SOPHIE AU TEMPS DES CERISES - SOUS LA COMMUNE AVEC NADAR ET LOUISE MICHEL
Ce récit chronologique, illustré et daté, est le film de la vie d’une enfant traumatisée par la famine, la crise et la guerre. Elle sera sauvée par sa rencontre avec « La Grande Citoyenne », Louise Michel, et le photographe–aéronaute de génie, Félix Tournachon dit Nadar.
Le père de Sophie, ouvrier-zingueur, est mort en tombant d’un toit en installant une gouttière. Sophie est pauvre et doit travailler comme domestique chez le célèbre Nadar où sa mère est cuisinière. Elle abandonne le projet d’entrer à l’école après la mort de son père, mais elle rencontre une voisine, madame Louise Michel, qui vient d’ouvrir un externat pour filles pauvres et qui lui apprend en cachette à écrire. Ce savoir naissant lui permet de communiquer avec Paul, le fils de Nadar, passionné de photographie lui aussi. L’amitié de ces deux enfants leur permettra d’accompagner Nadar dans l’envol du ballon « Géant » construit grâce au mécénat de ce dernier. L’illustration superbe en clair obscur et en double contraste simultané nous permet une lecture sociologique et psychologique complémentaire.
Le père de Sophie devait installer une gouttière sur le toit pour faciliter l’écoulement des eaux pluviales souillant les beaux habits des résidents. L’absence d’échafaudage et de garde-corps mit la vie de ce malheureux en péril, pour un salaire misérable.
Sophie avait soif de lire pour échapper au drame de sa condition d’orpheline pour fuir le néant d’une relation duelle (dominant–dominé, riche–pauvre…). Elle bénéficiera du poste de sa mère, cuisinière chez Nadar, ce qui permettait à cette dernière d’exercer un rôle qualitatif sur l’oralité de ses employeurs. La rencontre de Sophie avec Louise Michel, qui rendait aux pauvres l’héritage que lui avait légué un couple de parents adoptifs généreux et progressistes, fut déterminante. Sa deuxième chance fut de communiquer dans le secret des émotions naissantes et partagées avec le fils Nadar. Celui-ci s’initie en cachette à la photographie maîtrisée par son père qui plaisait tant aux notables de l’époque, car elle reproduisait leur image. Paul Nadar demande à Sophie d’être son modèle.
Le père Nadar crée une compagnie d’aérostats à Montmartre afin d’envoyer du courrier et de survoler la France occupée par les Prussiens, pendant la guerre de 1870. Le fils Nadar et Sophie seront du premier voyage et pourront monter à l’assaut du ciel comme l’avait si bien écrit Raoul Dubois.
Une biographie richement illustrée de Nadar père et fils et de Louise Michel vient compléter avec un rappel de la guerre franco-allemande de 1870-1871 et de la Commune de Paris de 1871 son merveilleux ouvrage.
Philippe Lépaulard
Écrit par Béa Deru-Renard et illustré par Hans Ulrich Osterwalder, Sophie au temps des cerises - Sous la Commune avec Nadar et Louise Michel, Éditions de l’École des Loisirs, Paris, 45 p, 12,50 euros.
PIPE EN BOIS
Dans le Petit Larousse de l’Histoire de France, septembre 2009, les pages 412 à 414 sont consacrées aux origines et aux réalisations de la Commune. Elles sont rédigées avec une réelle objectivité qu’il faut absolument souligner, car le fait est plutôt rare.
Marcel Cerf
Cavalier Georges, Louis, Alexandre (1842-1878), dit Pipe en bois.
Ancien polytechnicien, franc-maçon. Directeur des voies et promenades publiques sous la Commune. Il accomplit sa tâche en bon technicien. Il avait travaillé avant la guerre de 1871 aux usines Cail. Il fut un temps secrétaire de Gambetta à la délégation de Tours. Praticien habile, il organisa le transport des troupes et des munitions. Cet homme habile, serviable et désintéressé était très soucieux d’améliorer les conditions d’existence de la classe ouvrière. C’était aussi un excellent journaliste et un homme de théâtre réputé. Cavalier croyait avoir trouvé en Jules Vallès un véritable ami, mais cet écrivain remarquable redoutait la concurrence de ceux qui auraient pu apporter ombrage à son grand talent et il n’eut pour Cavalier, qui était très laid, que des sarcasmes cruels et blessants. Arrêté le 28 mai 1871, Cavalier fut condamné à la déportation en enceinte fortifiée, le 7 septembre par le troisième Conseil de guerre. Sa peine fut commuée l’année suivante en 10 ans de bannissement en Belgique. Régisseur au théâtre d’Anvers, il fut une figure marquante de la proscription belge. Miné par la maladie, il fut autorisé à revenir en France, il y mourut un an plus tard, le 28 octobre 1878.
Petit Larousse de l’Histoire de France, Pipe en bois, septembre 2009, pages 412 à 414.