Pour l’association des Amis de la Commune, il ne s’agit pas de commémorations romantiques ou de nostalgie révolutionnaire, il s’agit de lutter contre l’oubli des hommes et des femmes de la Commune, de leurs actes et de leurs idéaux, de réactiver un héritage politique, social, culturel. Il s’agit aussi, en prise avec le présent et l’avenir, d’être nourri et inspiré par eux. Leur expérience nous éclaire, leur espérance est la nôtre…
Une œuvre sociale d’avant-garde est née pendant cette période, une période pourtant bien courte : 72 jours. Oui, 72 jours, pour des mesures très importantes. Nous n’en citerons que trois.
Sur le chômage : il ne faut pas que le peuple vive de l’aumône, mais du travail et du travail organisé sur des bases différentes avec le 5 avril 1871 la création des bureaux d’embauche ;
Sur l’autogestion ouvrière avec la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme, dernière forme de l’esclavage et l’organisation du travail par association solidaire à capital collectif et inaliénable ;
Sur la suppression du serment politique et professionnel ainsi que l’interdiction des amendes sur le salaire. Je cite :
« toutes les amendes et retenues infligées depuis le 18 mars, sous prétexte de punition, devront être restituées aux ayants droit dans un délai de 15 jours, à partir de la promulgation du présent décret » ;
« aucune administration privée ou publique ne pourra imposer des amendes ou retenues aux employés, aux ouvriers dont les appointements, convenus d’avance, doivent être intégralement soldés »…
La manière exemplaire dont les Communards ont su gérer démocratiquement les services publics a été largement reconnue et inspirera les mouvements démocratiques et progressistes du XXe siècle, notamment pendant le Front populaire et à la Libération avec le programme du Conseil national de la Résistance, le CNR…
Aujourd’hui, ces avancées sont gravement mises en cause par les héritiers et successeurs des Versaillais…
Non, Nicolas, la Commune n’est pas morte !
JOEL RAGONNEAU
Extraits du discours au Mur des Fédérés, le 29 mai 2010