L'Institut CGT d'Histoire Sociale du Livre, collectivité adhérente à notre association, a célébré le 140e anniversaire en organisant une conférence-débat en décembre sur Eugène Varlin dans la salle qui lui est dédiée à la Maison du Livre, 94 boulevard Blanqui à Paris.

Eugène Varlin (1839-1871)
Eugène Varlin (1839-1871)

Marc Norguez, syndicaliste et historien, a évoqué avec chaleur le beau parcours du communard en insistant sur le milieu familial d'artisans-relieurs depuis 1789 et sa formation sur le tas. En effet, dès sa jeunesse, Varlin adhère à une société de secours mutuel saintsimonienne et lorqu'il sera dans le groupe des délégués relieurs à l'exposition universelle de Londres en 1862, il préfèrera voyager à ses frais comme d'autres camarades pour rester libre de rédiger un rapport indépendant. Varlin est déjà tout entier dans ce choix.

Il participe, puis mène des grèves lorsque la « coalition » d'ouvriers n'est plus interdite, y rencontre Nathalie Le Mel. Avide de connaissances, il suit des cours du soir à la Sorbonne et dès 1864, il est qualifié d'élément dangereux par la police.

Conférence de l’Association internationale des travailleurs,  Londres du 25 au 29 septembre 1865 - Eugène Varlin, avec Tolain, Fribourg, Limousin (Source : https://macommunedeparis.com/2021/02/09/londres-septembre-1865-eugene-varlin-avec-tolain-fribourg-limousin-et-un-photographe/)
Conférence de l’Association internationale des travailleurs,  Londres du 25 au 29 septembre 1865 - Eugène Varlin, avec Tolain, Fribourg, Limousin (Source : https://macommunedeparis.com/2021/02/09/londres-septembre-1865-eugene-varlin-avec-tolain-fribourg-limousin-et-un-photographe/)

Il est au premier congrès de l'Internationale où proudhoniens et fouriéristes se rejoignent à Genève en septembre 1866. Après l'interdiction d'un premier journal, il prend l'initiative d'en créer un nouveau qui sera imprimé en Belgique, La presse Ouvrière. Mais la police bloque le passage de la frontière et l'Internationale n'aura plus de journal. En 1868, il devient représentant de cette organisation pour Paris, ce qui lui vaut d'être emprisonné trois mois à Sainte-Pélagie.

Les sociétés ouvrières se fédèrent un an plus tard, des restaurants coopératifs s'ouvrent dans plusieurs arrondissements avec l'aide de Nathalie Le Mel. Varlin est désigné comme secrétaire de la fédération parisienne. Lors du congrès de Bâle de l'Internationale, il se rapproche de Bakounine et se définit comme « communiste non autoritaire ». Ses activités syndicales et politiques lui valent un licenciement et il s'associe alors avec son frère devenu handicapé à la suite d'un accident du travail. Partisan du travail des femmes à salaire égal, il ouvre un atelier de couture dans le XVIIe arrondissement avec Louise Michel pendant la république en 1870.

Élu représentant de l'Internationale à la Garde nationale, il oriente cette dernière vers l'organisation de la sécurité et s'occupe personnellement du versement régulier de la solde aux Fédérés. C'est donc tout naturellement qu'il se retrouve en mai 1871, pendant la Commune, directeur général de la manutention et donc du ravitaillement.

Comme tous les internationalistes, il vote contre le Comité de salut public et se retrouve de fait un peu à l'écart. Cela ne l'empêche pas de monter sur les barricades, passant d'un arrondissement à l'autre. Place Cadet, il est reconnu par un prêtre et emmené à Montmartre où commence son calvaire jusqu'à l'exécution finale.

Le conférencier Marc Norguez prépare une biographie de Varlin qui mettra l'accent sur le rôle formateur des débats d'idées dans la période qui précéda la Commune.

EUGÉNIE DUBREUIL

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