Ce 18 mars, les Amis de la Commune ont célébré comme chaque année le premier jour de l’insurrection qui fut à l’origine de la Commune.
Cette année toutefois, forts de la pétition qui a réuni plus de 10 000 signatures en faveur de la réhabilitation de la Commune et des communards, c’est de l’Assemblée nationale au Sénat qu’ils ont défilé pour porter haut et fort cette revendication. La réhabilitation de la Commune de Paris est, en effet, le moyen de remettre à leur vraie place ce combat pour un monde meilleur, ainsi que les hommes et les femmes qui l’ont mené.
Ce moment de notre histoire doit être reconnu dans la mémoire nationale et notamment dans les manuels scolaires qui, aujourd’hui encore, en donnent une version caricaturale, dépréciée et défigurée.
Au départ de la manifestation, au métro Solferino, notre co-présidente, Claudine Rey, prend la parole pour retracer le film des événements du 18 mars 1871 et pour rappeler les mesures démocratiques prises par la Commune :
« En 72 jours, la Commune prend près de 250 arrêtés et décrets en faveur du peuple. Ils ont su gérer dans l’urgence. On brûle les guillotines, on rend aux pauvres gens les outils mis en gages, on réquisitionne les logements pour les sans logis, on empêche les expulsions, on installe l’école laïque ».
Mais la Commune ne s’est pas contenté de gérer le court terme :
« Le 2 avril 1871, elle déclare la séparation de l’Église et de l’État, donnant à notre pays, pour la première fois de notre histoire et 34 ans avant la loi de 1905, un statut de république laïque qui fait de la France un modèle de tolérance et de respect des droits de l’homme ».
Elle met en chantier une oeuvre remarquable dans de nombreux domaines : laïcité, gestion laïque des écoles et des hôpitaux, statut des étrangers, droit des femmes et des enfants, production coopérative, autogestion.
Bannières, effigies de communard-e-s et drapeaux rouges en tête, c’est un cortège d’environ 400 participants qui remontera le boulevard Saint Germain, la rue de Seine et la rue de Tournon jusqu’aux abords du Sénat. De nombreuses organisations nous ont rejoints ; parmi elles, des délégations de la CGT, de FO75, du PCF, de République et Socialisme et du NPA, des jeunes communistes. L’Association luxembourgeoise des Amis de la Commune de Paris, le MRAP, l’Association Louise Michel sont, eux aussi, présents ; d’autres associations, comme Résistance Sociale ainsi que Convergence des Collectifs de Défense et de Développement des Services Publics, sont venues grossir les rangs des Amis. Des chansons de Jean Ferrat et des chants communards sont diffusés par la voiture sono et repris par les participants.
Deux signes d’espoir qui ne trompent pas : les averses se sont abstenues d’éclater pendant toute la durée de la manifestation ; les cloches de Saint-Germain-des-Prés se sont mises à sonner à toute volée à notre approche, saluant involontairement la Commune.
Pour conclure près du Sénat la manifestation, notre co-président Jean-Louis Robert réclame avec vigueur une politique réhabilitant les communards et la Commune et inscrivant leur mémoire dans le marbre :
« Nous ne pouvons accepter que les noms de Courbet et de Varlin ne figurent pas sur les murs de la mairie du VIe arrondissement, dans l’arrondissement des ouvriers du livre et des artistes où nous terminons cette manifestation aujourd’hui. Nous ne pouvons accepter que le nom d’Édouard Vaillant qui signa les décrets sur la laïcisation des écoles publiques et l’égalité des salaires des institutrices et des instituteurs, ne figure pas sur les murs de la mairie du VIIIe arrondissement.
Nous ne pouvons accepter que le nom de Jules Vallès, ce grand écrivain qui fit pendant la Commune paraître Le cri du peuple, ne figure pas sur les murs de la mairie du XVe arrondissement.
Nous ne pouvons accepter que le nom de Charles Longuet ne figure pas sur les murs de la mairie du XVIe arrondissement, et que celui de Benoît Malon, une des grandes figures du socialisme français, ne figure pas sur les murs de la mairie du XVIIe arrondissement ».
Il faut que les quartiers de l’ouest de la capitale cessent de dédaigner les communards et rejoignent ceux de l’est qui les honorent.
Des propositions de résolution pour rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871 vont être déposées tant à l’Assemblée qu’au Sénat, mais une proposition n’est pas encore une résolution ! Ce n’est pas le moment de baisser la garde. Notre association doit poursuivre sa mobilisation pour que vive enfin pleinement la Commune !
GEORGES BEISSON