à tenir compte des justes réclamations de la population entière, sans distinction de sexe - distinction créée et maintenue par le besoin de l’antagonisme sur lequel repose les privilèges des classes dominantes

Que le triomphe de la lutte actuelle - ayant pour but la suppression des abus, et , dans un avenir prochain, la rénovation sociale toute entière, assurant le règne du travail et de la justice - a, par conséquent, le même intérêt pour les citoyennes que pour les citoyens

Que le massacre des défenseurs de Paris par les assassins de Versailles, exaspère à l’extrême la masse des citoyennes et les pousse à la vengeance

Qu’un grand nombre d’elles sont résolues, au cas où l’ennemi viendrait à franchir les portes de Paris, à combattre et vaincre ou mourir pour la défense de nos droits communs.

Qu’une organisation sérieuse de cet élément révolutionnaire est une force capable de donner un soutien effectif et vigoureux à la Commune de Paris, ne peut réussir qu’avec l’aide et le concours du gouvernement de la Commune

Par conséquent

Les déléguées des citoyennes de Paris demandent à la commission exécutive de la Commune

    • 1) de donner l’ordre aux maires de tenir à la disposition des comités d’arrondissement et du Comité central, institué par les citoyennes pour l’organisation de la défense de Paris, une salle dans les mairies des divers arrondissements, ou bien, en cas 
    • 2) de fixer dans le même but un grand local où les citoyennes pourraient faire des réunions publiques
    • 3) de faire imprimer aux frais de la Commune les circulaires, affiches et avis que les dits comités jugeraient nécessaire de propager.

Pour les citoyennes déléguées, membre du Comité central des citoyennes : Adélaïde Valentin, Noëmie Colleville, Marcand, Sophie Graix, Joséphine Pratt, Céline Delvainquier, Aimée Delvainquier, Elisabeth Dmitrieff

 

Affiche de la Commune de Paris N°342 du 18 mai 1871 - Appel aux ouvrières (source : La Contemporaine – Nanterre / argonnaute.parisnanterre.fr)
Affiche de la Commune de Paris N°342 du 18 mai 1871 - Appel aux ouvrières (source : La Contemporaine – Nanterre / argonnaute.parisnanterre.fr)

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