Partie 1

La mort de Duval à la bataille de Châtillon le 4 avril 1871 est un des faits les plus connus de l'histoire de la Commune. Pourtant son contexte et le déroulement précis des événements qui l'ont précédée sont traités de manière très superficielle par la plupart des historiens qui ont plutôt marqué leur intérêt pour la mort de Flourens et les combats de l'ouest de Paris.

L'analyse de la bataille est une parfaite illustration de l'enthousiasme populaire, de la naïveté des Communards et des contradictions au sein de la Commune.

Combat du pont de Neuilly et Courbevoie (2 avril 1871) - (source : Château de Sceaux)
Combat du pont de Neuilly et Courbevoie (2 avril 1871) - (source : Château de Sceaux)

Le dimanche 2 avril 1871 vers huit heures du matin, sous la pluie, les troupes versaillaises lancent une offensive par surprise sur Courbevoie. Deux colonnes s'avancent par Montretout et Vaucresson d'un côté et Rueil et Nanterre de l'autre et font leur jonction au rond-point des Bergères soutenues par l'artillerie du Mont-Valérien. Les 119e, 218e et 93e bataillons reculent et se replient sur la porte Maillot par l'avenue de Neuilly. Personne ne s'attendait à cette attaque et la Commission exécutive (1) se réunit vers trois heures de l'après-midi pour décider des mesures à prendre.

Selon Lefrançais (2), au sein de la Commission exécutive, deux positions s'affrontent entre « les généraux » Eudes (2a), Duval (2b) et Bergeret (2c) et les « civils ». Les premiers soutiennent la nécessité

« de répondre aux vœux des bataillons massés dans toutes les grandes artères de la cité, et qui n'attendaient que le signal du départ »

Les seconds au contraire, s'effraient

« de jouer sur la seule carte de l'enthousiasme, non seulement l'avenir de la Commune, mais encore la vie de tant de braves défenseurs, dont le sang précieux pouvait être, inutilement répandu. »

La majorité de la Commission exécutive arrête des décisions

« formellement signifiées aux citoyens Eudes, Bergeret et Duval, ceux ci comme généraux, n'ayant plus que le strict devoir de s'y conformer. »

Il est ordonné que les chefs de corps remettent à la Commission exécutive un état détaillé par bataillon des hommes et du matériel, que les mesures nécessaires à la remise en état des armes et des transports soient être prises immédiatement, que l'approvisionnement et le transport soient assurés. La Commission militaire « pour entretenir utilement l'ardeur des Fédérés » doit organiser des séances de tir et un corps de batterie d'artillerie doit être reformé.

« Sans que la Commission exécutive et encore moins la Commune qui, réunie le soir même, leva la séance vers minuit seulement eussent été averties »,

Duval, Bergeret et Eudes décident d'une contre-offensive pour le 3 au matin. Les Fédérés sont répartis sur trois colonnes, Bergeret et Flourens à droite, Eudes au centre et Duval à gauche pour une attaque sur Châtillon et au-delà jusqu'à Satory.

Fort de Vanves en 1871
Intérieur du fort de Vanves en 1871 (Photographie attribuée à Lachenal et Favre)

Le départ

Cette photo prise par Nadar serait celle  d'Émile Duval (1840-1871) (coll part.) d'après le MAITRON et "La Commune de Paris 1871 - Les acteurs, l'évènement, les lieux" de Michel Cordillot, Éditions de l'Atelier, 2020.
Cette photo prise par Nadar serait celle d'Émile Duval (1840-1871) (coll part.) d'après le MAITRON et "La Commune de Paris 1871 - Les acteurs, l'évènement, les lieux" de Michel Cordillot, Éditions de l'Atelier, 2020.

Selon Maxime Vuillaume, les troupes de Duval doivent se diriger en fin d'après midi sur le fort de Vanves mais les

« ordres furent mal transmis, arrivèrent tard, si bien que les bataillons quittèrent leur quartiers seulement à neuf ou dix heures; les retardataires défilèrent jusqu'à minuit » (3).

Vuillaume fait également remarquer l'absence criante de vivres et de munitions, « l'intendance n'avait rien envoyé » (4) et l'insouciance de Duval sur la protection du plateau de Châtillon et la faiblesse des remparts et des fossés abandonnés par les Prussiens. Vuillaume rapporte par exemple qu'à la question de certains officiers sur « l'heure à la quelle on pourra distribuer les vivres », Duval aurait répondu qu'ils sont au plateau, « ils y resteront. Nous déjeunerons à Versailles. »

Dans la soirée, la XIVe légion est stationnée à proximité du plateau de Châtillon, son colonel, Lucien Henry (4a) reçoit la direction d'une batterie placée devant le château de Meudon, il passe un moment auprès des feux de bivouac et retourne au plateau vers trois heures.

Duval s'installe

« une partie de la nuit dans une maison située au coin de la route qui descend du plateau vers Paris [...] » (5).

Gustave Flourens (1838-1871) - Professeur au collège de France membre de la Commune - Photographe anonyme (source : © Musée Carnavalet, Histoire de Paris)
Gustave Flourens (1838-1871) - Professeur au collège de France membre de la Commune - Photographe anonyme (source : © Musée Carnavalet, Histoire de Paris)

Le lundi 3 avril, vers cinq heures, Duval arrive sur les positions. Il dispose de plusieurs bataillons de la Garde nationale du XIIIe, du XIVe et du XVe : les Volontaires de Montrouge (6), sont avec le 103e (7) et le 136e bataillon, placés à l'arrière du plateau, suivis par les 104e, 146e (8) et 217e bataillons de la XIVe légion, du 102e et 133e du XIIIe, les 45e, 81e, 131e, 137e et 165e bataillons pour le XVe (ces deux derniers arrivent un peu plus tard dans la matinée du 3) (9).

Certaines compagnies de la Ve légion des 118e, 119e, 151e, 160e et 248e bataillons sont mises en réserve sans que selon Allemane « on » ait « donné des ordres pour les rassembler » (10). Les autres bataillons sont affectés pour opérer avec Flourens et Eudes (21e, 59e et 60e) et Duval (119e, 163e et 248e). Tout ceci dans le plus grand désordre et sans qu'on comprenne vraiment qui donne les ordres. On peut penser que l'influence des blanquistes est moindre dans la Ve légion et que les bataillons sont certainement moins préparés à l'offensive.

Allemane en qualité de président du Conseil de la Ve légion est chargé du casernement, de la solde, du secours aux familles sans rôle militaire offensif et par sa présence à l'arrière il exerce une fonction de coordination :

« Le 3, vers minuit, chaque membre du Comité de légion venait rendre compte de la mission dont il avait été chargée (par qui ?) et de l'arrivée des bataillons du Ve à leur point de concentration ».

Et Allemane ajoute :

« on  (encore !)  décidait ensuite que je me tiendrais en permanence à la mairie et qu'un des nôtres (?) serait délégué auprès de chacun des bataillons engagés [...] ».

Vers huit heures, selon Vuillaume, Duval fait faire une reconnaissance du côté de la « Ferme à tabac » et fait mettre en batterie « trois pièces de 7 » arrivées vers neuf heures et demie qui tirent pendant deux heures « sur les hauteurs » (11), faute de pouvoir être utilisées pour la marche, « les attelages devant retourner à Paris pour ramener d'autres pièces » (12).

Vers neuf heures, Henry, Sebourg (12a), Roquejoffre (12b), Schneider (12c) et Henri Menet, un officier de chasseurs à pied rallié à la Commune (13) rejoignent Duval à son bivouac.

À neuf heures et demie, Duval fait mettre les compagnies de marche en colonne, les derniers bataillons arrivant encore jusqu'à dix heures et demie et les compagnies sédentaires étant cantonnées à la défense du plateau. Le contact est pris avec Eudes qui manœuvre à l'ouest du plateau sur Issy.

