LE SIÈGE DE PARIS 1870-1871 - JOURNAUX CROISÉS D’UN ÉCRIVAIN ET D’UN ENFANT
L’auteur nous fait découvrir, dans ce petit ouvrage d’une centaine de pages, la vie des Parisiens pendant le siège, vue par un écrivain connu et par un adolescent de 14 ans. Le hasard a placé sur le chemin de l’auteur ces deux textes présentés dans une chronologie parallèle, du 20 septembre 1870 au 28 janvier 1871. Le premier est une sorte de carnet de bord manuscrit écrit par Félix Boutrois élève au Prytanée de La Flèche, bloqué à Paris pendant le siège. Le second est le journal de Jules Claretie, journaliste de renom à l’époque.
L’intérêt de ce livre réside dans la confrontation de deux points de vue et de deux écritures assez différentes et cependant, à la lecture, parfois très proches. Tout sépare l’homme de lettres, la voix de l’adulte, auteur reconnu et acteur de cette guerre qu’il a connue les armes à la main, de l’adolescent témoin des évènements, et lecteur naïf de la presse de l’époque, dont le journal ressort plus de l’exercice de style, du pastiche, pour ne pas dire par endroits, du copiage et du collage.
Paradoxalement, c’est l’adolescent qui s’étend le plus dans son journal sur les campagnes militaires alors que le combattant préfère, à l’exception de descriptions terribles par leur insignifiance masquée de cadavres de soldats dans le style du Dormeur du val, aux sorties hasardeuses dans les environs de Paris, la description des périodes d’accalmie entre les combats et la vie à l’intérieur de la capitale assiégée. On ne saura finalement rien de la vie, de la personnalité ou de la famille de Félix Boutrois, alors qu’en revanche Claretie n’hésite pas à entrer dans les détails de sa vie quotidienne et familiale.
DOMINIQUE COTTO
Than-Vân Ton-That, Le Siège de Paris 1870-1871 - Journaux croisés d’un écrivain et d’un enfant, Éditions l’Harmattan, 12 E
LE LIVRE ROUGE DE LA JUSTICE RURALE
La lecture de ce livre est rendue difficile par les petits caractères de chacune des 82 pages. Mais la qualité de cette réédition de 1968 à l’identique de l’originale genevoise de 1871, (mille exemplaires numérotés sur papier vergé à la main), nous en indique le caractère précieux. Nous sommes alors incités à lire ces « documents pour servir à l’histoire d’une république sans républicains », comme la précise le sous-titre.
Cette république-là est bien celle de Thiers. Et Jules Guesde a regroupé, lors de son exil à Genève, en 1871, un grand nombre d’articles parus pendant la Commune, dans divers journaux, presque tous « d’origine monarchiste ou thieriste », comme il l’annonce au début du livre.
L’intérêt de ce recueil est là : dans la succession d’articles de presse où sont clairement évoqués les massacres perpétrés par les Versaillais, ainsi que leurs pensées assassines. Guesde y glisse quelques commentaires expliquant le contexte et les circonstances, mais les articles parlent d’eux-mêmes. Les détracteurs de la Commune, devant de tels témoignages, ne peuvent plus reprocher aux Communards d’avoir noirci l’action des Versaillais.
Ultime touche : la seconde moitié du livre consacrée à la Semaine sanglante est imprimée à l’encre rouge. Les lettres noires sont alors remplacées par des lettres de sang qui se passent de commentaires !
Ce livre est d’ailleurs dédié à la mémoire de Charles Delescluze, mort sur la barricade du boulevard du Temple le 25 mai 1871.
MICHÈLE CAMUS
Jules Guesde, Le livre rouge de la justice rurale, Imprimerie Ve Blanchard & C., Cours de Rive, Genève, 1871. (Lire ou télécharger sur Gallica - BNF)
OÙ COURS-TU MICHEL ?
Michel Degouys, membre actif de notre commission patrimoine se retrouve la vedette, malgré lui, d’un DVD et d’un ouvrage sur le militantisme aujourd’hui. Un homme entier, sincère qui s’implique dans la vie syndicale comme dans l’association. Il dit aussi ses doutes, ses souffrances, la difficulté à vivre au quotidien la délégation de pouvoir, lui qui voudrait tant l’implication collective. Michel se bat, inspiré par la Commune de Paris. Les affiches sont au mur dans son bureau, les bulletins de l’association sont sur sa table de travail. Il est tout à la fois, le sportif, le militant syndical, politique, associatif, le père de famille… Faire face à tout pour une vie digne ! A travers cet ouvrage il pose des questions sur l’avenir de cet engagement militant si difficile lorsque cette société capitaliste broie les êtres humains. Un livre qui ne laisse pas indifférent, quels que soient nos propres engagements, parce que nous retrouvons bien des questions existentielles que nous nous posons aussi !
CLAUDINE REY
Isabelle Langerome, auteure et cinéaste, Où cours-tu Michel ? Un militant dans la tourmente, Éditions de l’atelier. 19,90 E, DVD inclus avec l’ouvrage.