Jusqu’au 11 février 2024, se tenait l’exposition de Steinlen au musée de Montmartre, c’était l’occasion de découvrir l’oeuvre prolifique de ce peintre et illustrateur de presse, grand amateur de chats qu’il aimait peindre. Il est en particulier connu pour son affiche du Chat Noir, haut lieu des milieux artistiques et anarchistes des années 1890.

Théophile-Alexandre Steinlen (1859 - 1923), « Louise Michel sur les barricades le 18 mars 1871 » (1885) (Musée Petit Palais,  Genève)
Théophile-Alexandre Steinlen (1859 - 1923), « Louise Michel sur les barricades le 18 mars 1871 » (1885) (Musée Petit Palais, Genève)

 

Artiste suisse épris de valeurs humanistes d’égalité, de justice et de liberté, il écrivait :

« Tout vient du peuple, tout sort du peuple et nous ne sommes que ses porte-voix… »

Il s’installe à Montmartre dès son arrivée en France en 1881, et il ne quittera plus « La Butte » jusqu’à sa mort en 1923.

Du fusain en passant par l’huile, le pastel, la sculpture et la gravure, Steinlen met en lumière la condition des pierreuses (fusain non daté), des mineurs (huile sur toile 1903), l’absurdité de la guerre (« La Gloire » lithographie 1916).

Ses nus d’une grande sensibilité témoignent d’un rapport respectueux et d’avant-garde avec ses modèles, il pose un regard tendre sur Masseida, modèle noire qui devient sa compagne après la mort de sa femme, loin de la pensée colonialiste de l’époque.

Une pièce maîtresse de l’exposition, magnifique hommage à la Commune de Paris, s’appelle sobrement « La Commune ». Sa beauté et la modernité de son graphisme prennent une dimension universelle, plus que jamais d’actualité, elle montre une femme mortellement blessée, plantant le drapeau rouge, malgré la tache de sang sur sa chemise.

Son visage exprime-t-il un cri ou bien un chant ? La puissance allégorique de cette toile témoigne de l’engagement politique de ce peintre.

Un grand travail pédagogique a été mené par les commissaires de l’exposition (mettant, par exemple, à disposition une fiche explicative à destination des enfants sur la Commune de Paris ainsi que l’organisation en salles thématiques : les chats, le milieu ouvrier, la Commune, le nu…) particulièrement didactique et complet.

AUDREY PAYELLE

 

Sources :

Propos de Théophile Alexandre Steinlen recueillis par A. Brisson « Promenades et visites. M Steinlen, peintre et ami du peuple », Le Temps, 23 novembre 1898 ;

Théophile Alexandre Steinlen : pensées autographes, Catalogue de l’exposition Théophile Alexandre Steinlen 1859 1923, in fine, musée de Montmartre Jardins Renoir

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