Napoléon III venait d’être battu et fait prisonnier par les Prussiens à Sedan le 2 septembre. L’Empire effondré, les Républicains prenaient le pouvoir à Paris.

 Lyon le 4 septembre 1870 -  La prise de l'Hôtel de ville (le Monde Illustré du 1er octobre 1870)
Lyon le 4 septembre 1870 -  La prise de l'Hôtel de ville (le Monde Illustré du 1er octobre 1870)

 

Les républicains lyonnais hissent le drapeau rouge

À Lyon, le 4 septembre, un groupe descendu de la Croix-Rousse, Vaise et la Guillotière, s’empare de la mairie à 8 heures du matin, avec à sa tête Jacques-Louis Hénon. Âgé de 68 ans, c’est un des rares députés républicains sous l’Empire. C’est un modéré.
Un Comité de salut public est constitué, ses membres apparaissent au balcon de l’Hôtel de Ville, place des Terreaux. Sous les acclamations de la foule massée sur la place, ils proclament la République, quelques heures avant Paris.
Une affiche décrète la déchéance de l’Empire. Et, pour symboliser le changement de pouvoir, le drapeau tricolore est remplacé à 10 heures par le drapeau rouge. Il y restera jusqu’au 4 mars 1871.
Les troupes impériales se rallient aux républicains. Le Comité de salut public, dont un des co-présidents est le néo-babouviste Jean-Marie Perret, prend des premières mesures, essentiellement de défense contre la menace prussienne, mais pas seulement. Ainsi, le 14 septembre, il prend un arrêté instaurant l’école laïque « considérant que l’enseignement donné par les congrégations religieuses est contraire à l’esprit républicain ».

 

Affiche de la 1ère  Commune de Lyon - 4 septembre 1870 (source - Archives minicipale de Lyon)
Affiche de la 1ère  Commune de Lyon - 4 septembre 1870 (source - Archives minicipale de Lyon)

Bakounine tente d’instaurer la commune de Lyon

Pour remplacer le comité de Salut public, une nouvelle municipalité est élue au suffrage universel, le 15 septembre, avec à sa tête Hénon et une majorité de républicains bourgeois. Toutefois, parmi les conseillers, on retrouve Jean-Marie Perret qui ne se représentera pas lors des élections du 30 avril 1871.
Mais les internationalistes veulent déborder cette municipalité « bourgeoise » en soulevant la ville contre elle. Ils appellent Michel Bakounine, qui arrive de Genève le 15 septembre. Ils se réunissent à la Guillotière, le 26 septembre au soir. Ils créent la Fédération révolutionnaire des communes et font apposer une affiche rouge qui appelle à l’insurrection, affiche dont l’article premier proclame « l’abolition de l’État bourgeois ».
Le 28 septembre, 8000 ouvriers se réunissent place des Terreaux. La mairie est envahie par une centaine de personnes, avec à leur tête Eugène Saignes, Bakounine, Albert Richard et Bastelica.
Saignes proclame la déchéance des autorités élues et nomme Gustave Cluseret « général en chef des armées révolutionnaires et fédératives du midi de la France ». Tandis qu’il harangue la foule, Bakounine, reconnu par un groupe de gardes nationaux fidèles au maire, est arrêté. Alertée, la foule se précipite pour libérer le révolutionnaire. La confusion est totale. Les ouvriers sont sans armes face à la troupe et à la Garde nationale, appelées en renfort. Cluseret se refuse à marcher à l’affrontement et Albert Richard conseille de se retirer devant le Conseil municipal élu.
Vers 18 heures, tout est terminé, la tentative d’insurrection est un échec. Dès le lendemain, Bakounine met sur le compte de Cluseret la responsabilité de cet échec.
Il écrira plus tard, dans une lettre du 14 février 1872, que la « couardise de l’attitude de Richard a été une des causes principales de l’échec du mouvement lyonnais du 28 septembre ».
Le 29 septembre, fuyant la répression, Bakounine quitte Lyon à destination de Marseille, puis Locarno et la Suisse via Gênes. Il n’a plus foi en la possibilité de voir une révolution triompher en France.
Cependant une deuxième tentative d’insurrection aura lieu à Lyon au printemps, avec le retour de Bakounine, qui voit Lyon comme la capitale du socialisme. Mais ce sera encore un échec.
Quant à la Commune de Paris, Bakounine ne crut pas réellement à sa possible victoire. Il souhaita seulement que la défaite soit héroïque.
Mais ceci est une autre histoire…

 

DENIS ORJOL

 

Sources :

Le Progrès de Lyon, Le Maitron.

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