« Que revive la Commune », « Place de la Commune »… Les inscriptions fleurissent autour de la place de la République. Dans sa recherche de formes de démocratie directe, dans sa lutte contre le poids du « système », le mouvement « Nuit Debout » retrouve les aspirations de la Commune de Paris.
Le jeudi 21 avril, nous sommes donc allés place de la République, où nous avons installé un stand des Amies et Amis. Nous étions une bonne dizaine à nous relayer à la table. C’est peu de dire que nous avons eu du succès. Pendant près de quatre heures, nous avons eu la visite de dizaines de personnes, de tous âges, les unes averties, d’autres curieuses de connaître mieux la Commune, notamment des jeunes pour qui le mot « Commune » évoque quelque chose de très flou, dont ils ont à peine (ou pas du tout) entendu parler à l’école. Nous avons vite épuisé notre stock de dépliants et de tracts. Et, forts de notre succès, nous y sommes retournés le dimanche 24 avril.
Françoise Bazire fut interviewée sur Télé Debout et invitée à intervenir devant l’assemblée générale où elle lut le texte de soutien et de solidarité de l’Association, intervention qui fut très appréciée du public :
« Nous parlons ici au nom d’une des plus vieilles organisations françaises. Elle s’appelle Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871. Elle est née en 1882, autour des communardes et communards revenus de déportation ou d’exil, peu de temps après avoir été enfin amnistiés.
Pourquoi sommes-nous ici ce soir ? Parce que nous avons vu que certains avaient spontanément décidé de donner à cette place le nom de « Commune de Paris ».
Parce que beaucoup ici aiment à évoquer le souvenir de
la Commune de Paris.Cela nous touche au plus haut point. La Commune, ce fut, en à peine soixante-douze jours, une expérience extraordinaire de liberté. Elle fut un sursaut populaire, qui n’a appartenu à aucune organisation, à aucune sensibilité, à aucun groupe en particulier. Dans un contexte de crise maximale et de difficultés incroyables elle fut un banc d’essai d’une démocratie que l’on appellera comme on veut, « d’implication », « citoyenne » ou « directe ».
Elle a voulu être un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Elle ne voulut déléguer ses responsabilités à personne, instaura le principe de la révocabilité des élus, de l’égalité des femmes et des hommes, de la gratuité de l’école, de la laïcité, de la réquisition des entreprises abandonnées.
En bref, dans la diversité de ses composantes, elle voulut proclamer et essayer de faire vivre l’idée selon laquelle il n’y a pas de société heureuse sans égalité, de démocratie effective sans justice sociale, de République vivante sans reconnaissance de la dignité populaire.
Dès l’instant où ces valeurs sont en acte dans le mouvement de « Nuit debout ! », l’association des Amies et amis de la Commune de Paris 1871 ne peut que dire sa joie et son entière solidarité. »
MICHEL PUZELAT