Dès le 20 mars 1871, la Commune rappelait les principes du droit fondamental « d’informer et d’être informé », principes sur lesquels repose en partie la loi de 1881, toujours en vigueur. Cette liberté de la presse, choisie comme thème par les Ami.es pour 2024, reste malmenée, ici et ailleurs. L’association ne pouvait que s’associer à la « journée mondiale de la liberté de la presse », le 3 mai 2024, en organisant sur la place de la République, avec les syndicats de journalistes et de la presse indépendante, un rassemblement pour rappeler que rien n’est jamais acquis.
Sous un soleil bienvenu, après une distribution « à la criée » et en musique des Unes des journaux de la Commune, devant une audience qui grimpa jusqu’à 200 personnes, Jean-Louis Robert historien et président d’honneur des Amis et Amies revient sur l’abondance de titres éclos durant les 72 jours de la révolution. Dominique Pradalié, présidente de la Fédération internationale des journalistes, alerte « sur cette guerre contre le journalisme et les journalistes partout dans le monde », avant de saluer « l’actualité de la Commune de Paris, tellement pertinente, qu'on ne peut qu'être ébloui par son côté visionnaire ». Emmanuel Vire du SNJ-CGT insiste sur cette « presse au cœur de l’histoire de la Commune, dans son irruption même avec l’interdiction de six journaux, neuf jours avant le 18 mars. Une presse alors fracturée, comme aujourd’hui alors que les médias sont concentrés aux mains de quelques milliardaires ». Tandis que pour Vincent Lannier du SNJ, « en France, en 2024, il reste beaucoup à faire pour garantir réellement la liberté de la presse et un de ses piliers, la protection du secret des sources. » Lénaïg Bredoux, directrice éditoriale de Mediapart, site membre du Syndicat de la presse indépendante, constate à son tour que « les débats de l’époque sont toujours actuels dans le contexte étouffant où nous sommes plongés ». Enfin, Gary Libot, du « Chiffon », titre en résonance avec les journaux de la Commune, et membre du « Syndicat de la presse pas pareille », souhaite, pour faire barrage à la « bollorisation médiatique », réhabiliter le format « papier » face à « l’illusion numérique ».
La lecture d’articles, par la troupe de théâtre de l’association, donne à entendre la condamnation de toute interdiction de journaux, y compris par la Commune, comme dans La Sociale du 24 avril 1871 sous la plume de la journaliste André Léo :
« À mon avis, abdiquer les principes qui constituent la force et toute la raison d’être de la démocratie, c’est abdiquer sa mission. Qu’on attaque en justice le mensonge et la calomnie ; mais que la liberté de pensée soit inviolable. »
Le rassemblement du 3 mai 2024 sur la chaîne YouTube des Amies et Amis.
Les textes des interventions citées sont à retrouver ci-dessous
Sylvie Braibant