Il est donc temps de refermer cette sombre année 2023, en France et ailleurs, succession de guerres et de lois indignes. Au long de l'année écoulée, les Amies et Amis de la Commune de 1871 avaient choisi pour thème de réflexion "les élus et l'expérience du mandat impératif" hier, pour penser la démocratie aujourd'hui. C’est « La liberté de la presse » qui accompagnera l’année 2024. Il ne pouvait se trouver sujet plus actuel.
La comparaison est affolante : à Paris en 1871, environ 70 journaux se partagent des lecteurs et lectrices avides d’informations et d’opinions contradictoires sur la révolution en cours dans la capitale. En 2024, 153 ans plus tard, alors qu'à Paris la population est légèrement supérieure à celle de 1871 (200 000 habitants de plus) seuls 7 quotidiens et quelque 20 magazines d’informations tentent de se maintenir. Là où les publications écloses au temps de la Commune offraient une polyphonie de regards, les médias du premier quart du 21ème siècle semblent pour la plupart parler d’une même voix. Le kaléidoscope intellectuel d’alors se fracasse sur l’uniformité éditoriale de maintenant.
Certes, il ne faut pas passer sous silence, en dépit de l'opposition de nombreux communards, la tentative au début du mois de mai 1871 d’interdire une quinzaine de titres, par une obligation de déclaration préalable. Autant de journaux qui reparaîtront aussitôt sous de nouveaux noms.
Pour incarner au long de 2024, en rencontres, publications, parcours, cette liberté de la presse, une personnalité s'est imposée : André Léo, journaliste, écrivaine, Léodile Béra Champseix de son nom civil, plume de La Sociale, quotidien du soir paru et disparu avec la Commune. Elle y publiait un édito quotidien, souvent sur la place des femmes dans la société en devenir, n’hésitant pas à ferrailler avec certains élus ou défenseurs de la Commune, trop misogynes à ses yeux. André Léo incarne donc un autre bond en avant de la Commune, l’irruption plurielle de journalistes et éditorialistes femmes dans la presse : à ses côtés, on trouve les signatures de Maria La Cécilia, Paule Minck, la citoyenne Reidenbreth, Louise Michel ...
