Emmanuel Fleury
Emmanuel Fleury

Le Secrétaire général, qui en sera la cheville ouvrière, est Emmanuel Fleury. Principal artisan du succès, il meurt en 1970, un an avant les célébrations, les meetings chaleureux, la première grande Exposition à Paris, les conférences et les colloques universitaires... L’Association reprenait sa place et son rôle. Pour une très grande part, grâce à lui.

Né en 1900 à Châtellerault, il travaille dès 12 ans comme ouvrier agricole. Il adhère, après le congrès de Tours, au Parti communiste.

Devenu facteur en 1923 dans le XXe arrondissement de Paris, il est un militant syndical très actif. Révoqué de 1929 à 1936 pour fait de grève, il devient permanent de la CGTU et assume des responsabilités importantes. Il est exclu de la CGT en septembre 1939, pour ne pas avoir désapprouvé le pacte germano-soviétique, par René Belin, futur Ministre de Pétain, et ses amis.

Élu au Conseil municipal par le quartier de Saint-Fargeau, il est arrêté le 19 décembre 1939 et déchu de son mandat en janvier 1940. Il s’évade en septembre.

Il reprend ses activités dans la clandestinité, notamment en tant que responsable du journal illégal, Le Travailleur des PTT, et des rapports avec la province. Il est au premier rang de ceux qui reconstituent la Fédération CGT des PTT en 1943. Il joue un rôle de premier plan dans la grève des postiers, un des préludes essentiels dans la Libération de Paris.

Fleury
Marie-Thérèse Fleury (1907-1943)

Sa compagne, elle aussi animatrice de la résistance dans les PTT, meurt en déportation. C’est elle que salue, en 1943, Aragon dans Le Musée Grévin, avec Maïe (Pollitzer) et Danièle (Casanova) évoquées dans le même poème.

«  Auschwitz ! Auschwitz ô syllabes sanglantes !

(...)

Et celle qui partit dans la nuit la première,

Comme à la Liberté monte le premier cri,

Marie-Louise Fleury, rendue à la lumière,

Au delà du tombeau : je vous salue Marie... » [1]

Paris est libre. Emmanuel Fleury retrouve sa place au Conseil municipal. Il y défend la Commune avec opiniâtreté. Il contribuera ainsi, dans des conditions pittoresques, au vote d’une subvention pour la réfection des tombes des communards en Nouvelle-Calédonie.

En 1970, il avait rempli sa mission : les Amis de la Commune étaient prêts pour le Centenaire [2].

JACQUES TINT

[1] Aragon, Le Musée Grévin, Editions de Minuit, 1943. Son prénom était en fait Marie-Thérèse. Il faut souligner la date à laquelle est mentionné Auschwitz.

[2] Sur Emmanuel, cf. son ouvrage La remontée et Michel Delugin, Un dirigeant syndical révolutionnaire et un grand résistant des P.T.T., Le Relais, Suppl. 6 juin 2000

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