"Paris ayant enfin conquis sa liberté d’action et son indépendance, j’invite les artistes à prendre eux-mêmes la direction des musées et des collections d’art qui, tout en étant la propriété de la Nation, sont surtout la leur au double point de vue de la vie intellectuelle et matérielle."
Gustave Courbet - Le cri du peuple - 10 avril 1871
Exposition à l’Assemblée nationale 22 novembre - 8 décembre 2001
Une utopie qui va vivre
On débattra toujours de la Commune ; les uns pour y voir la déraison et le crime ; les autres pour y reconnaître la liberté et la résistance à l’ennemi ; mais aucun pour soutenir que ce fut un événement mineur. Rarement période si brève (une soixantaine de jours) donna lieu à tant de polémiques, encore vives aujourd’hui.
Controversé assurément, l’épisode de la Commune met, quand même, d’un côté, ceux qui veulent résister à l’envahisseur prussien et installer la République une fois pour toutes et, de l’autre, ceux qui consentent et qui rêvent plus ou moins d’un retour à l’ancien régime dynastique. A ce titre, pour l’Assemblée de Monsieur Thiers, se réfugier à Versailles, quel symbole ! Ce n’est pas caricaturer que d’écrire cela ; ce n’est pas faire dire à l’Histoire ce qu’elle ne contient pas.
Utopie, la Commune ? Sans doute. Mais parce que, au moment où tout cédait devant Bismarck, il n’y avait place que pour cela. Mais aussi utopie qui va vivre. Tout ce qui, durant ces deux mois d’avril et de mai 1871, est, au moins dans un premier temps, proclamé, exigé ou annoncé va, en l’espace de trente ans ou guère plus, devenir loi de la République. A commencer par ce régime même…
L’Église est séparée de l’État, décrète-t-on le 2 avril 1871. Le décret est, bien sûr, lettre morte. Il sera la loi de la France en 1905. Édouard Vaillant tente de mettre en place un enseignement laïque, gratuit et obligatoire ? Jules Ferry pourra bientôt s’arroger la paternité de l’initiative. Il y a d’autres exemples : la liberté de réunion (qui sera la loi du 30 juin 1881), la liberté d’association (qui sera celle du 1er juillet 1901) non seulement le vote, mais aussi l’éligibilité des étrangers. Folies issues d’un régime qui s’effondre ? Non. Vérités à venir d’un autre qui s’installe.
La Commune, c’est un sas qui permet de glisser de la contrainte à la liberté. Après 1789, que la Commune singera parfois, notamment en ressuscitant le calendrier révolutionnaire ; après 1848, germe de tout et déjà célébré à l’Assemblée nationale en 1998, le printemps de 1871, c’est le geste d’un accoucheur, ultime et terrible, mais décisif.
C’est pourquoi, pour illustrer le cent trentième anniversaire de la Commune (fût-ce avec quelques mois de retard), l’Assemblée nationale a fait le choix d’une double manifestation.
D’une part, sur l’initiative de l’Association des Amis de la Commune, une magnifique exposition réalisée grâce à la générosité de vingt artistes contemporains prestigieux dont les œuvres témoignent que la Commune n’est pas recluse dans les livres d’Histoire, mais qu’elle est un souffle qui demeure, un souffle qui anime encore le créateur.
L’autre exposition, due pour partie aux prêts des musées de Saint-Denis et de Montreuil venus enrichir le fonds de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, porte précisément sur l’événement lui-même, ici retracé au travers d’objets célèbres ou modestes, violents ou émouvants, mais toujours significatifs.
On le sait bien : on ne peut pas comprendre son temps si l’on n’en connaît pas l’Histoire. C’est le sens de cette manifestation en deux volets qui marie le temps présent et le temps passé. Pour montrer à chacun que l’histoire de la France ne commence ni ne finit avec nous ; pour nous inciter à la mémoire, donc à la modestie.
Éditorial de Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale
Pourquoi une exposition d’artistes contemporains ?