À onze heures et demie, l'ordre de marche est donné de s'engager sur la route de Versailles : les Volontaires de Montrouge en tirailleurs puis en colonne, le 104e du XIVe commandé par Mezirard (14), le 133e du XIIIe, le 136e du XIVe, commandé par Ledrux (14a), le 103e du XIVe commandé par E. Lecœur (14b), le 146e du XIVe, le 131e du XVe, le 217e du XIVe, les 127e et 165e du XVe et le 202e du XIIIe soit dix bataillons rassemblant 2500 à 3000 hommes y compris les Volontaires de Montrouge.

Autour de Paris, La batterie et le château de Meudon occupés par l'armée de Versailles. Journée du 4 avril. Dessin d'après nature "Le monde illustré du 15 Avril 1871" 

Autour de Paris, La batterie et le château de Meudon occupés par l'armée de Versailles. Journée du 4 avril. Dessin d'après nature "Le monde illustré du 15 Avril 1871"

La marche et les premiers combats

Les troupes fédérées avancent sans trop de difficultés, elles gravissent les chemins de traverse et au milieu des champs les hauteurs de Clamart et de Châtillon, et se dirigent sur la redoute de Châtillon, elles sont accrochées à hauteur du Petit Bicêtre par les avant-postes du général de Barail (15).

Les Versaillais envoient régulièrement des tirs provenant des hauteurs de Meudon sur la terrasse du château où deux batteries ont été installées, les obus tombent un peu partout notamment aux environs de la gare de Clamart et du Moulin-de-Pierre. L'artillerie communarde du fort d'Issy réplique violemment et l'artillerie du château doit se replier sur Montalets puis plus haut sur les hauteurs de Meudon (16).

Entre la redoute du Petit-Bicêtre et le lieu-dit des Quatre-chemins au croisement où la route n°186 de Sceaux à Versailles coupe la route n° 54 de Châtillon à Bièvres, la colonne est rejointe par Duval et son état-major, Lucien Henry conduisant « une pièce de 7 ». Henri Menet repart à l'arrière à cheval pour chercher de l'artillerie, des munitions et des vivres et seuls arrivent Leprince (16a) puis Badinier (16b) avec un caisson de projectiles pour la pièce de 7.

Prise de la redoute de Châtillon par l'armée de Versailles. Les fédérés se réfugient derrière le fort d'Issy. Dessin d'après nature "Le monde illustré du 15 Avril 1871"

Prise de la redoute de Châtillon par l'armée de Versailles. Les fédérés se réfugient derrière le fort d'Issy. Dessin d'après nature "Le monde illustré du 15 Avril 1871"

À midi et demie, la troupe des fédérés atteint les Quatre-chemins et Duval donne l'ordre d'arrêt et rentre dans une maison sur le mur de laquelle est inscrit « Duval, horticulteur ».

Le 131e et deux compagnies du 136e bataillons se portent le long des fossés du chemin menant au bois de Chaville, le 133e et le 146e s'avancent sur la route, le 103e couvre sur la droite et les Volontaires de Montrouge sur la gauche et Duval charge alors Schneider d'aller faire une reconnaissance à la « ferme de la Villa Coublay» (17). Selon Vuillaume, Schneider ne prend pas l'ordre au sérieux et se contente de

« faire tirer dessus quelques coups de feu auxquels bien entendus, l'ennemi ne répond pas » (18).

À une heure et demie de l'après midi, Duval, persuadé de ne rencontrer aucun obstacle donne l'ordre de marche et la colonne s'engage dans un chemin creux au-dessus de la ferme dans les bois en avant de Vélizy. Mais les troupes de Versailles (19) des généraux Derroja (20) et Pellé (21) dissimulées surprennent, par un feu nourri les Fédérés. Duval ordonne tout de suite un déploiement à droite et à gauche. Les Fédérés se déploient en tirailleurs sous les ordres de Chardon (21a) et Olive (22).

La pièce de 7 dirigée par Lachapelle (23) des Volontaires de Montrouge et une mitrailleuse détenue par Mauger (24) sont mises en batterie, les tirs d'artillerie accompagnant ceux du fort d'Issy, forcent on l'a vu, les artilleurs ennemis à se replier. Les Volontaires de Montrouge esquissent un mouvement sur la gauche « autour d'un ancien parc d'artillerie laissé par les Prussiens ».

Le 136e entre au contact, les hommes « couchés dans les sillons » sont rejoints par le 131e qui dépasse le 103e qui se retrouve en deuxième ligne avec le 146e et le 133e qui tirent au-dessus des premiers.

Duval se poste sur la droite en arrière d'un ancien baraquement prussien. La fusillade dure une trentaine de minutes et les Fédérés comptent trois morts et une trentaine de blessés. Les blessés sont évacués et conduits dans les hôpitaux, par exemple à Necker, les blessures sont assez graves, beaucoup d'amputations sont nécessaires, l'inspection des plaies montre qu'elles ont presque toutes été faites à bout portant ou par des éclats d'obus (25).

Les tirs apparemment doivent s'arrêter faute de munitions, quelques hommes sont envoyés à l'arrière dont Lucien Henry avec la pièce de 7 qui n'a « tiré qu'une dizaine de fois » et un groupe sous les ordres de Duval se replie près de la ferme « à peine abrité derrière un accident de terrain » sans pouvoir riposter au feu des Versaillais.

Maxime Vuillaume cite parmi les blessés ou tués du 136ème bataillon, Louis Boyer (25a), Moura (25b), Rondeau (25c), Saunier (25d), Leffern (25e). Les blessés les plus graves sont ramenés au plateau de Châtillon par Jules Ducroq (25f) et Béguin (25g). Les autres réussissent à regagner Paris. (IX-op. cit., p. 134).

Les blessés de l'avenue de Neuilly amenés à la mairie, transformée en ambulance. Dessin d'après nature "Le monde illustré du 15 Avril 1871" 

Les blessés de l'avenue de Neuilly amenés à la mairie, transformée en ambulance. Dessin d'après nature "Le monde illustré du 15 Avril 1871"

Partie 2

Après l'offensive surprise des Versaillais sur Courbevoie du dimanche 2 avril une contre-offensive est décidée dans la précipitation pour le 3 au matin.

On l'a lu dans le précédent article, les troupes fédérées avancent sans trop de difficultés dans un premier temps. Mais dans les bois de Vélizy les Versaillais dissimulés accueillent les fédérés par un feu nourri. Faute de munitions les fédérés doivent se replier.

À l'arrière, le plus grand désordre règne sur le plateau et les munitions n'arrivent pas. L'ordre de retraite est donné, on ne sait par qui (26) et les Fédérés se replient vers quatre heure et demie, protégés par le 136e bataillon et les Volontaires de Montrouge.

À l'arrivée au plateau, les troupes sont accueillis par une pluie d'obus servis par les Versaillais qui n'ayant plus personne en face se sont avancés au delà du Petit-Bicêtre.

Le retour du combat du 4 avril 1871 (source : Le Monde Illustré du 15 avril 1871)
Le retour du combat du 4 avril 1871 (source : Le Monde Illustré du 15 avril 1871)

Une partie des hommes, deux cent selon Vuillaume, essentiellement du 131e et du 136e bataillon et des Volontaires de Montrouge, retourne au combat et vers six heures et demie, ils reprennent le Petit-Bicêtre mais ils ne sont pas en nombre suffisant pour résister et ils doivent se replier à nouveau.

Le 136e visiblement sans ordre se replie au plateau de Châtillon où selon Vuillaume,

« il ne trouva plus de vivres. Tout avait été distribué aux compagnies sédentaires, arrivées pendant le combat ».

Il revient à Paris vers huit heures sur autorisation de Duval, prêt à repartir le lendemain. Le 4 à onze heures du soir, les hommes du 46e et du 202e stationnés près de l'église de Montrouge sont prêts à marcher sur Châtillon et « l'enthousiasme est général » mais aucun ordre ne sera reçu (27). Le 136e est stationné place de la Mairie en ordre de marche mais arrive la prise du plateau et l'arrestation de Duval.

Il faut dire qu'à l'arrière, plusieurs bataillons se sont littéralement évanouis en s'enfuyant dans le désordre vers Paris (28) et la confusion est aggravée par l'arrivée sur le plateau

« d'une longue troupe de femmes et d'enfants qui, aux premiers coups de canons, sentant que la bataille grondait pour de bon, étaient accourus aux nouvelles, franchissant sans qu'il leur fût opposé aucun obstacle, les portes de Montrouge, Vanves Châtillon» (29).

