Du 18 mars au 8 avril 2004 la Mairie de Paris a accueilli l'exposition « La Commune de Paris (1871) à l'Hôtel de Ville », organisée par l'Association des Amis de la Commune de Paris.
C'est en grandes pompes à l'Hôtel de Ville de Paris dans les salles des Prévôts et des Tapisseries qu'a été inaugurée le 18 mars dernier cette exposition. Madame Odette Christienne, adjointe au maire et Claude Willard ont chacun fait un discours enthousiaste et passionné dans la magnifique Salle des Fêtes où se pressait une foule d'invités. Pendant que ceux-ci fêtaient cet événement historique au buffet, Claude Willard et moi-même recevions dans les salles d'expositions le maire de Paris Monsieur Bertrand Delanoë, lequel nous félicitait chaleureusement et répondait avec une grande complaisance aux questions du réalisateur, Jean Claude Galli, qui filmait pour Arte.
Du jour de l'inauguration le 18 mars à la fermeture le 8 avril, les Parisiens et un très large public se sont pressés chaque jour par centaines pour découvrir cette présentation historique et artistique.
Pendant deux ans l'Association des Amis de la Commune de Paris s'est mobilisée, il faudrait un bulletin spécial pour remercier tous ceux qui ont assuré la réalisation de cette exposition.
« la cerisaie » de Peellaert - Le talent de Guy Peellaert n'est plus à prouver car il s'est déjà illustré en maints domaines. La visite de sa cerisaie a toujours de quoi nous éblouir. Lors de notre précédente exposition à l'Assemblée Nationale, il nous avait gratifiés d'un splendide cerisier. Cette fois encore, dans la même veine, pour l'exposition de l'Hôtel-de-Ville, il vient régaler nos yeux en nous présentant un arbre de sa propriété agrémenté d'un merle, moqueur comme il se doit, qui fait la nique aux descendants des versaillais proches de la suffocation. Mais le merle ne vous en déplaise / sifflote toujours joyeusement / pas question pour lui qu'il se taise / les c'rises sont dans le testament.
Un grand merci à l'équipe qui a réalisé les excellents panneaux retraçant l'histoire de la Commune, à Jean-Louis Robert pour la médiation des textes et à Jean Michel Dupont pour la rédaction.
La belle et imposante scénographie a été réalisée par Pascale Le Thorel-Daviot, l'ensemble des panneaux historiques par le graphiste Alain Frappier. La magnifique affiche de Guy Peellaert représentant « notre cerisier » était présente sur le parvis de l'Hôtel de Ville et dans tous les quartiers de la capitale.
Des prêts, nombreux et inédits, ont été accordés par la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, les Archives de Paris, le Musée Carnavalet, le Musée de la Préfecture de Police, le Musée de l'Armée, le Musée de l'Histoire Vivante, le Musée de la Résistance nationale, le Musée de la Franc-Maçonnerie et l'Association de la Commune de Paris 1871.
Dans la salle des Prévôts, qui ouvre sur le parvis de l'Hôtel de Ville, ont été présentés des panneaux tous tendus de couleur rouge rappelant l'histoire de la Commune de Paris 1871, disposés suivant un parcours chronologique. Figurait également un ensemble de photographies, de portraits, de tableaux, d'affiches, de caricatures et de journaux, ainsi qu'un grand kakémono imprimé de nombreux visages de Communards.
Des bannières maçonniques de l'époque et des drapeaux rouges confectionnés par les Amis de la Commune de Paris cerclaient les colonnes de la salle. Un espace était entièrement tapissé de fac-similés de nombreux journaux d'époque et de caricatures, tandis qu'un autre espace qui n'a pas désempli pendant trois semaines, était réservé à la projection du documentaire « Paris, au temps des cerises » de J.Darridehaude et J.Desvilles.
Dans la salle des Tapisseries avaient été disposées dix vitrines contenant des documents d'époque, des manuscrits, des correspondances, des emblèmes, des objets et souvenirs de déportation, des médailles, des photographies, des cartes, des livres, et des affiches d'époque.
Plus loin, une grande exposition du peintre Jean Rustin invité par l' Association des Amis de la Commune, dont l'accrochage, réalisé par la Fondation Jean Rustin, que président Catherine Van Hšvel et Maurice Verbaet, donnait un large aperçu des œuvres récentes de cet artiste.
Le fait qu'on accédait à cette exposition après avoir découvert une première exposition historique, consacrée à la Commune de Paris 1871, jette sur l'artiste Rustin un éclairage nouveau. Ainsi, le discours de l'artiste sur la solitude, l'isolement, la mise au secret, se fait l'écho de l'histoire des Communards. L'intensité des regards des personnages peints par Jean Rustin n'en finit pas de nous interroger, de souligner notre responsabilité, de nous inviter au courage et à l'espoir.
Marginal Jean Rustin ? Jamais son œuvre n'a semblé autant appartenir à l'actualité. Voilà pourquoi plus d'un visiteur, rencontré à la sortie de l'exposition, affirmait: " j'étais venu ici prendre une leçon d'histoire. J'ai, en plus, rencontré un grand peintre. "
La fondation Rustin présentait dans un petit salon attenant à la salle des Tapisseries, des ouvrages sur l'artiste et projetait un documentaire réalisé par Elisabeth Azouley.
Cinq importantes tables rondes avec projections consacrées tant à l'histoire de la Commune qu'au peintre invité, Jean Rustin, se sont tenues pendant la manifestation, dans l'auditorium de l'Hôtel de Ville.
