Une souscription publique a été lancée par le conseil général du Doubs pour racheter Le Chêne de Flagey, œuvre majeure de Gustave Courbet.

L’appel aux dons a déjà permis de récolter la moitié des 4 millions d’euros nécessaires à l’acquisition de cette toile. Le Chêne de Flagey a été reconnu comme « œuvre d’intérêt patrimonial majeur  » par la commission consultative des trésors nationaux du ministère de la Culture. Le tableau, peint en 1868 par Courbet, représente un chêne massif planté à Flagey, près d’Ornans, où le père de l’artiste possédait des terres.

Gustave Courbet - Le Chêne de Flagey dit aussi Chêne de Vercingétorix, camp de César près d’Alésia - 1864, huile sur toile (Musée Gustave Courbet, Ornans)
Gustave Courbet - Le Chêne de Flagey dit aussi Chêne de Vercingétorix, camp de César près d’Alésia - 1864, huile sur toile (Musée Gustave Courbet, Ornans)

 

Juliette Courbet, la sœur de Gustave, le destinait au musée qu’elle voulait créer à Ornans, mais il est parti dès 1898 chez un collectionneur de Philadelphie (Etats-Unis), avant d’être racheté par un riche industriel japonais, Michimasa Murauchi, en 1987. Le Chêne de Flagey avait été présenté au Musée des Beaux-Arts de Besançon, en 2000, dans le cadre de l’exposition Courbet et la Franche-Comté. Son propriétaire japonais s’était rendu à Flagey à cette occasion.

« Il voulait voir l’emplacement du chêne, témoigne le maire de la commune. L’arbre n’existe plus, victime de la foudre il y a peut-être un siècle. Il se trouvait à un kilomètre environ de notre village.  »

Le conseil général du Doubs souhaite que le tableau «  rejoigne le Musée d’Ornans où il prendra tout son sens et toute sa dimension, en s’intégrant à nouveau dans le paysage qui a tant inspiré Courbet  ». Le musée a accueilli 65 000 visiteurs, en huit mois, depuis sa réouverture en juillet 2011, après trois ans de travaux de rénovation (lire La Commune, n° 46, 2e trim. 2011). Le sous-titre donné au tableau par Courbet, Le Chêne de Vercingétorix, camp de César près d’Alésia, Franche-Comté, est à replacer dans le contexte historique de l’époque. En effet, au milieu du XIXe siècle, une violente querelle divisait l’opinion publique sur l’emplacement du site de la bataille d’Alésia : Alaise, dans le Doubs, ou Alise Sainte-Reine, en Côte d’Or. Dans son Histoire de Jules César (1866), Napoléon III soutenait la thèse de la localisation en Bourgogne. Mais après la guerre de 1870, Vercingétorix fut considéré comme un héros de l’indépendance nationale par les Républicains. Le duel Alaise/Alésia devint un enjeu politique opposant Vercingétorix à César, la République à l’Empire, l’autonomie régionale au pouvoir centralisateur, Courbet à Napoléon le petit…

JOHN SUTTON

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