Deux mots rarement associés et pourtant... il y en a des trésors dans les banlieues ! La preuve par cette exposition, à Gennevilliers, qui réunit une soixantaine de villes sur le thème de la « ban » – de bannissement – « lieue », territoire d’environ une lieue autour de la ville. Il y a aussi des œuvres déjà exposées en banlieue comme les bijoux réalisés par Elsa Triolet pour les grands couturiers afin de subvenir aux besoins de la vie du ménage dans les années 30 (prêtés par la ville de Saint-Étienne-du-Rouvray).
Des œuvres intéresseront plus particulièrement nos adhérents, le tableau d’Ernest Picchio peint en 1877, à un moment où évoquer la Commune était encore dangereux en France. D’ailleurs il a peint cette Veuve de fusillé alors qu’il était en exil en Suisse !
Au milieu de la belle halle des Grésillons, qui abrite l’exposition, se dresse la statue grandeur nature de Louise Michel, érigée grâce à une souscription publique dans le parc de la Planchette à Levallois-Perret en 1920. Le modèle en terre avait été exposé par son auteur, Emile Derré, anarchiste et pacifiste lui aussi, au Salon de 1906. De la même époque, on peut voir un beau paysage de La Seine au pont d’Issy, peint par Maximilien Luce. Lui aussi, comme Derré, était enfant au moment de la Commune, lui aussi n’a jamais oublié... mais la nature lui était consolatrice.
Parmi les œuvres d’artistes plus proches de nous, il y a des raretés comme Les Délégués de Boris Taslitzky, impressionnants avec leurs lourds tabliers de travail, des photos de la vie quotidienne de Robert Doisneau, Danièle Martin-Lazard ou Willy Ronis.
Inspirés d’une célèbre photo prise par Carjat en 1871, le dessin et les trois sérigraphies d’Ernest Pignon-Ernest représentent Arthur Rimbaud, la mine grave, à 17 ans, errant dans les rues de Paris qu’on peut imaginer encore fumantes.
Si vous n’avez pas pu voir l’exposition, allez le dimanche dans les musées de banlieue, ils offrent des surprises.
EUGÉNIE DUBREUIL