Les 23 et 30 mars autour de Jean Rustin : le modérateur, la journaliste Françoise Monnin avait réuni des collectionneurs, des écrivains et des personnalités du monde de l'Art.
Le 24 mars pour le film de Peter Watkins, La Commune, Paris 1871 l'association Rebond pour la Commune était invitée à participer à la conférence et au débat dirigés par Jacques Rougerie, entouré d'Alain Dalotel et Robert Tombs.
Le 31 mars après le film sur Honoré Daumier de Gérard Pignol, il y a eu deux conférences : « Les Communards : internationalistes, patriotes ? » par Alain Dalotel et « La Commune, l'école et la laïcité », par Raoul Dubois.
Le 2 avril une projection du film « Une journée au Luxembourg » de Jean Baronnet avec François Bourcier, suivie d'un entretien animé par Yves Lenoir en présence du réalisateur et du comédien, héros du film. Puis une conférence sur « Rimbaud et la Commune » avec le président de l'Association des Amis de Rimbaud, Pierre Brunel.
Dès le premier jour de l'exposition ouverte au public, la librairie des Amis de la Commune était assaillie par les visiteurs. Beaucoup découvraient la Commune de Paris, d'autres complétaient leurs connaissances grâce à la patience et à la bonne humeur de l'équipe de « libraires », lesquels pendant trois semaines ont répondu à toutes leurs questions, et enregistré un grand nombre d'adhésions.
Je remercie mes Amis de la Commune de Paris 1871 de m'avoir donné carte blanche ; tous ensemble nous avons réussi un pari magnifique, faire connaître ou faire mieux connaître La Commune de Paris 1871 à 30 000 visiteurs.
Je me permets de dédier cette exposition à mon arrière grand père, Julien Landry, commandant en chef des Barricades de Villejuif, condamné aux travaux forcés à perpétuité, déporté au bagne de l'Ile de Nou, en Nouvelle Calédonie.
Claudine Boni-Teucquam Commissaire de l'exposition
Claudine Boni, malgré de graves ennuis de santé, s'est totalement dévouée à cette exposition, dont elle fut vraiment l'âme et la cheville ouvrière. Qu'elle en soit très chaleureusement remerciée.
Claude Willard
18 mars 2004 à l'Hôtel de Ville
La Commune, éminente représentant de la démocratie, s'est exposée à l'Hôtel de Ville de Paris du 18 mars au 8 avril 2004.
Un évènement de taille qui a pu survenir parce que le peuple parisien a fait, par son vote, pencher la balance à gauche.
- Quel choc lorsque, dans la rue, notre regard a croisé la superbe affiche de Guy Peellaert annonçant l'évènement . L'esprit gouailleur de Paris, symbolisé par ce merle moqueur, était perché sur le cerisier. Magnifique affiche rouge qui claquait dans le ciel parisien.
- Quel évènement que cette exposition qui attirait chaque jour près d'un millier de visiteurs. Des discussions riches, avec l'espoir de faire connaître ce combat, de le perpétuer. Des enfants des écoles jusqu'aux étudiants, tous étaient pareillement intéressés.
C'est que la Commune n'est pas seulement un moment du passé, c'est aussi une possibilité future si chacun s'empare de ses idées. Un ancrage dans une politique de progrès et de justice sociale.
Tous les ans, le 18 mars, la naissance de la Commune est célébrée par notre association. N'est-ce pas aujourd'hui une belle célébration que d'avoir ouvert cette magnifique exposition, là où fut proclamée la Commune dans la liesse générale ?
Dès la première heure à l'ouverture de l'exposition, les visiteurs étaient au rendez vous comme s'ils ne voulaient pas rater cet anniversaire. Ils sentaient bien que c'était plus qu'une simple exposition mais une manifestation à laquelle il fallait participer par devoir de mémoire et par souci de l'avenir.
Beaucoup de visiteurs sont ou se considèrent comme les héritiers de Communards, et ils n'en sont pas peu fiers ! Chacun parle de son aïeul avec aussi l'espoir de le retrouver comme on retrouve le fil de la vie, le sens de l'histoire.
Aujourd'hui, avec cette rencontre plurielle dans ce lieu prestigieux de la vie citoyenne, l'histoire s'écrit encore.
La commémoration de la Commune s'inscrit toujours dans des luttes au présent. Dans les rues les manifestations nombreuses se font entendre sur le parvis, autour de la place de la Bastille si proche, sur la place de la Nation, devant les ministères .... Tout un symbole et nos visiteurs s'étonnent « - pour la laïcité » mais les communards avaient déjà fait des propositions ! Ils avaient installé des écoles laïques pour tous, filles et garçons ! « - sur le droit au logement » mais la Commune avait empêché les expulsions pour les gens qui ne pouvaient faire face à leurs loyers « - pour la condition féminine » mais les femmes se battaient sous la Commune dans les ateliers coopératifs « pour l'égalité des salaires ». Les débats vont bon train. Ni exemple, ni modèle, la Commune demeure une référence pour les luttes d'aujourd'hui.
Une très belle exposition donc, grâce aux concours de différents musées parisiens et nationaux. Merci à tous pour ces concours actifs. Merci à toutes celles et à tous ceux, très nombreux, qui ont réalisé par leur travail un si bel exploit.
Une exposition dans ce lieu historique ne peut être qu'une contribution constructive pour l'avenir.
À bientôt peut être, dans un nouveau lieu prestigieux à réinvestir pour perpétuer la mémoire et les idéaux des Communards !
Claudine Rey