GABRIEL RANVIER (1828-1879). « LE CHRIST DE BELLEVILLE »
Œuvre d’un historien chercheur cette biographie, riche en annexes, illustrations et notes, analyse avec rigueur le parcours humain et politique de Gabriel Ranvier, personnage majeur de la Commune (Comité central, Comité de salut public, maire…), Franc-maçon, « blanquiste libre », membre de l’Internationale, il organise la défense de Paris puis durant la Semaine Sanglante, celle de Belleville et des Buttes-Chaumont. Il s’exile à Londres, proche un temps de Marx, il s’en éloigne et œuvre totalement pour la solidarité et le secours aux déportés de Nouvelle-Calédonie. Condamné à mort par Versailles le 14 juillet 1874. Il quitte Londres pour l’Italie puis, très malade, revint mourir à Paris. Non amnistié car meneur, cet homme au «sourire d’enfant» (Vallès), « naïf, pauvre, généreux »…, « corps émacié, tête livide »… combattant, père de famille … il a subi insultes, souffrances, calomnies ; anticlérical farouche, il a incarné la Commune, la justice sociale.
Il meurt pauvre, ignoré, proscrit là où il avait combattu, lutté, souffert … à deux pas de la dernière barricade de mai.
Honoré par les amis de la Commune en mai 2001 au mur des Fédérés.
Claude Chrétien
Alain Dalotel, Gabriel Ranvier (1828-1879). « Le Christ de Belleville», Editions Dittmar, 30 euros.
SÉRAPHINE
« LES ESCALIERS DE LA BUTTE SONT DURS AUX MISÉREUX. LES AILES DES MOULINS PROTÈGENT LES AMOUREUX ».
On parle toujours des hommes qui meurent à la guerre, mais des femmes qui meurent en accouchant, on ne fait pas tant d’histoire en l’an 1871. Ainsi est venu au monde à l’hospice un bébé maigre, respirant à demi, que les nonnes ont la prudence de baptiser très vite.
Elles l’ont nommée Séraphine pour qu’elle devienne plus sûrement un petit ange... Les Séraphins sont des anges qui ont des grosses joues et des grosses fesses.
Séraphine se raconte. 1855. Elle a treize ans. Sa vie paraît bien monotone sur la Butte Montmartre. Et pourtant, cette vie est pleine de rebondissements. Les personnages qui gravitent autour d’elle sont pittoresques et attachants, surtout Jeanne qui l’a élevée à la dure, une femme intransigeante. Elle ignore tout de ses parents. On ne répond pas à sa quête de savoir. Puis, peu à peu, le mot « Commune » surgit. Des souvenirs remontent, énigmatiques, évoqués brièvement par son entourage : un curé, un peintre, une courtisane, un aristo, un ouvrier au chantier, un socialiste et autres bandits rouges.
La Butte est en train de changer. C’est Jeanne qui parle : des cabarets ouverts toute le nuit pour les bourgeois et pour les fainéants. Des baraques construites sur les vignes. Plus de moulins. Des pauvres qui s’entassent dans des bouges.
Et pire que tout, le chantier d’une église monstrueuse qui grandit comme un furoncle géant au-dessus de nos têtes.
L’avant-dernier chapitre nous plonge dans l’accélération des événements. Le grand mystère du passé se dévoile.
L’épilogue nous comble d’aise. Ce petit livre nous émeut et nous fait rire à la fois car, sous la plume de l’auteure Marie Desplechin, Séraphine nous dépeint des scènes avec un humour subtil, qui ne blesse aucun, pour décrire le quotidien montmartrois, parfois cocasse, miséreux et non misérable, en cette fin de XIXe siècle.
Séraphine vient d’avoir treize ans. Les ados de son âge applaudiront sa bagarre pour la vie, pour changer le monde des adultes.
Jacqueline Hog
Marie Desplechin, Séraphine, Ed. L’école des loisirs. 195 pages. 2005.
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE DE LA COMMUNE DE PARIS 1871
« Bibliographie critique de la Commune de Paris 1871 » ou La mémoire nécessaire
Le nouveau Le Quillec est arrivé dans notre librairie du 46, rue des Cinq-Diamants et nous avons grand plaisir à vous en informer. En effet, le précédent ouvrage du même Le Quillec traitait déjà le sujet puisqu'il s'agissait effectivement d'une Bibliographie critique de la Commune de Paris. Mais l'édition nouvelle est considérablement augmentée car le nombre des entrées, toujours classées par ordre alphabétique, passe de 2600 à près de 5000. De plus les notices sont plus denses et plus nombreuses, les ouvrages évoqués font l'objet d'un plus grand nombre de précisions et les renvois permettent d'aller à une infinie diversité d'auteurs susceptibles d'étoffer le sujet. Autre point important : La Commune de Paris-1871 se devait d'être présentée non seulement dans son contexte mais également avec ses préliminaires mêmes lointains. Ainsi que ses suites, ses conséquences à terme et les diverses tentatives faites pour la gommer de notre Histoire. Avec Le Quillec 2005, c'est chose faite.
Marcel Cerf a préfacé cet ouvrage indispensable pour un citoyen désireux d'être bien informé sur les racines de notre démocratie.
Claude Chanaud
Robert Le Quillec, Bibliographie critique de la Commune de Paris 1871, Ed. Boutique de l’Histoire, 2005, prix : 38 euros.