Une enseigne de mode parisienne utilise le nom de « Commune de Paris 1871  » pour valoriser son image et vendre des produits de luxe sous le signe du grand événement. Ce n’est pas la première fois que des « communicants  » usent de l’imagerie révolutionnaire pour se doter d’une image frelatée « d’esprit subversif  ».

Dans le cas présent, nous nous trouvons devant un étonnant retournement de l’histoire. La Commune de Paris fut un soulèvement populaire, « par en bas », contre une élite sociale du gaspillage, du luxe ostentatoire, de la démesure marchande qui avait marqué deux décennies de Second Empire. Et voilà qu’aujourd’hui on veut user de la « marque » Commune de Paris pour satisfaire les appétits d’un luxe contemporain. Les héritiers des Versaillais arborant la blouse de l’ouvrier et le képi des fédérés de Belleville…

Mais nous considérons, au fond, que cet épisode est à sa manière l’hommage du vice à la vertu. Puisque la Commune de Paris est au centre de l’attention, profitons-en. Faisons-le tout d’abord pour valoriser des idéaux aux antipodes de la superficialité de castes possédantes, soucieux d’abord de dignité populaire, de dignité, d’accès partagé à la culture et non de clinquant ostentatoire.

Faisons-le aussi en affirmant que la meilleure façon de couper court à toute récupération marchande est de donner toute sa place publique à la Commune de Paris 1871. La visibilité de la Commune dans la ville, et d’abord dans « sa » ville est encore très insuffisante et il est donc urgent d’y remédier. Sans compter la visibilité maximale qui résulterait de la réintégration de la Commune dans l’histoire officielle de la République et de la nation. La Commune de Paris s’acheva dans le sang d’une répression brutale. Des milliers de communardes et de communards furent condamnés à de lourdes peines. En 1880, la République triomphante les amnistia ; mais elle ne les a jamais réhabilités. Plutôt que la gloire éphémère d’une enseigne, c’est d’une réhabilitation nationale que les combattantes et combattants de la Commune ont besoin.

Roger Martelli - Joël Ragonneau

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