Le samedi 20 mai, sous les frondaisons trouées de lumière du Père-Lachaise, l’atmosphère était à la fois grave et exaltante. Soixante-seize organisations ont répondu à notre appel à la montée au Mur. Chaque année, ce rassemblement nous unit dans le partage des idéaux de la Commune. Notre secrétaire générale, Françoise Bazire, nous l’a rappelé dans son discours, en évoquant aussi les missions de notre association : faire vivre la mémoire de la Commune ; perpétuer son internationalisme, représenté ce jour-là par une amie américaine, un ami d’origine italienne et notre ami turc porteur du drapeau de la Commune ; obtenir la réhabilitation des communardes et des communards...
Quelques moments forts de l’année sont égrenés : comme la résolution du 29 novembre 2016, votée par l’Assemblée nationale, en faveur de la réhabilitation ; l’exposition sur les grilles de l’Hôtel-de-Ville ; et nos démarches à poursuivre pour une station de métro « Commune de Paris-1871 ».
Après le dépôt des gerbes, Charles Fernandez, coresponsable de notre commission patrimoine, a pris la parole : pour saluer et honorer « la mémoire de celles et ceux qui nous ont précédés à une époque où les plus noirs dangers talonnaient les plus grandes espérances ». Charles nous émeut lorsqu’il évoque la fosse commune sous nos pieds, citant quelques vers d’Eugène Pottier, extraits du poème Le monument aux fédérés (1883) :
« Ici, fut l’abattoir, le charnier,
Qu’il ressuscite la Commune, le monument des fédérés,
Qu’il soit notre réquisitoire... »
Notre ami décrit ensuite le Mur comme le lieu emblématique choisi par les communards revenus d’exil en 1880, le lieu par excellence de l’unité ouvrière. C’est justement devant ce Mur que Charles lance un appel à tous les passionnés de la Commune afin de se regrouper pour constituer un cadre de travail, et préparer tous ensemble un retentissant 150e anniversaire. Charles insiste alors sur « l’urgence à se réapproprier la démocratie, dans une société d’accumulation et de captations éhontées des richesses par une minorité ». Le contexte actuel social et politique, tant sur le plan national que sur le plan international, nous incite plus que jamais à nous tourner vers la Commune de Paris « qui nous donna à voir ce que peut être une République sociale. »
Oui, la Commune est une inspiration : à nous d’y puiser la force de nous rassembler et de poursuivre nos luttes pour une société meilleure et plus fraternelle. La Commune vibre en nous. Et la commémoration s’achève, comme habituellement, à l’unisson, avec Le Temps des cerises et L’Internationale.
Vive la Commune !
MICHÈLE CAMUS