À la demande des Amies et Amis de la Commune de Paris, se sont réunies, le 25 mars 2024, à l’Hôtel de Ville de Paris, trois personnes de la ville chargées de l’Outre-Mer et de la Mémoire et du Monde combattant, avec notre coprésidente, Sylvie Braibant, et quatre amis de la commission patrimoine.
Il s’agissait de faire le point sur l’état des lieux de mémoire des déportés politiques de la Commune et d’exprimer nos souhaits quant à leur restauration.
Notre ami Patrick Delvert avait fait le voyage jusqu’en Nouvelle Calédonie en juillet et août 2023. Il y avait fait de riches rencontres mais aussi de tristes constats : La stèle mémorielle du cimetière de l’île des Pins (Kunié en kanak), inaugurée en 1973, a disparu en 2021. Disparue aussi celle du cimetière Beurée-Ducos-Tindu (presqu’île Ducos, Nouméa), posée en 1977 et aucune tombe visible, y compris les différentes parties, dispersées ou endommagées, de la statue d’Emma Piffault, fille de communard décédée à l’âge de 16 ans, dont la reproduction réduite avait pourtant fait l’objet d’un timbre-poste en 2002. Disparition enfin du cimetière des transportés de l’île Nou (dont Gustave Maroteau), mais il en reste probablement une partie noyée dans la végétation.
Le rôle de la Ville de Paris fut défini par deux conventions caduques (1995 et 2008) ayant prescrit des subventions d’aménagement et d’entretien du cimetière de l’île des Pins. En octobre 2023, la visite d’Anne Hidalgo, maire de Paris, a permis la plantation d’un « Arbre de la liberté » à proximité des panneaux explicatifs du cimetière de l’île Kunié.
En 2014, un palmier a été planté dans le cimetière avec une plaque commémorative, en mémoire d’Ali Bengalouz, kabyle déporté et enterré dans le cimetière Kunié avec ses camarades communards.
S’appuyant sur divers documents historiques, notre association demande s’il est envisageable d’agrandir légèrement le périmètre du cimetière de l’île des Pins afin qu’y soient intégrées les tombes restées à l’extérieur. De nombreux vestiges des constructions du bagne restent à proximité, situés dans une propriété privée…
Sur la presqu’île Ducos, serait-il envisageable de remettre en place une copie de la statue d’Emma Piffault ? Une stèle près du cimetière Beurée-Ducos-Tindu ?
À Nouville, un musée du Bagne a été créé à proximité des archives de Nouvelle-Calédonie et du cimetière enfoui. Mais un musée de la Déportation, programmé dans les années 80, n’a jamais vu le jour.
Il faut savoir que Nouméa et l’île Kunié dépendent de l’assemblée de la Province du sud. Le cimetière est sous la juridiction de la Province du sud, de la commune de Kunié, et de l’aire coutumière Djubéa-Kaponé.
Post-réunion : les révoltes et violences récentes en Nouvelle-Calédonie vont compliquer le dossier.
Quelques précisions de vocabulaire concernant les articles parus au sujet des communards en Nouvelle Calédonie :
La plupart des communards étaient des déportés, leur condamnation étant d’ordre politique, les transportés étant condamnés aux travaux forcés pour des crimes de droit commun.
Les déportés simples vivaient à l’Île des Pins. Les déportés en enceinte fortifiée se trouvaient sur la presqu’île Ducos. Les condamnés aux travaux forcés, sur l’Île de Nou.
Le terme bagne désigne un lieu où s’exécutait la peine des travaux forcés. Seuls les communards de l’Île Nou peuvent donc être qualifiés de bagnards, bien que ce mot soit, à tort, utilisé couramment sans distinction précise.
LA COMMISSION PATRIMOINE