Notre association ayant sollicité le Syndicat de la Magistrature concernant la réhabilitation d’Eugène Protot, voici le courrier que celui-ci a adressé à Mme Taubira pour soutenir notre démarche.
Madame la garde des Sceaux,
Le 18 septembre dernier, vous avez été destinataire d’un courrier de l’association des «Amis de la Commune de Paris » sollicitant que soit rendu un hommage à Eugène Protot au ministère de la justice (apposition d’une plaque ou salle portant son nom). Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la pétition en faveur de la réhabilitation des communards condamnés à mort, à l’exil ou à la déportation par des tribunaux d’exception pendant la Semaine sanglante, pétition lancée par cette association à l’occasion du 140e anniversaire de la Commune de Paris en 2011.
Le Syndicat de la magistrature, dont les valeurs et les combats sont pour partie hérités de ceux de la Commune, a signé cette pétition à l’instar de nombreux responsables syndicaux, politiques ou associatifs.
Il entend également soutenir et relayer auprès de vous la demande relative à Eugène Protot qui serait une forme de réhabilitation symbolique.
Cet homme, avocat, incarcéré sous le Second Empire pour la défense politique devant les juridictions d’opposants au régime, fut élu à la tête de la commission de la justice de la Commune le 16 avril 1871. Il prit des mesures pour instaurer une justice démocratique, gratuite et égale pour tous (gratuité des actes d’état civil, suppression de la vénalité des offices, liberté de la défense et publicité des assises). Attentif aux libertés individuelles, il veilla au contrôle par la justice des arrestations effectuées par la police, fit instituer une commission chargée de visiter les prisons et de recueillir les plaintes des détenus et manifesta une attention particulière aux internements dans les asiles. Opposé à la peine de mort, il participa à la crémation des deux guillotines de la prison de la Roquette.
En espérant que vous réserverez une suite favorable à cette requête, nous vous prions de croire, Madame la garde des Sceaux, en l’assurance de notre haute considération.
Pour le Syndicat de la magistrature,
Matthieu Bonduelle, président