La dernière nuit

Duval et son état-major avec un millier d'hommes environ se replient sur le plateau de Châtillon soutenus par l'artillerie du fort de Vanves pour passer la nuit dans la redoute précédemment occupée par les Prussiens. Quelques dizaines d'hommes se réfugient dans les tranchées entre les redoutes du Moulin-de-Pierre à Clamart et de Châtillon.

Selon Vuillaume,

« là étaient réunis: Chardon, Schneider, Henri Menet, Lucien Henry (30), Sebourg, Collier de la 14 légion (31) ; Lecoeur, Mézirard, Ledrux (32) chef des 103e, 104e et 136e. Pas un membre du Comité central n'était là. (33) Duval, assis près d'une table semblait désemparé. À peine répondait-il aux quelques questions qui lui étaient posées en vue des mesures à prendre pour la nuit. Il ne s'était pas reposé depuis quarante-huit heures. Il paraissait exténué. Il refusa de quitter le plateau pour se mettre à l'abri sous le feu des forts. Il avait certainement déjà pris la résolution de ne pas rentrer vivant à Paris » (34)

Gustave Paul Cluseret (1823-1900)   Portrait de Delescluze Louis Charles, (1809-1871), publiciste, membre de la commune - Carjat & Cie , Photographe (source © Musée Carnavalet - Histoire de Paris)   Félix Pyat (1810-1889) photographié par Nadar (Source Gallica-BNF)
Gustave Paul Cluseret (1823-1900) / Portrait de Delescluze Louis Charles, (1809-1871), publiciste, membre de la commune - Carjat & Cie , Photographe (source © Musée Carnavalet - Histoire de Paris) / Félix Pyat (1810-1889) photographié par Nadar (Source Gallica-BNF)

Peut-être a-t-il appris la nomination de Cluseret (34a) comme délégué au ministère de la guerre et son remplacement ainsi que celui de Bergeret et Eudes par Delescluze (34b), Vermorel (34c) et Cournet (34d) à la Commission exécutive? (35).

« Aux citoyens Bergeret, Duval et Eudes.

Citoyens,

Nous avons l'honneur de vous prévenir que, afin de vous laisser toute liberté pour la conduite des opérations militaires qui vous sont confiées, la Commune vient d'attribuer au général Cluseret la direction de l'administration de la guerre.

L'assemblée a estimé que, dans les graves circonstances où nous sommes, il importait d'établir l'unité dans les services administratifs de la guerre.

La Commune a également jugé indispensable de vous remplacer à la Commission exécutive, dont votre situation militaire ne vous permet plus de partager les travaux. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que, en prenant cette décision, la Commune est aussi éloignée de vous désobliger, que d'affaiblir l'importance de votre situation comme chef de corps. Vous n'y verrez que les conséquences des nécessités du moment.

Salut et fraternité

Les membres de la Commission exécutive. Ch. Delescluze - Félix Pyat. (35a) »

Auguste Vermorel (1841-1871)   Élisée Reclus par Nadard (1830-1905)   Baptiste Descamps (1836-1898)

Auguste Vermorel (1841-1871) /  Élisée Reclus par Nadard (1830-1905) / Baptiste Descamps (1836-1898)

Une note de Versailles établie probablement juste après son arrestation, indique qu'Henry aurait constaté que certains gardes nationaux placés sous ses ordres dans la nuit du 3 au 4 auraient voulu regagner le château de Meudon, que lui- même aurait proposé de parlementer avec les troupes de Versailles et que devant leurs refus et leurs menaces, il aurait arraché ses galons en menaçant de ne plus les diriger et même de se « tirer une balle dans la tête s'il le fallait », il aurait indiqué que des gardes nationaux et des soldats de Versailles auraient mis crosse en l'air, isolé (36), il aurait cherché à joindre Duval (37).

Le 4 avril à une heure indéterminée, Hébert (37a) et Charbonneau (37b) du conseil de la XIVe légion envoient le télégramme suivant :

« Paris 4 avril 1871, 14e légion

Au directeur général des lignes télégraphiques, ministère de l'Intérieur

Bataillons de Montrouge bonne

contenance

Plateau Châtillon en partie occupée par l'ennemi

Notre artillerie partie ce matin a fait cesser le feu au plateau de Châtillon

Chef de légion non rentré, libre et bien portant Bruits fâcheux [illisible] répandus par les lâches

Hébert, Charbonneau, membres du Conseil de légion

À 4 h dernières nouvelles Plateau Châtillon occupé par l'ennemi Pas de nouvelles du chef de légion [illisible]

Hébert (38) »

Paris - Obsèques des gardes nationaux tués à Courbevoie. - Passage du cortège à la Madeleine Dessin d'après nature (source : Le monde illustré du 15 avril 1871)

Paris - Obsèques des gardes nationaux tués à Courbevoie. - Passage du cortège à la Madeleine Dessin d'après nature (source : Le monde illustré du 15 avril 1871)

À une heure indéterminée, Henry (39), adresse au commandant de la XVe légion un ordre de secours :

« Au Citoyen commandant la place

Nous venons de recevoir ordre du général Henry d'envoyer 5 ou 6 bataillons de renfort sur le plateau de Châtillon d'urgence. Ce qui reste de nos bataillons fatigués ne répondant pas à l'appel. Prière au commandant de place d'aviser dans le plus bref délai.

Pour le commandant de la 15e légion :

E. Tournois (39a)

Délégué de Service

Répondu avoir envoyé 2 batteries de 12-72

servants et officiers et 4 bataillons de renfort, le service sur ce point est donc assuré Cachet : 7ème secteur

E. Godar (39b) »

Les renforts, en particulier du Ve arrivent en effet mais dans le plus grand désordre le 4 dans la nuit.

Élisée Reclus (39c) écrit :

« On battit le rappel dans notre arrondissement, autour du Panthéon, et vers cinq heures, environ 600 hommes étaient rassemblés sur la place. Pleins d'ardeur, nous désirions marcher immédiatement au feu, en compagnie des autres corps méridionaux de Paris, mais il paraît que ce mouvement n'eût pas été conforme aux précédents, militaires, et l'on nous dirigea vers la place Vendôme où, privés de toute nourriture, de tout objet de campement, nous eûmes pendant plus de la moitié de la nuit, d'autre réconfort que d'entendre chanter dans le ministère voisin les brillants officiers du nouvel État-major :

Buvons, buvons à l'Indépendance du Monde !

À deux heures de la nuit, un ordre du général fait quitter à notre troupe, déjà bien diminuée par la désertion, l'abri précaire de la place Vendôme et l'on nous mène place de la Concorde, où nous essayons de dormir sur les dalles, jusqu’ à six heures du matin. C'est alors qu'on nous dirige vers Châtillon, les os rompus par ce premier bivouac et sans nourriture aucune. Pendant la marche, notre petite bande se fond encore et, partis six cent la veille, nous arrivons à cinquante sur le plateau [...]. » (40)

Vers cinq heures et demie les bombardements d'artillerie reprennent obligeant les fédérés à se terrer entre Vanves et Châtillon sans pouvoir avancer et reformer les lignes mais les troupes de Versailles sans obstacles gravissent les pentes du plateau.

Les engagements de Neuilly et d'Asnières vus de la butte Montmartre, nouvel observatoire des Parisiens (source : Le monde illustré du 22 avril 1871)

Les engagements de Neuilly et d'Asnières vus de la butte Montmartre, nouvel observatoire des Parisiens (source : Le monde illustré du 22 avril 1871)

L'hallali

Les deux premières colonnes de Bergeret et Eudes ayant rapidement abandonné, Flourens étant tué, Duval et ses troupes, cent cinquante hommes environ, sont encerclés au petit matin par Derroja du côté de Fontenay-aux-Roses et Pellé de front et deux batteries de douze et les soixante survivants doivent se rendre vers onze heures.

