Il existe des œuvres que le mauvais vouloir de certains hommes prédispose à les déconsidérer en employant la technique de la terre brûlée voire de l'oubli utilisé comme argument majeur.
Mais c'est sans compter avec la ténacité d’autres hommes qui, eux, ne cherchent pas à masquer le rôle des acteurs de la Commune, mais bien de montrer leur importance par des hommages que leur action suscita, ainsi que du respect de la vérité en quelque domaine que ce soit.
Notre ami Georges Aillaud, dans le même esprit avec ce souci d'authenticité qui le caractérise, est de la même trempe, Il a fourni dans cette enquête un travail considérable qu'il relate dans son article et nous devons chaleureusement l'en remercier. Voici dont son récit avec, en préambule, ces quelques précisions. Le chapiteau des baisers d‘Émile Derré, ce monument a été exposé au salon de la Société des Artistes Français en 1906 avec pour titre « Rêve pour une maison du Peuple ». Les 4 faces du chapiteau représentent : La maternité (baiser de mère), L'amour (baiser d'amour), La consolation (baiser consolateur avec Louis Michel), La mort (baiser d’adieu avec Auguste Blanqui et Louise Michel). Une inscription a été gravée en haut du fût de la colonne, sur le collier à la naissance du chapiteau historié
« Parlez mes douces images, Portez l’amour et la tendresse du cœur »
Heureux roubaisiens, profitez-en.
Robert Goupil
Une sculpture de Louise Michel à Paris ?
Un article de Georges Bossi dans le bulletin des Amis de la Commune en février 1994, dit que « … la colonne des baisers (1)... empruntant les visages de Louise Michel et Élisée Reclus (2) est installée au jardin du Luxembourg (à Paris).
Je m'y rend et ne trouve rien. Les gardiens ne connaissent pas. J’y retourne et finalement, le sous-chef jardinier me déclare (le16/3) :
« Oui, ce chapiteau était ici mais il a été retiré en 1984, sur demande de François Mitterrand pour mettre à sa place une statue de Mendès France ».
Mais où ce chapiteau est-il passé ?
Après diverses tribulations, coups de téléphone, courriers, je découvre ce monument, en 3 morceaux séparés, à même le sol, dans l'herbe, dans une cour de la manufacture des Gobelins ; le chapiteau recouvert de lierre, le tout exposé aux intempéries (16/3/1993 - Photos)
Autorisé à consulter le Service Documentation d'Orsay. j'y trouve quelques lettres intéressantes :
du 25/5/84 (trois jours après la décision du Sénat de retirer Louise Michel) :
« … ce chapiteau… que vous voulez blackbouler au profil de Mendès France : ça lui aurait fait plaisir de déporter une seconde fois Louise Michel !!! » (sic, les points d’exclamation inclus)
La direction du Musée d'0rsay demande d'installer le chapiteau dans un lieu protégé (lettre du 27/5/91).
À Roubaix… le chapiteau est sauvé
Trois ans plus tard. dans le bulletin de septembre 97 de notre Association, je lis un extrait d'une lettre de Jacques Toubon en réponse à des demandes de l'Association
« … La colonne des baisers d’Émile Derré a fait l’objet d’une demande officielle de la ville de Roubaix… vient d’être déplacée… installée au centre de la place de la mairie de cette ville… » (22/4/97).
Or, en avril 2001. Je raconte cette histoire à notre ami Robert Goupil qui me demande de relater cela dans le bulletin. Pour ne pas dire d’ânneries, je contacte le Conservateur du Musée d'Art Et d'Industrie de Roubaix (3), Monsieur Gaudichon.
À Roubaix, je découvre cette colonne et ce chapiteau merveilleusement présentés dans un jardin accolé à la Mairie, restaurés, protégés. Une Louise Michel parfaitement reconnaissable. C'est beau.
Monsieur Gaudichon me reçoit et me raconte qu'il avait connu ce chapiteau grâce à Orsay et l’avait vu dans la cour des Gobelins deux ou trois ans avant moi.
Lors d'un voyage en Italie, admirant de tels monuments dressés sur des places publiques (notamment à Ravenne), il eut l'idée de l’intégrer dans l'urbanisme de Roubaix.
Accord du maire de l'époque. Attribution de ce chapiteau à la Ville par le Fonds National d'Art Contemporain vers 1995-1996 (d’où la lettre de Jacques Toubon citée plus haut).
Ce monument, restauré à Dreux sous la direction de Monsieur Benoît Coignard, fut intégré à la nouvelle place, le long de la Mairie, par l’architecte, Monsieur Bernard Huet. Installation vers 1997-1998.
Et Monsieur Gaudichon me dit, à plusieurs reprises, manifestant une réelle satisfaction, que les jeunes, lorsqu'il fait beau, viennent s'asseoir sur le socle de cette colonne et y cassent la croûte. Il considère que c’est une réussite.
Nous aussi.
Georges Aillaud