La Commune plus vivante que jamais
Jamais, depuis cent cinquante ans, la Commune n’a été aussi vivante. Partout où l’on s’est dressé et où l’on se dresse encore contre les injustices, les discriminations, le mépris et la mise à l’écart du peuple, la mémoire de la Commune a surgi et elle ressurgit, comme spontanément.
De Petrograd à Shanghai, de Barcelone à Oaxaca, du Chiapas au Rojava, l’idée de Commune a circulé pour servir de ferment à l’indignation, aussi bien qu’à l’espé¬rance. En France, elle est toujours au coeur des mouvements sociaux, sur les murs, les affiches, les banderoles. Elle est dans les slogans, les chants et les discours des salariés en lutte, des facultés occupées, des Gilets jaunes, des zadistes. Elle continue de dire que l’inéga¬lité n’est pas une fatalité, que les discriminations en tous genres sont des abominations, que les dénis de démocratie sont des fautes, que l’exclusion et la haine de l’autre sont des folies.
Elle continue de dire que les valeurs de la République — liberté, égalité, fraternité — sont peu de chose si elles restent des mots sans devenir des actes. L’égalité est pauvre, si elle touche au juridique et ignore l’économique et le social, nous disaient les femmes et les hommes de la Commune. La citoyenneté ne peut être passive, la démocratie ne peut pas être seulement représentative, le travail n’est pas un coût mais un droit et une ressource, la concurrence universelle ne vaut pas le partage et la mise en commun.
Dans nos sociétés déchirées et tourmentées, c’est bien la piste ouverte par la Commune qui est la seule enthousiasmante et, qui plus est, la seule qui soit plei¬nement réaliste. La Commune fut, pour le peuple de Paris, un grand mouvement tendu vers l’émancipation, de toutes et de tous, de chaque individu et de l’humanité tout entière. Elle voulut que l’école, enfin laïque, soit ouverte sans distinction, que la nationalité ne soit pas une barrière, que le travailleur ne soit pas un rouage, mais un acteur capable de décider, que le « luxe communal » des arts et de la culture soit universellement partagé. Des étrangers présents à Paris, elle a fait des élus, des dirigeants, des généraux. Elle a fait des femmes et de leurs organisations, des actrices majeures de la vie publique, de l’école et des clubs jusqu’aux barricades.
Quand les versaillais aboient plus que jamais, quand tant de nuages sombres planent sur la démocratie, la Commune reste donc un point de repère propulsif. La vertu émancipatrice de la Commune rassemble aujourd’hui encore celles et ceux qui veulent s’inscrire dans sa trace. Qu’elle mobilise si fortement autour d’elle est une chance.
Nous pouvons donc, plus joyeusement que jamais, pousser le vieux cri historique : Vive la Commune !