Moizet (40a), garde au 103e bataillon, raconte ainsi son arrestation :

« Le 5 avril (sic), à la pointe du jour nous étions allés sur le plateau de Châtillon, faire une reconnaissance. Tout était silencieux et paraissait désert autour de nous quand tout à coup nous fumes enveloppés et faits prisonniers par des soldats de Versailles. » (41)

Le Daily Télégraph du 7 avril rapporte :

« Les soldats du gouvernement se sont avancés la crosse en l'air, en criant «Vive la garde nationale!» Cette dernière répondit «Vive la ligne!» et leva à son tour la crosse en l'air.

Les communalistes, qui s'attendaient à une défection de la part de la ligne, ont cru voir là une confirmation de leurs espérances.

Ils ont laissé sans crainte approcher les troupes du gouvernement de Versailles; ils sont même allés à leur rencontre.

Ils ont été cruellement désillusionnés.

Voyant qu'elles pouvaient impunément s'approcher les troupes du gouvernement ont profité de ce qu'elles étaient très près des insurgés et, tout à coup épaulant leurs fusils, elles envoient une volée dans les rangs des Communistes.

Il va sans dire que le feu a produit de très grands ravages; les gardes nationaux stupéfaits se sont retirés précipitamment, suivis de près par les troupes de Versailles qui, après un engagement très vif, réussirent à s'emparer de la redoute. »

Maison dans laquelle a été arrêté le général Duval et arbre contre lequel il a été fusillé, Châtillon. Blancard, Hippolyte , Photographie entre 28-01-1871 et 16-03-1871 (Source : © Paris Musées / Musée Carnavalet)
Maison dans laquelle a été arrêté le général Duval et arbre contre lequel il a été fusillé, Châtillon. Blancard, Hippolyte , Photographie entre 28-01-1871 et 16-03-1871 (Source : © Paris Musées / Musée Carnavalet)

 

Les Versaillais fusillent Duval, Lecœur et Mauger et tous ceux qu'ils considèrent comme des déserteurs (42).

Selon le récit de Ledrux rapporté par Vuillaume, Mézirard qui assiste à l'exécution de Duval, de Lecoeur et de Mauger

« avait près de lui, Lucien Henry, qui dû d'être sain et sauf à la précaution qu'il avait prise d'arracher ses galons. » (43)

Une autre version est rapportée dans une lettre anonyme « d'un détenu de Brest au journal La Liberté de Bruxelles » (44) :

« On nous dispose en cercle sur le plateau et on fait sortir de nos rangs les soldats qui s'y trouvaient. On les fait mettre à genoux dans la boue et, sur l'ordre du général Pellé, on fusille impitoyablement, sous nos yeux, ces malheureux jeunes gens, au milieu des lazzi de MM les officiers qui insultaient à notre défaite par toutes sortes de propos atroces et stupides. Enfin, après une bonne heure employée à ce manège, on nous forme en ligne et nous prenons le chemin de Versailles entre deux haies de chasseurs à cheval ; sur la route, nous rencontrons le capitulard Vinoy escorté de son état-major. Sur son ordre, et malgré la promesse formelle que nous avait faite le général Pellé, que nous aurions tous la vie sauve, nos officiers, à qui on avait violemment arraché les insignes de leur grade, allaient être fusillés, quand un colonel fit observer à M. Vinoy la promesse faite par son général.

Le complice du Deux-Décembre épargna nos officiers, mais ordonna qu'on passât immédiatement par les armes le général Duval, son colonel d'état-major et le commandant des Volontaires de Montrouge. »

Mort de Gustave Flourens le 3 avril 1871 - Gravure anonyme (CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris)

Mort de Gustave Flourens le 3 avril 1871 - Gravure anonyme (CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris)

Le 4 au matin, Allemane envoie deux délégués, un nommé Breton (45) auprès de Duval et « un ex-franc-tireur vosgien » auprès de Bergeret et Flourens pour rendre compte de la situation, les deux envoyés ne reviennent pas.

Allemane fait alors

« prévenir les commandants du 160e et du 118e qu'ils aient à rassembler leur compagnie de marche »

et à attendre ses ordre et avec une « dizaine d'amis » (46), il se rend à Châtillon. Avec ses compagnons, il arrive au Puits-Rouge, au croisement de la route de Châtillon et de la route d'Orléans. Un soldat fédéré disant venir du plateau s'avance vers eux. Selon lui, la plupart des hommes se sont rendus sans combattre croyant que les soldats allaient fraterniser avec eux et Duval est prisonnier. *

*On a vu précédemment que de part et d'autres plusieurs compagnies ont mis crosse en l'air. La croyance forte des fédérés en la fraternisation a dû être renforcée par les évènements du 2. Devant l'offensive des troupes versaillaises à Courbevoie, les gardes du 118e bataillon ne voulant pas tirer mettent crosse en l'air et les assaillants se retirent sans tirer, ils sont alors remplacés par des gendarmes. À la fin des premiers engagements à Neuilly, les fédérés accueillent cent à deux cent lignards qui ont levé la crosse en l'air et se joints aux gardes nationaux. Élie Reclus rapporte ainsi : « Je les ais vus se dirigeant vers l'Hôtel-de-Ville ; la foule les saluait sur leur passage par des acclamations enthousiastes : « Vive l'armée ! Vive l'armée » » (Élie Reclus - La Commune de Paris au jour le jour, op. cit. p. 59.). Certains soldats du 58ème de ligne semblent également avoir refusé de tirer (Pierre Vesinier - Histoire de la Commune de Paris - op. cit., p. 247). On peut penser que de la part des Versaillais, il y a à la fois un mouvement spontané de fraternisation vite récupéré par les officiers et une tactique délibérée.

 

 

Allemane donne l'ordre aux commandants des 160e et 118e bataillons de se rendre au fort de Vanves pour « arrêter l'ennemi avant qu'il ne gagne les remparts ». Il prend contact avec le commandant d'« un parc d'artillerie » installé sur la route d'Orléans pour rassembler les « caissons et les canons » dont il dispose et un artilleur est envoyé auprès des Comités de légion du Ve et du XIVe pour les informer de la situation.

Allemane et sa troupe se remettent en marche. Des fédérés qui se replient sur la capitale leur apprennent la prise de la redoute et la capture de Duval. Des compagnies en fuite les interpellent :

« Où allez-vous Citoyens ? Tout est perdu : Issy, Vanves, Châtillon, tout est au main des Versaillais. »

Allemane rétorque qu'ils exagèrent car on entend distinctement le son du canon. C'est la preuve que les forts résistent.

Près du fort de Vanves, des fédérés s'entassent dans une auberge mais aucun ne veut se joindre à eux. Allemane et ses compagnons avancent jusqu'aux premières maisons de Châtillon. Ils aperçoivent distinctement les soldats de Versailles dans les rues et il n'y a aucun poste pour leur barrer la route de Paris. Quelques coups de feu sont échangés et deux ou trois versaillais sont abattus.

Allemane retourne à l'auberge presque vide de ses occupants à l'exception de quelques rescapés des Volontaires de Montrouge commandés par Lachapelle « mais il ne veut rien écouter et s'éloigne dans la direction du fort de Montrouge. » Allemane sous le feu de l'ennemi retourne s'abriter au fort de Vanves où les hommes épuisés, sans munitions sont prêts à retourner à Paris mais heureusement la batterie du XIVe, précédant le 160e bataillon, vient prendre position dans le fort.

Vers dix heures du soir seulement, le 4, le 248ème bataillon de la Ve légion stationné depuis plusieurs heures place du Panthéon reçoit l'ordre de diriger sur la route de Châtillon. Il se retire vers deux heures de l'après-midi le 5, sans avoir combattu.

Vers deux heures du matin, le 5, le 136e bataillon rejoint le fort de Vanves en escortant un convoi de munitions.

Avant-postes des gardes nationaux sur le chemin de Paris à Versailles. (rive droite) (Source : Le Monde Illusté du 8 avril 1871)
Avant-postes des gardes nationaux sur le chemin de Paris à Versailles. (rive droite) (Source : Le Monde Illusté du 8 avril 1871)

À Versailles

Les survivants de Châtillon dont Henry et Élisée Reclus sont emmenés à Versailles et promenés sous les insultes et les coups.

