En 1865, il retourne dans sa patrie où vient d’éclater la guerre entre l’Italie et l’Autriche. Il constitue un bataillon de volontaires pour chasser l’ennemi. Les autorités italiennes menacent de l’arrêter pour désertion. Il décide alors d’aller en Crète pour soutenir les insurgés qui tentent de se libérer du joug ottoman. Il fait la connaissance de Flourens, un personnage chevaleresque qui lui ressemble sur bien des points. Ils vont devenir des amis inséparables.
Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. L’avancée rapide des armées de Bismarck ne rencontre aucune résistance sérieuse. Cipriani veut défendre le pays de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Il arrive à Paris le 5 septembre 1870, le lendemain de la chute du Second Empire. Il est incorporé dans le 19e régiment de marche en tant que lieutenant-colonel. Rapidement, il s’oppose à l’impéritie du gouvernement de la Défense nationale et, le 31 octobre 1870, il participe au soulèvement populaire contre les représentants de la bourgeoisie qui craignent plus le prolétariat que les Prussiens.
Les Parisiens assiégés subissent le froid et la faim. La Garde nationale est engagée dans des sorties inutiles et meurtrières. Le 19 janvier 1871, Amilcare Cipriani s’est signalé par son courage à Montretout. La victoire sur les Prussiens n’est pas exploitée par le général Trochu qui fait sonner la retraite. Le 21 janvier 1871, Flourens, emprisonné à Mazas, est délivré par Cipriani à la tête d’un petit commando. Le 28 janvier, notre résistant s’oppose fortement à la reddition de Paris.
Ardent socialiste, il est évidemment un enthousiaste partisan de la Commune et le 18 mars 1871, il est nommé colonel d’état major de la 20ème légion. Le 23 mars, il est promu aide de camp du général Bergeret. A la malheureuse sortie du 3 avril, il assiste impuissant à l’assassinat de Flourens par le capitaine de gendarmerie Desmarets. Prisonnier des Versaillais, Amilcare Cipriani est condamné à mort par le 19e Conseil de guerre le 21 janvier 1872, puis sa peine sera commuée en déportation en enceinte fortifiée. Embarqué pour la Nouvelle-Calédonie sur la Danaë, il refuse de faire une corvée. Il est mis au cachot pour 57 jours, enchaîné contre une paroi, les chevilles fixées contre la barre de justice. Amnistié en 1879, il sera rapatrié par le Tage.
En 1880, il se rend à Rome et fréquente les milieux anarchistes. Il est accusé, à tort, de complot contre la sûreté de l’état. Il est condamné à 25 ans de travaux forcés. Sous la pression des organisations démocratiques et progressistes, il est libéré en 1888, mais l’Italie lui est interdite et il retourne en France où il reprend ses activités politiques et sociales. En 1897, le voilà de nouveau parti au secours de la liberté bafouée dans la guerre gréco-turque. Il organise une légion à la tête de laquelle il marche sur la Macédoine.
Il a les jambes fracassées à Larissa. Après des mois de souffrances, il revient en France. En 1909, rédacteur à l’Humanité, il vit modestement de son salaire de journaliste dans une petite chambre de l’avenue de Clichy. Il meurt à Paris, le 2 mai 1918.
En hommage à Amilcare Cipriani, la municipalité de Saint-Ouen a donné son nom à une des rues de la ville.
MARCEL CERF