Les Amies et Amis de la Commune de Paris – 1871

Communiqué du 19 décembre 2013

Au début de 2011, à l’occasion du 140e anniversaire de la Commune de Paris, l’Association des Amis de la Commune a lancé une grande campagne pour la réhabilitation de la Commune et des communards. Elle a organisé de très nombreuses manifestations dans tout le pays qui ont recueilli un écho considérable, bien supérieur à celui des manifestions du 130e anniversaire. En effet, dans notre société marquée par une grave crise économique, sociale et démocratique, les idées et l’œuvre de la Commune conservent une brûlante actualité.

Nous avons ainsi lancé une pétition pour soutenir nos demandes qui a réuni près de 10000 signatures. Plus de 80 syndicats, partis et associations ont participé à la dernière montée au Mur des fédérés. Que tous ceux qui nous ont soutenus dans notre action pour la réhabilitation soient ici remerciés.

Nous souhaitons maintenant tirer un bilan de notre campagne et le faire connaître à l’opinion et aux médias.

Pour la commodité de notre propos, distinguons trois types d’interventions.

1- Auprès des grandes institutions politiques nationales (Présidence de la République, Premier ministre, Assemblée nationale).

De ce côté nous souhaitions de grandes initiatives symboliques et mémorielles. Le bilan le plus significatif reste les projets de résolution en faveur de la réhabilitation de la Commune et des communards déposés par les groupes de gauche des chambres et dont le contenu nous satisfait très largement. Cependant ces projets de résolution n’ont pas été soumis au vote même si la présidence de l’Assemblée nationale y paraît favorable. Par ailleurs, nous sommes en voie d’obtention d’une exposition à caractère artistique au Sénat.

Du côté de la présidence de la République, après avoir été traité par le mépris par le précédent président, nous avons été reçus par un conseiller de François Hollande. Mais une seconde lettre est restée sans réponse. Nous n’avons aucun écho à notre demande d’une grande initiative mémorielle (journée de commémoration le 26 ou le 28 mars) ou culturelle (grand concert).

2- Auprès des ministères ou des grandes institutions publiques.

De ce côté, nous souhaitions en premier lieu qu’une plaque rappelle la présence de la Commune de Paris (ou le nom du responsable de l’institution pendant la Commune).

Une quinzaine de démarches ont été faites (tant avant qu’après 2012). La moitié des institutions ne s’est guère donnée la peine de répondre (les ministères de la Justice, de la Poste, du Travail et des Armées ; les directions de la Monnaie et du Timbre). Une rencontre récente a eu lieu avec le ministère en charge de la mémoire. Nous en attendons les suites.

Des réponses polies mais négatives ou dilatoires sont venues des ministères des affaires étrangères et de l’économie, de l’Assistance publique, de la BNF et de l’Imprimerie nationale.

Un seul ministère a donné une suite partielle à nos demandes, celui de l’éducation nationale qui, sans envisager une plaque en l’honneur d’E. Vaillant, a accepté que l’inspection générale modifie ses notes aux enseignants en encourageant l’étude de la Commune sous tous ses aspects en particulier en classe de 1ère. Cependant les programmes ne peuvent être modifiés hors des commissions de programme.

Au final, le bilan d’ensemble apparaît, ici, significativement négatif. Le changement de 2012 n’a guère apporté de mieux. Silences ou indifférences dominent.

3- Auprès de la mairie de Paris et des mairies d’arrondissement

Nous avons demandé que dans chaque mairie d’arrondissement et à l’Hôtel de Ville de Paris figure une plaque rappelant les noms des élus de la mairie de Paris ou certains événements significatifs.

Ici une nette différenciation apparaît entre les mairies d’arrondissement de gauche et celles de droite. Dans les premières, nos efforts obstinés nous conduisent à une très large réussite dans tous les arrondissements de gauche. Dans les huit mairies de droite, c’est un silence méprisant et typiquement versaillais.

La Mairie de Paris apparaît, enfin, sur le chemin d’apposer prochainement une plaque à l’Hôtel de Ville. Rappelons aussi son aide lors des commémorations de 2011.

Notons aussi que de nombreuses initiatives ont eu lieu dans des communes de l’Ile-de-France et de province.

Au total, le bilan paraît clair.

Les élus (locaux ou nationaux) de gauche sont sensibles –avec plus ou moins d’enthousiasme- à nos demandes. Les élus de droite restent profondément versaillais.

Par contre l’appareil d’état (présidence, ministères, institutions) reste presque totalement réticent à nos initiatives, déclinant refus poli ou silence inadmissible. Le changement politique a eu peu d’effet.

Ainsi, les faits sont parlants. Nous ne pouvons que constater les limites profondes de la démocratie dans notre pays. La démocratie communarde où les décisions se prennent en lien constant avec le peuple qui n’est jamais dessaisi de son pouvoir par ses mandataires, reste à conquérir.

Notre association souhaite donc mettre au cœur de son action la démocratie

Elle est à la fois le moyen et le but du combat des communards. Nous voulons faire vivre, dans les conditions de notre époque et dans le respect de la diversité de notre association, les idées et l’œuvre de la Commune. La Commune pour répondre à la crise économique et sociale, a agi pour le droit au travail par la réquisition des ateliers abandonnés, pour le droit du travail et des travailleurs qui doit être étendu et non affaibli, pour une éducation gratuite et laïque. Pour répondre à la crise démocratique, elle a proclamé la séparation des églises et de l’état, elle a agi pour l’égalité entre femmes et hommes, entre étrangers et français, elle a agi pour que la culture soit le bien de tous.

Faire connaître et faire vivre la Commune de Paris, c’est ainsi plus qu’une exigence certainement due à la mémoire de ceux qui ont lutté et se sont sacrifiés pour la République, c’est éveiller l’espoir en une démocratie inédite qui ouvre le chemin d’un monde où seront bannies misère et injustices.

Dernières publications sur le site