UNE PIÈCE D’ACTUALITÉ
« Tant qu’un homme pourra mourir de faim, à la porte d’un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines. » Cette citation d’Eugène Varlin, reprise dans notre pièce Le Rendez-vous du 18 mars, sonne avec autant de force et d’évidence aujourd’hui que sous la Commune.
La Commune nous la vivons et la jouons depuis le 18 mars 2011, la première fois où la pièce fut interprétée, pour le 140e anniversaire de la Commune, place de l’Hôtel-de-Ville à Paris, par les Amies et amis de la Commune de Paris.
Le déclenchement de cette aventure eut lieu en 2010. Un de nos adhérents, Emmanuel Gradt, se lança dans l’écriture. 2011 semblait loin, mais notre ami, directeur d’une troupe de théâtre, manquait de temps. Réclamé avec force par sa troupe il dut, à son grand regret, nous abandonner. Son texte très riche comportait trente personnages. C’était difficile à organiser avec autant d’acteurs ! Claudine Rey et Marie-Claude Laurore (les droits de la pièce sont déposés à leurs noms) durent « supprimer » vingt rôles et réadapter les textes pour dix personnes. Il s’agit là d’un véritable travail de recréation, qui n’enlève rien à l’étincelle allumée par Emmanuel. Il fallait un texte court, incisif, sans implication autre que celle de faire connaître l’histoire de la Commune et les idéaux des communards de 1871, qui restent — nous le constatons tous les jours — tellement d’actualité.
Nous devions aussi, en même temps — deuxième obstacle — trouver dans notre association les personnes pour interpréter les rôles, donc des bénévoles. Nous étions alors à trois mois du spectacle, il fallait sortir du bénévolat et nous avons fait appel à des metteurs en scène professionnels : Carole Robert, puis Richard Fleurot qui permirent la mise en place, le « jeu », pour notre troupe désormais constituée.
Après ce préambule, je laisse la parole à quelques-uns des comédiens d’aujourd’hui pour exprimer eux-mêmes leur ressenti.
Solange Fasoli — notre coach à tous :
Je suis une militante syndicale. Pour moi, les « Amis » c’était dans le droit fil du syndicalisme. Je me suis, à vrai dire, toujours mise en jeu ; et le théâtre m’inspirait. Claudine Rey m’a demandé de l’aider à gérer les « à-côtés » de la pièce, d’abord. Petit à petit, elle m’a lâchée aux commandes. Cette pièce porte des valeurs très actuelles. La faire partager aux jeunes et moins jeunes fait partie de mon engagement militant. Je m’y sens bien, avec aussi l’envie de la faire progresser avec la troupe.
Isabelle Decamps — membre des Amis dieppois (qui incarne Louise Michel et Marianne) :
J’étais émue et heureuse du rôle de Louise Michel. Je ne savais pas si je serais à la hauteur. J’avais déjà mis les habits de la « Vierge rouge » à Dieppe, lors des représentations d’un de ses procès, avec mon père. Il avait consacré son temps à la Commune et à Louise. J’ai tout de suite aimé la pièce et le rôle de Marianne, qui fait lien entre hier et aujourd’hui. Ce n’est pas facile de s’adresser au public dès le départ de la représentation et sentir l’hostilité des spectateurs envers mon personnage, de passer pour une naïve ou une bourgeoise.
Jean-Louis Guglielmi
— Lecomte, Hector, le député :
La pièce je la connaissais déjà, car je transportais le matériel de scène dans mon break. Puis de fil en aiguille, je me suis laissé convaincre d’incarner un rôle, puis d’autres… Le syndrome de l’engrenage, en plus du geste militant. J’avoue… J’ai découvert le plaisir de jouer devant un public.
Annette Huet — Nathalie Lemel :
Ce rôle me plaît. L’idée de faire cette pièce, c’est formidable. Au lieu de rester enfermée aux Amis, ça permet de rencontrer des gens. Une fenêtre ouverte ; sceller des amitiés avec la troupe, ça rapproche. Le public, c’est important. Les changements de comédiens, c’est plus difficile.
Julien Landureau — Theisz et Auguste :
J’avais déjà participé aux multiples activités d’une troupe. Le théâtre, j’en faisais. Lorsque j’ai adhéré aux Amies et amis de la Commune, j’avais un peu laissé le spectacle derrière moi. Jean-Louis m’a littéralement recruté, s’est montré insistant (ne m’a pas poussé beaucoup… Rires…). La pièce, pour moi qui suis militant politique, outre me permettre de côtoyer d’autres militants, est une courroie de transmission naturelle. Une forme d’éducation populaire. Je regrette que l’histoire de la Commune soit si peu connue et enseignée à l’école.
Annie Rault — Victorine ou Mélanie :
Pour moi, la pièce symbolise le partage de valeurs : la Fraternité, l’Égalité. Transmettre. Car c’est le fondement d’une société solidaire. Je vis ce spectacle, telle une passeuse d’histoire qu’on ne donne pas à l’école. Je découvre au fur et à mesure l’intérêt total de jouer pour les collèges, marquée par les élèves. La naïveté, l’intelligence des enfants.
Valérie Martineau :
Je pense que cette pièce devrait évoluer, sortir de son cadre actuel trop limité. S’orienter vers une forme plus participative, engagée dans l’esprit de la Commune. Cette pièce devrait être impliquée davantage dans les mouvements revendicatifs d’aujourd’hui. En 1871, la Commune était dans la rue.
Vincent Pezon — Hector :
J’avais 8 ans à mon premier contact avec la Commune de Paris. J’entendais ma mère en parler à l’un de mes frères : « Les Parisiens ont mangé du rat… les animaux du Jardin des plantes… On était vendu, c’est une honte. » Je ne comprenais rien. Quelle guerre de 70 ? Quel siège ? Quelle barricade ? Quelle Commune ? … On était en 1971. Le centenaire… Depuis j’en comprends davantage et c’est en souvenir de ma maman, prolétaire et fière, que j’ai adhéré plus tard aux Amies et Amis, puis pris un rôle dans cette pièce. La scène est mieux qu’un livre d’histoire. Car l’Histoire s’y écrit par chaque acte.
Je finis cet article sur notre petite bande, par un hommage simple à nos copains, qui ont fait naître et durer cette pièce. Quelques-uns sont eux-mêmes tombés sur les amères barricades de la vie.
Yves Lenoir, en Delescluze, journaliste, nous rapportait les souffrances du peuple de Paris.
Jean-Claude Liebermann, le garde fédéré, sans texte, mais si présent sur scène.
Michel Perrin, le député monarchiste, qui « se débarrassait du prolétaire des faubourgs ».
Voilà. Je n’oublie pas tous ceux qui, depuis le 18 mars 2011, ont joué dans cette pièce comme Marion et Joseph Lafitte, Michel Glize, Gérard Blancheteau, Julie Garaudet, Claude Chamek, Éliane Lacombe, Judith Perillat, Martine Grimberg…
Pardon pour ceux et celles que je n’ai pas cités, tous ont été le ciment de la longévité de cette pièce.
Si vous connaissez notre Rendez-vous, faites-le largement connaître autour de vous.
Sinon, venez nous voir ! Sinon, rejoignez-nous ! Participez avec notre association à la connaissance de la Commune et aux voeux qu’elle formait pour un monde plus juste et libre !
VINCENT PEZON
Pour notre pièce de théâtre Le rendez-vous du 18 mars 1871
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