Alors que s'éteint la Commune en 1871 dans un bain de sang, éclate en Algérie une insurrection qui sera vaincue avec la déportation des survivants en Nouvelle-Calédonie.
Louise Michel écrivit à leurs propos :
« Ces orientaux emprisonnés loin de leurs unités et de leurs troupeaux étaient simples et bons, et d'une grande justice, aussi ne comprenaient-ils rien à la façon dont on avait agi avec eux. »
Les causes de l'insurrection furent l'utilisation des Spahis dans la guerre contre la Prusse, les conséquences des famines successives, les brimades morales et les sévices civiques (1) de l'occupant, l'appauvrissement des foyers face à une colonisation de peuplement, enfin les décrets attribuant aux seuls Israélites la nationalité française, les Kabyles oubliés chroniques de l'histoire étant réduits au stade de « sous-hommes ».
Les convois de prisonniers désignés sous le vocable de « transportés » ou « déportés » vers la Nouvelle-Calédonie se réalisèrent dans des conditions effroyables (détention en cage, transport maritime tourmenté et interminable, privation de nourriture essentielle d'où scorbut mortel).
Quant au sort qui fut réservé aux arrivants, citons pour l'exemple : l'enchaînement initial au fer rouge, le travail forcé jusqu'à l'épuisement, la distribution de « soupe » dans les souliers par sadisme des geôliers (!). L'institution coloniale mena systématiquement un effacement de leur existence pour nier leur identité kabyle et leur combat pour la liberté.
La loi d'amnistie de 1880 (2) ne s'appliqua pas aux Kabyles considérés comme disparus par leur famille, leur sépulture étant abandonnée aux qualificatifs de « cimetière des Arabes ».
Philippe Lépaulard
• A lire « Kabyles du Pacifique », de Medhi Lallaoui, Éditions Au nom de la mémoire. 4 H 1144 Kaby
Notes
(1 ) Tradition soldatesque de mutilation auriculaire et nasale.
(2) Loi à double visage politique : non-lieu pour les auteurs du carnage de 1871 et mort sociale pour les survivants rapatriés.