Ernest Picard (46a) lui même, le ministre de l'intérieur écrit dans un télégramme aux préfets le 4 avril :

« La cavalerie qui escortait les prisonniers a eu la plus grande peine, à son entrée à Versailles, à les protéger contre l'irritation populaire. Jamais la basse démagogie n'avait offert, aux regards affligés des honnêtes gens, des visages plus ignobles. » (47)

Versailles, 4 avril 1871

Plus de 2000 prisonniers ont été ramenés à Versailles; leurs principaux chefs, Flourens et le général Duval ont péri ; Henri, chef de légion est prisonnier

Ernest Picard »

« Versailles 4 avril 1871 2 h 55 soir

[...] Deux généraux improvisés par les révoltés, l'un Duval a été tué et l'autre appelé Henri a été fait prisonnier [...] » (48)

L'annonce de la capture de Henry et de la mort de Duval est faite aussitôt par les autortés de Versailles :

Le journal d'Henri Rochefort, Le Mot d'Ordre écrit :

« Le général Duval, le général Henri ont été fait prisonniers avec une partie des bataillons qu'ils commandaient et fusillés sans merci. »

Deux témoins ont vu Henry le 5 avril.

Léonce Dupont écrit :

« Un second convoi de fédérés, arrivés un peu plus tard, reçut un accueil encore plus brutal ; dans celui-ci figurait un beau garçon, aussi vert qu'un perroquet, chamarré de toutes sortes d'ornements ; c'était dit-on, le général Henry, pris du côté de Châtillon. Moins heureux que Duval, ce prétendu Henry tombait vivant aux mains de l'ennemi. On le mit dans une des prisons de la ville avec ses compagnons. » (49)

Un autre témoin écrit le 5 avril (50) :

Paris le 5 avril 1871,

Aux membres de la Commune de Paris J'arrive encore tout ému, indigné des faits horribles que j'ai vus de mes yeux. Les prisonniers sont reçus à Versailles d'une manière atroce, ils sont frappés sans pitié. J'en ai vu des sanglants, les oreilles arrachées, le visage et le cou déchirés comme par des griffes de bêtes féroces. J'ai vu le colonel Henry en cet état et je dois ajouter à son honneur, à sa gloire, que méprisant cette bande de barbares, il est passé fier, calme marchant stoïquement à la mort. [...]

Barrère (50a)

Cette information est confirmée par le Daily News du 7 avril :

« Le héros de la journée fut Henry qui marchait en tête de la colonne de prisonniers, si beau, si viril, si plein d'aisance, si indifférent au sort qui l'attendait [...] des gredins odieux l'ont insulté [...] »

Selon Lissagaray (50b), les prisonniers sont d'abord conduits dans une caserne de gendarme.

« Ils sont ensuite jetés dans les hangars de Satory (51) et de là acheminés sur Brest dans des wagons à bestiaux. »

Le lieutenant-colonel Hennebert écrit :

« Le peloton de cavalerie qui les escortait avait grand peine à les soustraire aux mains d'une foule exaspérée. On parvint cependant à les conduire sains et saufs jusqu'aux Grandes Écuries. Là, les interrogatoires commencèrent par devant le commandant Thenet grand Prévôt de l'armée et, faut-il le dire ? La tenue des prisonniers fut pitoyable, leurs réponses portèrent l'empreinte de franche lâcheté [...] » (52)

Conclusion

Pour les journées des 3 et 4 avril, on peut estimer à au moins trente-cinq les fédérés fusillés par les Versaillais, à quatre cents, les tués ou disparus et les prisonniers, à mille cinq cents à Brest, huit cents à Belle-Ile et quatre cent à Fort-Louis. Quelques uns restent pour être soignés à l'hôpital militaire de Versailles.

Les XIIIe, XIVe (53) et XVe légions sont décapitées, Duval est tué, Henry et Chauvière (53a) prisonniers (sans oublier Flourens tué), le parti blanquiste déjà affaibli par l'arrestation de son chef est neutralisé, les « généraux » de la Commission exécutive peuvent laisser la place aux « civils » sous la conduite « militaire » de Cluseret.

Pierre-Henri Zaidman Article  paru dans Gavroche, revue d'histoire populaire N° 116 de mars-avril 2001 et N° 117-118 de mai-août 2001

Gavroche est une revue d'histoire populaire trimestrielle créée en 1981. La revue a cessé d'être publiée depuis le numéro 166 d'avril-juin 2011. La totalité de la revue Gavroche a été mise en ligne sur le site http://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique263

 

Notes :

(1) La Commission exécutive de la Commune comprenant : Bergeret, Eudes, Duval, Lefrançais, Pyat, Vaillant et Tridon, est chargée de faire appliquer les décrets de la Commune et les arrêtés des autres commissions. Bergeret, Eudes et Duval sont également membres de la Commission militaire.

(2) Gustave Lefrançais - Étude sur le Mouvement communaliste à Paris, en 1871 - Imprimerie G.. Guillaume fils (1871).

(2a) Émile François Désiré Eudes, né en 1843, étudiant en pharmacie, militant blanquiste, il est élu à la Commune par le XIe arrondissement, il est membre de la Commission militaire et de la Commission exécutive. Il se réfugie à Londres après la Semaine sanglante.

(2b) Emile Victor Duval, né en 1840, ouvrier fondeur, président de la mutuelle de sa corporation, blanquiste et membre de l'Internationale, il est condamné à 2 mois de prison le 8 juillet 1870, il anime le Club Démocrate socialiste du XIIIe arrondissement, délégué au Comité central des Vingt arrondissements, il participe aux émeutes du 31 octobre et du 22 janvier. Il est élu chef de la légion du XIIIe et est élu du XIIIe au Conseil de la Commune. Il est fusillé le 4 avril sur les ordres du général Vinoy après les combats malheureux de Châtillon.

(2c) Jules Henri Marius Bergeret, 1830-1905, militaire, puis placier en librairie et correcteur d'imprimerie, il est capitaine au 8e bataillon pendant le Siège, membre du Comité central, colonel de la XVIIe légion, il occupe la place Vendôme le 18 mars, il est élu à la Commune dans le XXe arrondissement, il est arrêté après l'échec du 3 avril et est incarcéré jusqu'au 22 avril, puis il retrouve sa place à la Commission de la guerre. Il se réfugie à Londres puis aux États-Unis.

(3) Maxime Vuillaume, Henri Bellenger et Léon de Marancour - « Hommes et choses du temps de la Commune - Paris Libre Du 18 mars au 4 avril 1871 », tome I. Cette information est confirmée par une demande de Duval à l'état-major: « J'attends des instructions j'ai ici le 14e et 13e 15e pour m'entendre avec chef légion - Répondre immédiatement Duval - Reçu à 11 h 40 (SHAT Ly 3, n°48).

(4) Maxime Vuillaume - Mes Cahiers Rouges - X- Proscrits - Cahiers de la Quinzaine (1914).

(4a) Lucien Félix Henry, étudiant aux Beaux-Arts, 21 ans en 1871, sert comme garde national durant le Siège et est élu au commandement de la XIVe légion ; d'abord condamné à mort par le 19ème Conseil de guerre sa peine est commuée en déportation en enceinte fortifiée. Il est amnistié en 1879. En déportation, il érige le mausolée à Emma Piffault et présente à l'exposition de 1876 un tableau intitulé "Hamlet et le fossoyeur". Il arrive en Australie en 1879 et épouse à Sydney, la « veuve » du Dr Rastoul, Juliette Lopès. Il participe à de multiples activités artistiques et devient enseignant de modelage et de dessin au Sydney Technical College et intervient dans de nombreuses conférences et expositions. Il est l'auteur notamment des vitraux de la mairie de Sydney. En 1891, il part pour Paris et se met en ménage avec une de ses élèves, Frances Broadhurst. Il décède à Le Pavé St Léonard dans la Haute-Vienne en 1896.

(5) Maxime Vuillaume - Mes Cahiers Rouges - X-, op. cit., p. 109.

(6) Sur les quatre compagnies, trois sont engagées, les 2e, 3e et 4e, la 1ère est gardée en réserve (Rapport hebdomadaire, 1ère division, sd, SHAT LY 35).

