LE CANON FRATERNITÉ
La nouvelle est tombée le 8 décembre dernier, alors que nous étions à l’Assemblée nationale pour l’expo sur la Commune : Jean-Pierre Chabrol est mort.
Et comme si l’importance d’un homme et de son œuvre étaient inversement proportionnelles au bruit médiatique produit par son décès, il n’a pas fallu beaucoup chercher pour s’apercevoir qu’il était l’auteur d’un immense roman à l’égal du reste de son œuvre : Le Canon Fraternité.
Les habitants de l’impasse du Guet, au cœur du Belleville ouvrier, décident, en août 1870, de s’offrir un canon qui s’appellera « Fraternité ».
Mais le patron de la fonderie ne vend des canons qu’aux gouvernements ! Qu’importe !!!On se passera de lui. Fondeurs et prolétaires coulent avec les petits sous de bronze collectés, leur « Fraternité ».
Ce canon ne tue personne mais son tonnerre est terrifiant. La fabuleuse avanture du « Fraternité » ne se terminera que chez les Spartakistes, à Berlin, en 1919. A lire et à relire.
Yves Pras
Jean-Pierre Chabrol, Le Canon Fraternité, Éd. Nrf, Gallimard, 1970.
L’ENTREPRISE À L’AUBE DE LA COMMUNE
Pour connaître la valeur des avancées de la Commune, encore faut-il connaître l’état des lieux du pays au moment où elle prend naissance. A la demande réitérée des comités d’entreprises dans lesquels il a assuré de nombreuses conférences, Bernard Eslinger tente d’établir ce constat, et il y arrive fort bien. En « bon pédagogue » (qualificatif dont le crédite notre ami Gilles Perrault dans la lettre qu’il lui a adressée après la lecture de cet essai.) il part de 1815 et avance par quart de siècle, pour nous faire découvrir la France économique et sociale, des inventions technologiques aux prémices de la lutte des classes en passant par les balbutiements de la classe ouvrière puis à ses premières luttes. Il répond à des questions telles que
« Qu’est-ce qu’une entreprise au XIXe siècle ? Qu’est-ce qu’un ouvrier ? Quelles sont les conditions de travail ? Où en est l’économie de la France ? Quelles sont les techniques du moment ? et d’autres encore… »
Ce livre, petit par la taille mais dense par son contenu et très clair dans ses explications, nous pointe du doigt les bases sur lesquelles ont dû travailler les bâtisseurs de la Commune.
À lire absolument.
Marie-Claude Schertz
Bernard Eslinger, L’entreprise à l’aube de la Commune, brochure des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871.
PARIS SOUS LA COMMUNE PAR UN TÉMOIN FIDÈLE : LA PHOTOGRAPHIE
Réédition à l’identique en 1 volume des 26 fascicules parus peu après l’insurrection parisienne. Plus de 150 photographies légendées de Paris et sa banlieue pendant la Commune. 4 pages quadri illustrées par Raffet reproduisant les costumes militaires des Communards.
Couverture semi-cartonnée, tirage limité, format 210 x 295 à l’italienne. Edition numérotée, hors commerce, disponible en souscription. Parution prévue : été 2002.
Paris sous la Commune par un témoin fidèle : la photographie, Édition Dittmar
L’AFFAIRE D’UN PRINTEMPS : PIÈCE EN NEUF TABLEAUX
Sous les apparences d’une enquête policière bien ficelée, se déroule un drame où s’affrontent des protagonistes d’origines sociales très différentes, face à cet évènement exceptionnel et fulgurant que fut la Commune :
- Ursule Dessourcet, personnage central de l’intrigue, est un honnête commissaire de police, hors du commun, puisqu’il reste en fonctions sous la Commune avec laquelle il sympathise. C’est le maillon sensible entre les traditions un peu étriquées de la petite bourgeoisie laborieuse et les idéaux de justice et de liberté de la société nouvelle en gestation.
- Celestin Ferrand, le capitaliste corrompu, dont la conduite est uniquement guidée par le profit et Oriane, sa fille, que sa vie sentimentale incline vers le peuple. Pour éviter une mésalliance, elle sera séquestrée par son père dans un hôpital psychiatrique.
- Sergelin, le bistrotier communards et humaniste, Maxime Deletre, journaliste du Cri du Peuple et l’intrépide Elisabeth Lesavre, l’institutrice féministe et révolutionnaire, sont les pionniers de l’ordre nouveau.
Les percutants dialogues sont écrits dans un style alerte et combatif. La prostration de la séquestrée dans l’atmosphère monastique et feutrée de l’asile s’estompe progressivement pour laisser place aux évocations en flash-back d’un passé dramatique et horrifiant mais prélude aux victoires futures.
Quel metteur en scène inspiré, quel directeur audacieux monteront ce spectacle décapant ? L’avenir saura bientôt, peut-être, nous livrer une réponse positive.
Marcel Cerf
Martial Bleger et Hervé Masnyou, L’affaire d’un printemps : pièce en neuf tableaux, Éditions Art et Comédie.