C’ est une exposition originale organisée par la BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine) que celle que l'on peut voir à l'Hôtel des Invalides à Paris. Intitulée Affiche-Action, quand la politique s'écrit dans la rue, elle fait la part belle à la Commune dans un ensemble qui va de 1789 à 1968 et montre que pendant cette période les ouvriers du Livre (voir note de lecture page 31) de l'Imprimerie nationale ne sont pas restés inactifs. Une exposition qui montre la force et la continuité des luttes du peuple français.
Le fonds d'affiches politiques de la BDIC conservé aux Invalides comporte près de 1500 documents sur la guerre franco-prussienne de 1870 dont ceux du siège de Paris. Les affiches de la Commune, près de 500 numéros, représentent l'intégralité des productions de l'Imprimerie nationale diffusant les mesures politiques et sociales du Comité central. Une véritable « pluie d'affiches » en un temps très court qui informe la population d'heure en heure et constitue un efficace outil de gouvernement mis en évidence par la scénographie de l'exposition: 72 journées, 10 semaines, 399 affiches officielles. Les textes sont préparés à partir des minutes des procès-verbaux de la Commune par Louis Debock, directeur de l'Imprimerie nationale, qui réorganise aussi le travail dans les ateliers et améliore la condition des ouvriers du Livre. Une reconstitution émouvante avec une presse Stanhope, des casses et l'ensemble du matériel d'impression est présenté au fond du dédale de l'exposition, comme si on y était! Il y a même des épreuves annotées et corrigées qui montrent le goût du travail bien fait et la communication permanente entre l'équipe dirigeante et la Commune.
Si l'on veut bien prendre la peine de s'attarder à une lecture, peu confortable il est vrai, on découvre des documents rares comme cette affiche du 2 mars 1871, imprimée à Lille et intitulée « Déchéance de Napoléon III et de sa dynastie », ou touchants comme cette affiche de la Commune, datée du 3 prairial an 79, « Le peuple de Paris aux soldats de Versailles » (n°395). D'autres œuvres ont un caractère artistique affirmé. C'est par exemple une gravure à l'eau forte de Martial Potémont, Dépêches, sur la guerre de 1870 qui présente en une composition très moderne des informations manuscrites vraies et fausses s'entassant sous une vue des forts entourant Paris ou une lithographie coloriée de Nix, d'un humour à la Daumier, intitulée Les Beaux jours de la Commune, demandez la question des loyers, où l'on voit des bourgeois affolés se pressant pour lire une affiche. Les photographes Bruno Braquehais et Alphonse Liébert témoignent de l'omniprésence des affiches dans les rues de la capitale.
Le dispositif de l'exposition, un peu éclaté au point de vue chronologique permet cependant des angles de vue intéressants comme Écrire, lire, agir pendant la Commune à Paris : Louise Michel et Prosper Lissagaray sous la direction de Béatrice Frænkel, une des quatre organisatrices de cet ensemble revigorant.
Eugénie Dubreuil
Affiche-Action, quand la politique s’écrit dans la rue, Hôtel des Invalides jusqu'au 24 février 2013, tous les jours sauf 25 décembre, 1er janvier et 1er lundi de chaque mois, de 10 h à 17h. Entrée 3 à 5 euros. Catalogue, 24 euros.
Affiches de la Commune de Paris 1871 accessibles sur le site de l'université de Paris Nanterre (anciennement BDIC):