(7) Plusieurs officiers du 103e dont le commandant Landowski et le capitaine d'armement sont révoqués et remplacés avant juste avant l'offensive (Procès-verbal d'élection du 2 avril, SHAT Ly 62).

(8) Le 2 avril, une partie du 146e est au fort de Montrouge, du 3 au 4, une partie de service au Chemin de fer de ceinture, et ne rejoint le plateau de Châtillon que le 4 (Rapport hebdomadaire, l'ère division militaire du 23 mars 1873, SHAT Ly 35).

(9) La liste des bataillons peut être établie grâce aux « Rapports hebdomadaires » établis par les militaires de Versailles d'après les audiences des procès des Conseils de guerre et étudiant la situation des bataillons de la Garde nationale (SHAT Ly 35). Aux bataillons du XIIIe, du XIVe et du XVe, on trouve des individus ou des parties de bataillons appartenant à d'autres légions (par exemple, Élisée Reclus et François Ducret, faits prisonniers le 4, appartiennent aux 119e et au 163e bataillons du Ve venus en renfort le 4).

(10) Jean Allemane* - Mémoires d'un communard- François Maspéro (1981).

(11) Maxime Vuillaume, Henri Bellenger et Léon de Marancour - op. cit., p. 202.

(12) Maxime Vuillaume - Mes Cahiers Rouge - X, op. cit., p. 110.

(12a) Louis Auguste Sebourg, typographe, 37 ans en 1871, délégué des Volontaires de Montrouge, domicilié 21 rue du Chemin vert, capitaine d'état-major, il se réfugie en Belgique après la Commune.

(12b) Alexandre Julien Roquejoffre, intendant dans la XIVe légion, il appartient au 104e bataillon, il est domicilié au 98 de la rue de la Tombe-Issoire, il est condamné par contumace par le 5ème Conseil de guerre à la déportation en enceinte fortifiée, il se réfugie en Belgique, sa peine est remise en 1879.

(12c) Jean, Conrad Schneider, né en 1839 à Strasbourg (Bas-Rhin), ancien marin, nommé le 19 mars commandant d'Etat-major de la XIVe légion par Lucien Henry, condamné à la déportation en enceinte fortifiée en 1872.

(13) Il sera proposé lors d'une réunion des délégués des bataillons du XIVe le 22 avril à l'élection de chef de légion et très populaire est désigné provisoirement mais c'est Piazza qui sera finalement élu le 25.

(14)  Louis Mezirard, né en 1813 à Corbeil (Seine-et-Oise), condamné en 1851, opposant à l'Empire, libraire, élu commandant du 104e bataillon, condamné en 1872 à un an de prison.

(14a) Louis Ledrux, né en 1840, incorporé au 65e de ligne en 1861, typographe, condamné en 1864 pour abus de confiance, membre de l'Internationale, il habite 113 chaussée du Maine ou 20 rue Vandamme, il combat dans le 136e bataillon pendant le Siège et la Commune, capitaine adjudant-major, il est élu délégué au comité central le 10 mars, lieutenant-colonel, il est désigné au commandement du fort de Vanves par Eudes le 6 avril, il est nommé membre de la cour Martiale le 11 mai ; condamné à mort par contumace par le 3ème Conseil de guerre, il se réfugie à Londres et milite avec les blanquistes; il est amnistié en 1880 (AN BB/24/857). L'histoire du 136e bataillon appelé aussi bataillon des typographes est racontée par Maxime Vuillaume avec le témoignage de Ledrux (Mes Cahiers Rouges IX Lettres et Témoignages - Cahiers de la Quinzaine (1913)). Marcel Cerf indique qu'à la fin de sa vie il fut secouru par Maxime Vuillaume.

(14b) Émile Lecoeur, né en 1844 à Rouen (Seine-Inférieure), ancien militaire, coiffeur, élu commandant du 103e bataillon le 27 mars.

(15) François du Barail, général, 1820-1920, sert en Afrique et au Mexique, ministre de la Guerre en 1873 et 1874.

(16) Pierre Vesinier - Histoire de la Commune de Paris - Chapman et Hall (1871) 420 p., p. 252. Le récit des combats du début avril occupe une trentaine de pages mais comporte des erreurs ou imprécisions.

(16a) Jean Georges (ou Jacques) Leprince, né en 1833, blanchisseur et journalier, condamné pour délit de chasse en 1844 à 50 F d'amende, domicilié à Versailles, commandant du poste du 202ème bataillon, chargé du service des réquisitions à l'état-major du 8ème secteur de la Garde nationale, emprisonné sur ordre de la Commune, il est arrêté le 7 octobre 1871 à Gif-sur-Yvette et jugé pour vagabondage mais il est relaxé le 18 et livré à l'autorité militaire, il bénéficie d'un non-lieu, est arrêté à nouveau en mars 1872, il est accusé d'avoir commandé le poste de la chaussée du Maine. Condamné à la déportation simple, il arrive en Nouvelle-Calédonie le 28 septembre 1873 par Le Calvados, sa peine est commuée en 8 ans de détention en 1876 et remise en 1878. Il rentre par Le Tage en 1877.

(16b) Louis Auguste Badinier, né en 1824, concierge, garde au 202e bataillon pendant le Siège puis au 146e bataillon. Il est condamné par le 19ème Conseil de guerre à 3 ans de prison et 5 ans de surveillance de Haute police.

(17) Maxime Vuillaume, Henri Bellenger et Léon de Marancour - op. cit., p. 202.

(18) Maxime Vuillaume, Henri Bellenger et Léon de Marancour - op. cit., p. 203.

(19) Selon Edmond Lepelletier, la brigade Derroja est composée du 109e et du 110e de ligne et la division Pellé du 19e chasseurs et 39e, 41e, 70e et 71e de marche soit environ 12 000 hommes [Edmond Lepelletier Histoire de la Commune de 1871, III Le gouvernement de l'Hôtel-de-Ville - Mercure de France (1913) - 433 p., p. 274]. Gaston Da Costa indique que la 2e brigade Derroja appartient à la 8ème division de réserve sous les ordres du Général Faron et que la 6e division de Pellé comprend 158 officiers et 3594 soldats répartis en 2 brigades commandées respectivement par le général Péchot et le général de Lacroix (Gaston Da Costa, La Commune vécue, 18 mars - 28 mai 1871, vol I. [Paris], Quantin (1903-1905), p. 330-334).

(20) Joseph Barthélemy Xavier Derroja, général, ? -1871.

(21) Jean Jacques Germain Pellet dit Pellé, général, 1813-1890.

(21a) On ne sait pas s'il s'agit de Jules Chardon* ou Jean Baptiste Chardon**.

*Jules Chardon, né en 1827, fondeur, demeurant 51 rue de l'Ouest, ancien militaire, il appartient au 103ème bataillon pendant le Siège puis aux Volontaires de Montrouge, il est fait prisonnier le 4 avril, il est condamné par le 16ème Conseil de guerre à la déportation simple, il arrive en Nouvelle-Calédonie le 9 février 1873 par Le Var, amnistié en 1879, il rentre par La Loire.

** Jean Baptiste Chardon, né en 1839, ouvrier chaudronnier, orateur dans les clubs, il travaille aux ateliers du chemin de fer à Ivry, il est renvoyé en 1870 pour ses idées révolutionnaires et est condamné plusieurs fois, capitaine au 133e bataillon pendant le Siège, blanquiste, fondateur du club démocrate socialiste du XIIIe, membre de I'A.I.T., signataire de l'Affiche rouge, il est élu à la Commune dans le XIIIe, membre de la Commission de la guerre, il est condamné à mort par contumace.

Vuillaume mentionne plusieurs fois la présence de Jean Baptiste Chardon aux côtés de Duval. Cette présence est confirmée par Benoît Malon (Benoît Malon - La troisième défaite du prolétariat français - G. Guillaume et fils (1871) - 539 p. - Réédition E.D.H.I.S. (1969), p. 195 et 198).

