La mairie de Paris présente actuellement une exposition sur l’histoire la Commune, au Salon d’accueil de l’Hôtel de Ville.
L’exposition suit un parcours chronologique qui commence par la tentative de reprise des canons à Montmartre et l’élection de l’assemblée communale. Les décisions sociales et politiques de la Commune sont évoquées à travers les affiches officielles : séparation de l’Église et de l’État (2 avril), interdiction des retenues sur salaires (27 avril), suppression du travail de nuit dans les boulangeries (28 avril), liquidation des trois derniers termes dus par les locataires (29 mai)…
L’effervescence politique se traduit par les réunions dans les clubs comme celui des femmes à l’église Saint-Germain l’Auxerrois, ou par la mise à feu des bois de la guillotine au pied de la statue de Voltaire, par les habitants du quartier de la Roquette opposés à la peine de mort. Dans la deuxième salle de l’exposition, les visiteurs sont impressionnés par le mur de photographies des principaux dirigeants de la Commune : hommes d’un côté, femmes de l’autre. La troisième partie évoque « Paris à feu et à sang ».
Pendant la Semaine sanglante (21 au 28 mai), 20 000 Parisiens seront exécutés sans jugement par l’armée du maréchal Mac-Mahon. Le 24 mai, pour freiner l’avancée des troupes versaillaises, les communards incendient la Préfecture de police, le Palais de justice, l’Hôtel de Ville et les Tuileries. Dans l’après-midi du 28, les derniers combats cessent à Belleville. Le lendemain, Thiers peut télégraphier à ses préfets :
« Le sol est jonché de cadavres. Ce spectacle affreux servira de leçon. »
Les scènes de combats ont été très peu photographiées en raison notamment du poids et du volume des appareils de l’époque, totalement inadaptés au reportage. Ce qui explique pourquoi les photographies des ruines des monuments et des immeubles détruits pendant la Semaine sanglante constituent le plus grand ensemble iconographique relatif à la Commune. La bourgeoisie triomphante s’est empressée d’exploiter ces images des ruines, censées symboliser la « folie destructrice » de la Commune, pour mieux occulter son œuvre politique et sociale. Dès la fin du mois de mai, les éditeurs s’empressent de publier des albums de photos, des guides et des cartes postales des principaux monuments détruits pour satisfaire la curiosité morbide des bourgeois parisiens et des touristes français et étrangers.
JOHN SUTTON
Exposition « La Commune : 1871, Paris capitale insurgée », jusqu’au 28 mai. Hôtel de Ville, entrée salon d’accueil, 29 rue de Rivoli, Paris IVe . Ouvert tous les jours sauf dimanches et fêtes de 10h à 19h.