C’est à une cérémonie émouvante, attendue depuis longtemps, qu’il nous a été donné d’assister à l’Hôtel-de-Ville de Paris au soir du lundi 16 mars 2015 : le dévoilement d’une plaque en hommage aux élus de la Commune de Paris. Cet événement couronne quatre ans d’action opiniâtre de notre association et de sa commission Patrimoine. Cent quarante-quatre ans après, les élus de la Commune de Paris retrouvent leur place à l’Hôtel de Ville.
Nous étions plus de cinquante amies et amis à nous presser dans le couloir du Conseil de Paris. À 19 heures, les travaux du Conseil de Paris ayant été suspendus, nous fûmes rejoints par de nombreux élues et élus du PS, du PCF et du Front de Gauche, d’EELV, et même par un maire d’arrondissement UMP.
Anne Hidalgo, maire de Paris, prit la parole : « De cet hommage, je souhaite dire avant tout qu’il est terriblement tardif ». Elle rappela le déni qui recouvrit pendant un siècle la mémoire de la Commune de Paris et que « c’est la conscience meurtrie du mouvement ouvrier européen qui a conservé la mémoire de la Commune à la fois comme tentative de révolution intégrale et comme première expérience de gouvernement authentiquement socialiste ». Rappelant les mots de Rosa Luxembourg sur « Paris, cœur palpitant et saignant de la classe ouvrière européenne », elle rendit hommage à « ceux qui ont été à la fois des gestionnaires et des révolutionnaires, des orateurs et des organisateurs, des élus et des soldats, et qui ont tous en partage d’avoir eu un cœur battant, un cœur courageux, un cœur engagé ».
Elle rappela quelques-unes des mesures mises en œuvre par la Commune en un temps record : moratoire sur les loyers, suppression du mont-de-piété, séparation de l’Église et de l’État, réquisition des ateliers abandonnés, réquisition des logements vacants, interdiction du travail de nuit dans les boulangeries, laïcisation de l’enseignement…
Anne Hidalgo salua l’action de l’Association des Amies et Amis de la Commune de Paris qui a permis que la mémoire de la Commune retrouve toute sa place à Paris, dans les rues, dans les mairies d’arrondissements, en souhaitant que vive, au-delà des symboles, l’héritage politique de la Commune, ces biens communs qui constituent notre modèle social. Elle finit en rappelant qu’après la Commune, le peuple de Paris fut privé pendant un siècle du droit d’élire son maire…
- Mesdames Françoise Bazire et Anne Hidalgo Photos © Sophie Robichon/Mairie de Paris
Ce fut ensuite au tour de Joël Ragonneau de prendre la parole au nom des Amies et Amis de la Commune. Il rappela la place singulière de la Commune comme révolution authentiquement populaire, et les actes posés au cours de ses soixante-douze jours d’existence, qui restent encore aujourd’hui une source d’inspiration. Il évoqua aussi l’action de notre Association, héritière de la Fraternelle créée en 1882 par les communards de retour d’exil, pour perpétuer la mémoire et les idéaux de la Commune. Il rappela l’impatience avec laquelle l’événement de ce jour était attendu. Il ajouta qu’il fallait y prendre appui pour maintenir la pression sur les mairies de droite, sourdes à nos demandes – sans même daigner répondre à nos courriers – pour que des plaques soient apposées dans toutes les mairies d’arrondissements de Paris, afin que les élus de la Commune retrouvent toute leur place dans la mémoire collective.
Les discours terminés, Anne Hidalgo, Jean-Louis Robert et Joël Ragonneau procédèrent au dévoilement de la plaque : « Aux élus de la Commune de Paris qui ont administré la Ville du 26 mars au 28 mai 1871 ».
Puis, à l’invitation de Françoise Bazire, l’assistance entonna avec ferveur Le Temps des Cerises, qu’il est peu banal d’entendre en ces lieux…
Une belle cérémonie, simple et grave, qui marquait la réintégration officielle des élus de la Commune dans l’histoire de la Ville de Paris.
SYLVIE PÉPINO ET MICHEL PUZELAT