(22) Jean, Philippe Olive, né en 1830 à Frontignan (Hérault), gérant d’une maison de commerce, ancien engagé au 7e régiment de chasseur, volontaire dans la Légion des Volontaires de la France pendant la Guerre, nommé par Duval lieutenant-colonel, attaché à l’ex-préfecture de Police, emprisonné le 7 avril sur ordre de Rigault, condamné à 10 ans de bannissement en 1872.

(23) Orateur du club de la Maison-Dieu, membre de l'Internationale (section Plaisance), membre de la Commission de sécurité publique du Comité de vigilance du XIVe, il est domicilié 20, avenue d'Orléans.

(24) Joseph, Émile Mauger, né en 1837 à Saint-Säens (Seine-Inférieure), employé, ancien militaire au 6e régimen tde hussards, adjudant sous-officier dans le 103e bataillon puis dans les Volontaires de Montrouge.

(25) Pierre Vesinier - Histoire de la Commune de Paris - op. cit., p. 259.

(25a) Louis Boyer: typographe, il habite 19 rue Vandamme, il est vraisemblablement membre de l'Internationale (section Plaisance), il est blessé dans les combats de Châtillon le 4 avril et est fait prisonnier, après une hospitalisation à Versailles, il est emprisonné au château d'Oléron le 6 mai puis au fort des Saumonards.

(25b) Charles Emile Moura cordonnier, demeurant 116 rue de Constantine, garde au 136ème bataillon, il semble avoir été libéré.

(25c) André Rondeau : cocher, demeurant, 27 bvd d'Enfer, garde au 136ème bataillon, il est emmené à Versailles.

(25d) Jacques François Saunier: né en 1816, il meurt le 4 avril à Versailles.

(25e) Leffern ne peut être identifié.

(25f) Gabriel Jules Ducrocq dit le "Général": né en 1842, étudiant en médecine, blanquiste, franc-maçon, membre de l'Internationale, condamné en 1870 pour contravention aux lois sur les réunions publiques, médecin chef du fort de Vanves, il est condamné par contumace par le 4ème Conseil de guerre, il se réfugie à Genève.

(25g) Béguin ne peut être identifié.

(26) Vuillaume accuse Olive de « trahison » pour avoir ordonné la retraite sans qu'aucun autre témoignage ne le confirme. Cela explique peut-être l'arrestation d'Olive sur ordre de Rigault, le 7 avril. (Maxime Vuillaume, Henri Bellenger et Léon de Marancour - op. cit., p. 203).

(27) Rapport hebdomadaire, 1e division militaire du 23 mars 1873 (S.H.AT. LY 35).

(28) Vuillaume donne le chiffre de 7000 sur 10 000 mais les effectifs réels comme indiqués doivent être nettement inférieurs.

(29) Maxime Vuillaume Mes Cahiers Rouges - X, op. cit., p. 114.

(30) La présence de Lucien Henry au plateau avec Duval à ce moment là n'est pas certaine.

(31)  Joseph Florent Caullier, né en 1832 à Paris, employé, secrétaire du commandant de la XIVe légion, capitaine d'Etat-major de la Place à la XIVe légion, condamné par contumace en 1872 à la déportation en enceinte fortifiée.

(32) Ledrux à une heure indéterminée est autorisé par Duval à rejoindre son bataillon à l'arrière.

(33) À propos d'un membre du Comité Central de la Garde nationale dont le nom n'est pas cité, Maxime Vuillaume écrit :

« Un membre du comité central, qui caracolait au milieu des fédérés, est décoiffé par le vent d'un boulet. Blême de peur, il tombe de cheval et va se fourrer dans une casemate abandonnée, souvenir du siège prussien. Son exemple est suivi, trop suivi. » (Maxime Vuillaume, Henri Bellenger et Léon de Marancour op. cit., p. 206).

(34) Maxime Vuillaume Mes Cahiers Rouges - X, op. cit., p. 114.

(34a) Gustave Paul Cluseret, 1823-1900, militaire de carrière, il démissionne en 1858 en raison de divers trafics qui lui sont reprochés, il émigre aux États-Unis et travaille dans une banque, il sert en suite dans l'armée Garibaldi puis dans l'armée nordiste pendant la guerre de Sécession, il revient en France et écrit dans plusieurs journaux, il est emprisonné et adhère à l'Internationale, il retourne aux États-Unis et revient à Paris après le 4 septembre, il participe aux insurrections de Marseille puis de Lyon, il est nommé délégué à la guerre le 3 avril. Élu à la Commune aux élections du 16 avril, il est révoqué le 1er mai et emprisonné, il est libéré le 21 mai et réussit à se réfugier en Suisse.

(34b) Charles Delescluze, né en 1809, clerc d'avoué, il participe à tous les combats pour la République, de nombreuses fois condamné et emprisonné, il est déporté à Cayenne et rentre en 1860. Il est élu maire du XIXe puis député aux élections du 8 février. Il est élu à la Commune pour le XIe et participe à tous les combats, il est tué sur la barricade du Château-d’Eau le 25 mai 1871.

(34c) Auguste Jean Marie Vermorel, né en 1841, journaliste, plusieurs fois condamné, il est élu à la Commune pour le XVIIe, il est blessé sur la barricade du Château-d'Eau le 25 mai 1871 et fait prisonnier le 26, il décède faute de soins quelques jours après.

(34d) Frédéric Etienne Cournet, 1839-1885, il exerce divers métiers et s'installe à Paris en 1868, il collabore au Réveil et est condamné plusieurs fois. Engagé dans la garde nationale pendant le Siège, il est révoqué après le 31 octobre. Élu député le 8 février, il est aussi élu à la Commune pour le XIXe, il est condamné à mort par contumace et se réfugie à Londres.

(35) Cluseret dans ses mémoires fait remarquer à juste titre l'absurdité de ce message en pleine offensive et le parti que pouvait en tirer les Versaillais (Paul Gustave Cluseret - Mémoires du Général Cluseret-Tome 1-Jules Lévy, Éditeur (1887)-284 p., p. 47-48).

(35a) Félix Aimé Pyat, 1810-1889, étudiant en droit, journaliste, député en 1848, il se réfugie à Londres, membre de l'Internationale, il rentre en France en 1869 mais doit s'exiler à nouveau. Rentré après le 4 septembre, il lance le journal Le Combat puis Le Vengeur, élu député le 8 février, il est élu à la Commune pour le Xe, il se réfugie à Londres.

(36) Cette information est confirmée par plusieurs sources. Louis Fiaux écrit :

« [...] La brigade Derroja, tournant par la droite, passe près de Fontenay-aux- Roses et d'efforce de couper la retraite. Cet habile mouvement, rapidement exécuté, réussit grâce à la déclivité du coteau qui le cache aux fédérés: ici encore les troupes hésitent. Plusieurs soldats de ligne au début lèvent la crosse en l'air. Le général Derroja s'avance à cheval au milieu des tirailleurs et, frappant doucement avec le pomeau de son revolver sur la tête d'un de ces soldats conciliateurs, lui dit avec calme : « Vous vous trompez camarades, ce n'est pas de ce côté-là qu'on tire. » (Louis Fiaux - Histoire de la Guerre civile de 1871 - G. Charpentier, Éditeur (1879) 660 p., p. 194).

Pierre Lapirot, garde au 103e bataillon, déclare qu'il a été arrêté à Châtillon, « par la troupe qui s'était avancée en levant la crosse en l'air » (AN BB/24/750).

Un capitaine de la Ve légion rapporte ainsi à Élie Reclus :

« L'ordre nous fut donné hier à 4 heures du matin de partir en éclaireurs pour Châtillon subito. [...] Plusieurs bataillons versaillais débusquent ; ils avancent au cri de «Vive la République!» Feinte ou non, les Parisiens les prennent pour sincère, répondent «Vive la République!» et se laissent approcher en mettant eux-mêmes la crosse en l'air. Quand ils sont presque à portée de baïonnettes, les prétendus amis leur disent: «Vive la République, c'est bel et bien, mais rendez-vous!» » (Élie Reclus - La Commune de Paris au jour le jour- Schleicher Frères (1908) - 390 p., p. 68).

