Ce fut un samedi studieux pour la quarantaine d’amies et amis, réunis à la mairie du Xe arrondissement pour notre journée d’études. La séance du matin était consacrée à une réflexion sur l’actualité de la Commune. Jean-Louis Robert nous a d’abord délivré une longue mise au point, très documentée sur l’historiographie la plus récente de la Commune. Il est parti de trois ouvrages qui ont marqué les travaux : celui de Robert Tombs [1] qui, traduit en français en 2014, quinze ans après sa parution, est devenu l’ouvrage de référence, au-delà des débats qu’il a pu susciter ; celui de Kristin Ross, sur L’imaginaire de la Commune [2] ; enfin la synthèse de Quentin Deluermoz [3], Le crépuscule des révolutions, qui fait le point sur les recherches les plus récentes et pointe la complexité de la Commune.
À partir de là, il évoque les pistes nouvelles ouvertes ces derniers temps : inscription dans une histoire transnationale ; inscription dans le temps long des révolutions (la Commune fin d’un monde ou prologue à la modernité ?) ; les relectures de la Révolution française et des projets républicains et socialistes du XIXe siècle ; la question de la culture (le « luxe communal »). Il note l’effacement du social, la quasi-absence du travail. Il pointe enfin le fait que la majorité des travaux récents sont dus à des anglophones.
Intervenant ensuite, Roger Martelli veut susciter une réflexion sur la modernité de la Commune. Partant de la résolution votée par l’Assemblée nationale le 29 novembre 2016, et notamment du vœu « que soient mieux connues et diffusées les valeurs républicaines portées par les acteurs de la Commune de Paris de 1871 », il souligne que notre association – si elle n’en a pas le monopole – a néanmoins une responsabilité particulière dans ce travail et qu’elle doit s’en donner les moyens. La modernité de la Commune ne veut pas dire que les solutions qu’elle esquissa en 1871 sont reproductibles aujourd’hui à l’identique. La Commune a ouvert des pistes, elle a porté un état d’esprit, qui doit nous inspirer aujourd’hui pour penser des solutions qui traduiraient, dans notre société contemporaine, les valeurs révolutionnaires de justice sociale et de démocratie intégrale qu’elle a portées.
Après un casse-croûte arrosé d’un communard, les travaux reprennent l’après-midi. Les débats sont consacrés au fonctionnement de Roger Martelli et Jean-Louis Robert l’association. Plusieurs animateurs de commissions (patrimoine, culture, bulletin) regrettent le petit nombre de participants réguliers à leurs travaux. Nous nous interrogeons aussi sur l’intégration des nouveaux adhérents. Nous procédons encore à un échange sur la communication, notamment sur le site et sur les nouveaux outils (réseaux sociaux) que nous pourrions développer.
Bref, une journée enrichissante, constructive, et dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle doit être renouvelée régulièrement.
MICHEL PUZELAT
Notes
[1] Robert Tombs, Paris bivouac des révolutions. La Commune de 1871, Paris, Libertalia, 2014 ; première édition : The Paris Commune 1871, Londres-New York, Longman, 1999.
[2] Kristin Ross, L’imaginaire de la Commune, La Fabrique éditions, 2015.
[3] Quentin Deluermoz, Le crépuscule des révolutions, 1848-1871, Histoire de la France contemporaine, vol. 3, Paris, Le Seuil, 2012.