Des artistes parmi les plus connus de notre époque participent à cette exposition. Nous les en remercions. Le lieu symbole de la citoyenneté (l’Assemblée nationale), le thème (la Commune de Paris) en sont deux éléments déterminants, témoins des aspirations d’aujourd’hui.
Oui, la Commune et les idéaux des communards peuvent inspirer les artistes contemporains.
Comme les grands d’hier, Dalou, Manet, Courbet et bien d’autres, cet épisode de l’histoire continue à être défendu par ceux qui ont besoin de liberté pour s’exprimer : les artistes.
Sous la Commune, le peintre Courbet responsable de la Commission de la culture, publie au journal officiel, le 6 avril 1871, un appel aux artistes qui a motivé notre envie de réaliser cette exposition. Il écrit :
« les artistes à cette heure doivent par tous leurs efforts concourir à rétablir dans les plus brefs délais les musées…ouvrir les galeries au public et y favoriser le travail qui s’y fait actuellement. Par conséquent, il est de toute urgence de songer à cette exposition prochaine. Que chacun dès à présent se mette à l’œuvre ».
Évidemment, on peut dire qu’aujourd’hui les expositions font recette. De haut niveau, le thème est le plus souvent médiatique et garantit une foule nombreuse, trop souvent composée d’initiés.
Ce que nous voulions, c’est un lieu symbolique, ouvert à tous : enfants, jeunes, adultes afin que soit favorisée, sans aucune barrière, une rencontre, peut être une révélation de la peinture contemporaine. Cette exposition dans ce très bel Hôtel de Lassay, conjuguera ainsi la découverte de l’Art, avec celle d’un lieu témoin de la démocratie. Autant de vraies valeurs qui furent défendues, au prix de leur vie, par les communards.
A travers cet ensemble de toiles, qui reflète si bien les idéaux des communards, les visiteurs vont comprendre que, comme l’écrivait Lissagaray, journaliste de la Commune de Paris : « Nous sommes ici pour l’humanité »
Les Amis de la Commune de Paris 1871
Pour visualiser l'exposition du 130ème anniversaire de la Commune, cliquer sur le haut de l'image. Le défilement des images est automatique, vous pouvez utiliser les pictos ← (image de gauche) → (image de droite) ⊗ (pour sortir) et le dernier carré pour stopper le défilement.
Une exposition digne du 130e anniversaire
Les peintres d'aujourd'hui et la Commune… peut-il y avoir un objectif plus ambitieux ?
Certes, depuis les 72 jours de la Commune bien des peintres ont, d'une manière ou d'une autre, rendu hommage à la Commune, bien des graphistes de toute tendance et de tout pays s'en sont inspiré.
Mais 130 ans après, alors que le monde semble regarder sans tendresse les luttes du passé, on oublie Jaurès disant « La Commune a été comme une pointe rougie au feu qui se brise contre un gros bloc réfractaire », image directe bien dans la lignée du XIXe siècle. Il fallait croire à la pérennité du message communard pour tenter l'aventure.
Les « Amis de la Commune » ont relevé le défi grâce à l'obstination de quelques-uns de nos militants et à une réponse enthousiaste de certains créateurs.
Bien plus, c'est dans les locaux de la présidence de l'Assemblée Nationale que va se dérouler cette exposition, 120 ans après la bataille de l'amnistie, le fait mérite d'être souligné.
Il faut aussi marquer avec force la parfaite convergence de cette initiative avec les objectifs profonds de la Commune. Le 10 avril 1871 la Fédération des Artistes créée par Courbet et ses amis détermine ses priorités :
- La Conservation des trésors du passé
- La mise en œuvre et en lumière de tous les éléments du présent
- La génération de l'avenir par l'enseignement.