Élisée Reclus écrit :

« [...] Nous arrivons à cinquante sur le plateau, une demi-heure avant que les troupes versaillaises, feignant de passer en armes à la cause de la Révolution, se fassent aider à l'escalade des remparts, aux cris répétés de « Nous sommes frères ! embrassons-nous, vive la République ! » Nous étions prisonniers, et tous ceux que l'on reconnaissait, à leur uniforme ou à leur allure comme ayant été soldats tombèrent fusillés près de la clôture d'un château voisin. » (Élisée Reclus Réponse au questionnaire, dans 1871 Enquête sur la Commune de Paris - Éditions de la Revue Blanche (1897) 160 p. - Extraits des n°91 et 92, année VII, tome XII).

Le Daily Télégraph du 7 avril rapporte des faits semblables mais en insistant sur leur caractère délibéré (voir ci- après).

(37) Note 79 sd (S.H.A.T. op. cit). Ces informations sont confirmées par Henry dans l'interrogatoire du 6 juillet 1871.

(37a) Paul Constantin René Hébert, né en 1837, négociant, dans l'armée de 1855 à 1860, lieutenant au 46e bataillon pendant le Siège, il est domicilié 34, rue de la Gaîté, capitaine responsable de la discipline la légion du XIVe, il démissionne le 27 avril, condamné par le 10ème Conseil de guerre à 5 ans de détention, sa peine est commuée en 5 ans de prison.

(37b) Pierre Charbonneau, alias Sauvêtre, 41 ans en 1871, menuisier, membre de l'Internationale, il appartient au 103e bataillon et habite rue St Jacques, il arrive en Nouvelle-Calédonie le 2 novembre 1872 à bord de La Guerrière (matricule 138), Charbonneau est connu pour la querelle et le duel qui l'ont opposé à Ducos près du cimetière, à Henri Bauer, l'histoire est rapportée par Bauer lui-même dans Les Mémoires d'un jeune homme (Charbonneau - Carbonnel) et dans L'Echo de Paris.

(38) LY 3, Commune de Paris, S.H.A.T. 27.

(39) Cet ordre (copie dans Commune de Paris, Mairies de Paris, LY 27, S.H.A.T.), émane peut-être de Lucien Henry car le destinataire, clairement indiqué (« Citoyen commandant la place »), ne saurait être que Henry Louis Prod'homme*, qui signe ses ordres, malheureusement pour les historiens, « Général Henry » et est souvent confondu avec Lucien Henry**.

*Henry Louis Prod'homme, né en 1844, ingénieur, agent d'affaires, colonel d'État-major de la Commune et Gouverneur de la place de Paris, condamné à mort par contumace, il se réfugie à Jersey puis en Belgique. Il décède en 1924.

** Les Henry sont fort nombreux dans les rangs de la Commune, et d'ailleurs le rapport du Commissaire de Colligny à l'instruction fera lui aussi la confusion et Lucien Henry sera interrogé sur ses liens de parenté avec Prod'homme, ce qu'il démentira sèchement à deux reprises.

(39a) Émile Jean Marie Tournois, né en 1841, artiste peintre, membre du Comité central de la garde nationale, membre du conseil de la XVe légion (127ème bataillon), il est condamné par contumace par le 6ème Conseil de guerre à la déportation en enceinte fortifiée.

(39b) Étienne Godar, employé des chemins de fer, commandant de la gare de l'Ouest, il est condamné par contumace à 3 ans de prison.

(39c) Élisée Jean Jacques Reclus né en 1830 est très connu pour ses travaux de géographie, lié à Bakounine, il participe à la fondation de l'Alliance internationale de la démocratie socialiste. Il appartient au 119ème bataillon du Ve et reconnaît avoir tiré « 4 ou 5 cartouches ». Interné à Satory après son arrestation, il est condamné à la déportation simple mais après deux pétitions en sa faveur, la peine est commuée en dix ans de bannissement. Son frère Paul Reclus, médecin échappe à l'arrestation.

(40) Élisée Reclus - Réponse au questionnaire, dans 1871 Enquête sur la Commune de Paris - op. cit.

(40a) Jean, Mathieu Moiset, né en en 1825 à Brabant-sur-Meuse (Meuse), découpeur en papier à lettres et gravures, condamné en 1872 à un an de prison.

(41) SHAT, GR 8 J 348 (165).

(42) La mort de Duval est annoncée à la Commune le 4 au soir par Jean Baptiste Chardon qui s'il était sur le plateau, a réussi à s'échapper.

(43) Maxime Vuillaume - Mes Cahiers Rouges - X, op. cit., p. 115. Ce témoignage recoupe celui de Henry selon lequel, il n'avait plus ses galons au moment de son arrestation.

(44) Benoît Malon, La troisième défaite du prolétariat français - op. cit., p. 199 à 201 et Louise Michel - La Commune - P.V. Stock (1ère éd 1898, 2ème éd 1921, 8ème éd 1921) - 427 p., p. 410-413.

(45) Il est impossible de l'identifier.

(46) Mémoires d'un communard - op. cit.

(46a) Louis Joseph Ernest Picard, 1821-1877, journaliste député, ministre des Finances dans le gouvernement de la Défense nationale puis ministre de l'Intérieur en avril-mai 1871.

(47) Paul Lanjalley et Paul Corriez - Histoire de la Révolution du 18 mars - Librairie Internationale Lacroix- Verboeckoven (1871)-570 p., p. 210 et Édmond Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, III Le gouvernement de l'Hôtel-de-Ville - op. cit., p. 297.

(48) Les deux télégrammes sont reproduits dans Paul Lanjalley et Paul Corriez- Histoire de la Révolution du 18 mars - op cit. et dans Journal des Journaux de la Commune, T I, Garnier Frères (1872) 469 p. (p. 247-248) et sont repris mot pour mot dans une affiche signée par A. Thiers.

(49) Léonce Dupont - Souvenirs de Versailles pendant la Commune - E. Dentu Éditeurs (1881) 292 p., p.

(50) La lettre est lue à la Commune le 5 avril par Cournet et le texte paraît au Journal Officiel de la Commune le 6 avril et figure dans Journal des Journaux de la Commune, op. cit., p. 259, dans Benoît Malon - op. cit., p. 199 et dans le livre de Georges Bourgin - La Commune 1870-1871 Flammmarion/Les Éditions Nationales (1938) - 449 p., p. 313.

(50a) Camille Barrère, 1851-1940, commandant d'artillerie dans la garde nationale sous la Commune, il participe à l'insurrection, condamné par contumace par le 20ème Conseil de guerre, il s'enfuit à Londres. Il est ambassadeur de France à Rome de 1897 à 1924 et académicien. On peut s'étonner de la présence d'un garde national à Versailles en peine offensive contre la Commune !

(50b) Prosper Olivier Lissagaray, né en 1830, il crée à Paris en 1860 une université populaire. Journaliste à l'Action et au Tribun du Peuple, il se bat sur les barricades pendant la Semaine sanglante, il échappe aux Versaillais et se réfugie en Belgique et en Angleterre. Il est l'auteur de l'Histoire de la Commune aux multiples éditions.

(51) Louis Fiaux indique de la même façon : « Conduits aux Grandes-Ecuries, les prisonniers sont deux jours après jetés dans des wagons à bestiaux et à marchandises et emmenés sous escorte de sergents de ville partie à Brest, partie à Lorient. » (Histoire de la Guerre Civile de 1871 - op. cit., p. 196).

(52) Major H. de Sarrepont (Eugène Hennebert) Guerre des Communeux de Paris, 18 mars-28 mai 1871 - Firmin Didot frères et fils (1871) - 368 p.

(53) La XIVe légion verra se succéder cinq commandants pendant la Commune dont aucun ne saura s'imposer.

(53a) Emmanuel Jean Jules Chauvière, né en Belgique en 1850, cordonnier, blanquiste, membre de l'Internationale, orateur des clubs, condamné trois fois sous l'Empire, signataire du Manifeste contre la guerre, signataire de l'Affiche rouge, sergent major aux Francs-Tireurs de la Seine sous le Siège, puis garde au 82e bataillon, il est fait prisonnier à Châtillon le 4 avril et condamné à 5 ans de prison par le 11ème Conseil de guerre.

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