Lorsque l’on recherche dans divers livres les traces du passé, on trouve souvent des typos, des ouvriers du Livre dans les combats qui ont émaillé la vie de la classe ouvrière pour obtenir des réponses satisfaisantes à des revendications, mais aussi pour la liberté de s’associer, de créer des syndicats pour l’amélioration du niveau de vie, contre les brimades de toutes sortes qui avaient cours et pour une certaine idée de la démocratie.

Sous la Commune, le bureau de la Chambre syndicale typographique parisienne se cantonna dans des tâches essentiellement mutualistes, cela jusqu’en 1876 puisque les vainqueurs avaient proclamé l’état de siège. Mais, dès la proclamation de la République, un typographe nommé Brun, qui avait déjà été condamné en Juin 1848, prit l’initiative de former un corps de volontaires et, en peu de jours, mille deux cents engagements furent reçus dont cinq cents typos, d’autres s’enrôlèrent dans les francs-tireurs de la Presse mais, en Juillet 1871, on constata que bien peu étaient encore en vie. Quelle hécatombe !

Jean Allemane, qui joua un rôle important durant la Commune, fit partie des mille trois cent cinquante quatre ouvriers des Industries graphiques qui furent arrêtés. Il fut déporté en Nouvelle-Calédonie, étant condamné à perpétuité.

Jean Allemane (1843-1935)
Jean Allemane (1843-1935)

Après l’amnistie de 1880, il revint et milita dans le mouvement socialiste de l’époque et fonda, en 1890, le Parti socialiste ouvrier révolutionnaire. Député de Paris de 1906 à 1910, il fit partie de la majorité communiste au Congrès de Tours. Né en 1843, il mourut en 1935. Cet exemple confirme que les gens de la profession furent souvent à l’avant-garde dans les luttes pour le progrès social et la liberté.

 

Roger Bodin

Ancien secrétaire de la Chambre syndicale typographique parisienne

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