Tout le monde n’était pas convaincu. Au sein de l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 quand certain·es applaudirent aussitôt, d’autres s’interrogeaient sur le côté publicitaire de l’événement. L’arrêt de la flamme olympique devant le Mur des Fédérés, décidé par la mairie de Paris, trois jours avant le début des jeux paralympiques si elle en désarçonna quelques un·es, provoqua finalement l’émotion et une joie fière, enfantine, unanime. Le 28 août 2024, à 14 heures précises, Jean-Louis Maugère l’un des porteurs de la flamme, inclina la torchère devant ces quelques mètres d’enceinte du cimetière du Père Lachaise contre lequel 150 partisans de la Commune furent fusillés.
Notre association avait été officiellement conviée à cet événement, et une cinquantaine de membres était présente aux côtés d’élus de la mairie de Paris, dont la maire Anne Hidalgo, accompagnée de son premier adjoint Patrick Bloche, de Laurence Patrice, adjointe en charge de la Mémoire et du monde combattant ainsi que d’Éric Pliez et d’Hamidou Samaké, élus du 20e, respectivement maire et adjoint chargé de la Mémoire et des Anciens combattants.
Ces quelques secondes accompagnées de l’interprétation tout en retenue du Temps des cerises — paroles de Jean-Baptiste Clément et musique de Antoine Renard —, par la chanteuse Sloet le guitariste Alexandre Koneski firent résolument glisser comme un petit souffle révolutionnaire dans ce parcours. Un mois tout juste après la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques des « valides », où la révolution de 1789 avait été mise à l’honneur, c’était donc au tour de la Commune de 1871 d’être célébrée.
L’occasion aussi de rappeler que la Commune se voulait inclusive en invitant par exemple, au nom de leur émancipation et de leurs droits sociaux, les citoyens sourds-muets de Paris et de la Province à se réunir le dimanche 6 mai pour discuter de leurs intérêts et avec eux les citoyens parlant et comprenant leur langage au nom de leur dévouement pour la cause républicaine des sourds-muets. Sans oublier Paschal Grousset : élu à la Commune le 26 mars 1871 dans le 18e arrondissement avec plus de 76 % des suffrages, arrêté en juin, déporté à l’automne, évadé, il rentra en France au milieu des années 1880, et imagina presqu’aussitôt, en 1888, la Ligue nationale de l’éducation physique. Il promut les jeux et les sports dans l’école de la République, en une sorte de préfiguration des Jeux olympiques modernes lancés quelques années plus tard, en 1894.
SYLVIE BRAIBANT