L’association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 a dédié l’année 2016 à Eugène Pottier (1816-1887), à l’occasion du bicentenaire de sa naissance. Pendant la Commune, Pottier, grand poète et chansonnier, est membre du Comité central des vingt arrondissements de Paris, et joue un rôle de premier plan dans l’organisation de la Fédération des Artistes qui se crée en avril sous la présidence de Gustave Courbet. C’est un chant, L’Internationale, qui le rendit célèbre.
Quand l’esprit républicain est menacé par une droite extrême et arrogante, quand le droit du travail enregistre un recul historique sans précédent, quand les institutions sont en panne, quand les catégories populaires sont de plus en plus dans l’incertitude, la Commune ne nous donne pas des leçons toutes faites, mais elle nous ouvre des pistes.
Elle a rappelé que la démocratie est infirme si elle n’est pas sociale autant que politique, si la dignité du travail n’est pas reconnue, si la pauvreté s’incruste, si l’étranger est méprisé, si le droit au travail est un vain mot, si le travailleur n’est pas protégé par la loi, si le locataire est entre les mains du propriétaire, si le travail créateur de richesse n’est pas mis au cœur de l’efficacité vraie et de toute modernité.
Elle a rappelé que la souveraineté de la nation est un vain mot si le pouvoir de quelques-uns prend le pas sur le pouvoir de toutes et tous, si le citoyen est dépossédé de ses droits réels, si les élus ne sont pas contrôlés.
« Les membres de l’Assemblée municipale sans cesse surveillés, contrôlés, discutés par l’opinion sont révocables, comptables et responsables. »,
affirme la Commune. Et si on s’y mettait enfin ?
La Commune a promu l’association des travailleurs car, comme le dit Pottier,
« Il n’est pas de sauveur suprême, / Ni Dieu, ni César, ni Tribun ».
Elle a favorisé l’association coopérative ouvrière, l’éducation professionnelle. Elle détruit la guillotine, abolit l’armée permanente, veut donner la culture au peuple, décrète la séparation de l’Église et de l’État.
Ces communards, si épris de démocratie, ont pourtant été écrasés dans le sang par les versaillais. 20 à 30 000 d’entre eux ont été tués arbitrairement, ou exécutés après des procès sommaires et partiaux.
Comme ces 9 officiers de la Garde nationale, dont notre association a retrouvé la trace, et qui furent exécutés dans la matinée du 30 mai dans le fossé du fort de Vincennes.
Des milliers d’autres ont été emprisonnés, mis sur des pontons, envoyés au bagne, ou bien contraints à l’exil.
L’amnistie de 1880 a abouti à l’une des plus grandes amnésies de l’histoire. C’est pourquoi notre association s’évertue à lutter contre l’oubli et œuvre à la réhabilitation de tous.
Amnistiés, mais toujours considérés comme coupables. Mais coupables de quoi ? D’avoir défendu Paris, de ne pas avoir voulu collaborer avec l’ennemi, d’avoir lutté pour la liberté et la démocratie, et d’avoir reçu en retour les décharges des fusils et des mitrailleuses.
« Groupons-nous et demain… »
Que la parole devienne action !
Amies et Amis de la Commune de Paris 1871