La Commune ouvre les musées et les bibliothèques et met en place les conditions d'une éducation populaire basée sur l'idée que le patrimoine artistique appartient au peuple tout entier. Ainsi dans « le Vengeur » du 8 Avril peut-on lire sous la plume d'Henri Bellenger :
Il faut que l'artisan se délasse de son travail journalier par la culture des arts, des lettres et des sciences, sans cesser pour cela d'être un producteur.
Apparaissent ainsi les grandes lignes d'une politique culturelle poursuivie avec des institutions et des fortunes diverses et ayant le double objectif d'assurer la liberté de création, l'accès de tous au patrimoine, la mise en valeur des créations du présent : Politique d'éducation pour tous - Politique de culture largement démocratique - Indépendance de l'artiste créateur.
Nous souhaitons que des rapports se nouent entre les créateurs et les visiteurs, que la Commune une fois encore, dans la diversité des approches du monde, unisse les artistes et leur public.
Raoul Dubois
Remerciements
Merci aux peintres et artistes qui sont les premiers artisans de cette initiative ainsi qu'aux deux collectivités qui ont répondu à notre appel : la CCAS de l'EDF-GDF et l'Union des Mutuelles de Paris. Grâce à elles, dès le lancement de l'idée, celle-ci a pu prendre corps.
Merci aussi au Président de l'Assemblée Nationale Monsieur Forni et à son conseiller personnel Monsieur Philippe Boucher qui ont tout de suite soutenu le projet. Merci aussi à Monsieur Yves Michel Directeur général des affaires européennes et des relations internationales, qui nous a beaucoup aidé dans le cheminement de notre dossier. Avec eux Monsieur Herrero, conseiller à la Présidence, Madame Arroyo-Perez, administrateur aux services des affaires administratives générales, Madame Minvialle ex-directeur du service de la bibliothèque, Monsieur Kosta, directeur du service de la bibliothèque, Monsieur Klein, directeur du service de la communication, ne ménagent pas leur peine pour construire et réaliser cette exposition et lui donner toute l'audience qu'elle mérite. Merci encore à Guy Peellaert auteur d'une œuvre, belle, émouvante l'affiche de l'exposition, et concepteur du catalogue qui resteront des témoins de qualité de ce moment inoubliable.
Merci encore à Claudine Boni qui s'est attelée avec fougue, persévérance et grande compétence à ce projet, en acceptant la lourde tâche bénévole de Commissaire de l'exposition.
Merci au groupe de travail des Amis de la Commune qui malgré parfois de rudes difficultés répond aux sollicitations matérielles que réclame l'organisation d'une telle exposition et à la scénographe Pascale Le Thorel-Daviot.
Madame Sylvie Gonzales, Conservateur du musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis (93) et Monsieur Gérard Lefevre, Conservateur du musée de l'Histoire vivante de Montreuil (93) ont prêté des œuvres et objets exposés dans leurs collections.
Nous n'oublierons pas nos amis Alain Frappier, graphiste et maquettiste, Raoul Dubois et Marcel Cerf, auteurs des textes de l'exposition « Histoire de la Commune ».
Il reste maintenant à faire connaître cette exposition, nous comptons sur chacun des membres de l'association pour accomplir cette tâche. Beaucoup de travail reste à faire. Toutes les bonnes volontés seront acceptées pour tenir l'exposition et la faire visiter. Merci d'avance à tous ceux qui décideront de nous aider !
Claudine REY
Peintres participant à l’exposition
Affiche de l'exposition réalisée par Guy PEELLAERT
- ARNAL François
- KIJNO Ladislas
- SLACIK Anne
- CUECO Henri
- KLASEN Peter
- TAILLANDIER Yvon
- ERNEST PIGNON Ernest
- MONORY Jacques
- TASLITSKY Boris
- FERET François
- OUZANI Melik
- VELICKOVIC Vladimir
- FOUGERON André
- RUSTIN Jean
- VILLEGLE Jacques
- GOSSELIN Gérard
- SCHOENDORFF Max
- VIOLLET Catherine
- HILSUM François
- SEGUI Antonio