La Commune a su, dans les termes de son époque, poser et résoudre des problèmes qui nous tenaillent toujours, en particulier dans la fonction publique. Des nécessités vitales et immédiates ne l’ont pas empêchée d’œuvrer à la réorganisation des services publics : finances, santé, sécurité, justice, écoles, culture, poste avec le soutien, comme l’écrivait Georges Frischmann, dans l’Histoire de la Fédération CGT des PTT,
« des fractions de l’ancien petit personnel employé administratif, employés de l’octroi, des mairies, d’assez nombreux agents des postes, quelques unités des grandes administrations, dont une centaine d’instituteurs, en tout, 20 à 25 000 agents fidèles ».
Après la fin tragique de la Commune, la bourgeoisie ne pardonnera jamais à la classe ouvrière d’avoir eu la prétention de gérer les affaires du peuple. Durant les cent quarante années qui suivirent, les travailleurs de la fonction publique, de l’enseignement, des PTT et des services publics ont toujours uni leurs efforts et livré des luttes épiques pour leurs revendications et un service public de qualité. Le 19 octobre 1946, paraissait le statut général des fonctionnaires qui apportait aux personnels des acquis nouveaux et considérables en matière de salaires, libertés démocratiques, sécurité sociale, congés, et garantissait aux usagers l’accès aux services publics quel que soit leur lieu de résidence.
Depuis plusieurs années, les services publics sont de plus en plus menacés. On ne parle que de suppressions de personnels et de privatisations. Écoles fermées, classes surchargées, files d’attentes aux guichets de la Poste et retards de courrier, entretien déficient de la voirie, du matériel SNCF et autres sont devenus monnaies courantes. En réponse, chez les cheminots, infirmières, assistantes sociales, enseignants, postiers et tout le personnel du service public, le mécontentement grandit et les luttes se multiplient avec le soutien des usagers pour des services publics dignes de ce nom.
Aujourd’hui, comme au temps de la Commune, lutter pour les services publics, c’est faire œuvre de démocratie et livrer un combat moderne.
JOËL RAGONNEAU