Le pédagogue libre penseur

Jean Rama dit Joanny naît le 25 juil­let 1828 à Lyon. En 1850, il s’op­pose à la loi Falloux. Il est un des instituteurs révoqués par l’Empire. Après le métier de fondeur, il devient employé du chemin de fer. Il réside alors dans le Cher, à Bourges, dans une rue animée, avant de s’installer à Paris, 11, rue Caroline dans le 17e.

Jean Rama (1828-1902) - Collection particuliere d'Helene Talmon, son arriere-petite-fille (source : Le Maitron)
Jean Rama (1828-1902) - Collection particuliere d'Helene Talmon, son arriere-petite-fille (source : Le Maitron)

Le Journal du Cher, le samedi 29 avril 1871, écrit :

« Encore un citoyen bien connu à Bourges qui figure parmi les auxiliaires de la Commune de Paris. C’est M. Rama, lequel habitait la rue d’Auron il y a peu de temps encore. Ce patriote, qui professe l’athéisme le plus pur, vient d’être nommé membre de la commission d’enseignement, par le citoyen Vaillant (de Vierzon), délégué de la Commune. »

Le Journal du Cher, principal journal du département, fondé en 1819, consacre en effet des échos à des personnalités du département, comme Félix Pyat (1810-1889), très célèbre à ce moment pour ses écrits théâtraux ou politiques. Ce quatre pages ne veut pas risquer la censure ou l’interdiction. Il est hostile à la Commune, mais sans excès, pour ne pas choquer ses lecteurs.

Affiche de la Commune de Paris du 3 avril 1871 - Nomination de Rama dans le XVIIe (source : La Contemporaine – Nanterre / argonnaute.parisnanterre.fr)
Affiche de la Commune de Paris du 3 avril 1871 - Nomination de Rama dans le XVIIe (source : La Contemporaine – Nanterre / argonnaute.parisnanterre.fr)

Rama projette de créer un internat en banlieue parisienne. Il milite pour une éducation gratuite, obligatoire et laïque. Il devient le collaborateur de La République des travailleurs, du 10 janvier au 4 février 1871. Pendant la Commune, il est délégué à l’instruction communale du 17e arrondissement, désigné par la société L’Éducation nouvelle. Les délégués demandent que l’éducation dogmatique ou religieuse soit laissée à l’initiative des familles.

Elle doit être immédiatement supprimée pour les enfants des deux sexes, dans toutes les écoles, dans tous les établissements dont les frais sont payés par l’impôt.

Le 8 avril, les enseignants des deux sexes, dans les écoles et salles d’asile publiques du 17e arron­dissement, sont invités à se conformer à ces ins­tructions : emploi exclusif de la méthode expéri­mentale, scientifique, celle qui part toujours de l’observation des faits. L’enseignement de la morale sera à la fois usuel et théorique, dégagé de tout principe religieux, destiné à tous, sans bles­ser qui que ce soit. Au sein de la commission de l’enseignement, il soutient l’organisation, dans les délais les plus brefs, d’un enseignement primaire et professionnel sur un modèle uniforme et laïque.

Jean Rama est traduit le 21 juillet devant le tri­bunal correctionnel. Il est condamné à 6 mois de prison (pour immixtion dans des fonctions publiques).

En 1875, il ouvre, avec sa femme Émilie, un pen­sionnat laïque de filles à Bourg-la-Reine. Ils étaient pour la mixité scolaire. Les méthodes d’en­seignement étaient particulièrement rationnelles et scientifiques. Les élèves choisissaient selon leurs goûts et leurs aptitudes. En 1881, le minis­tère de l’Instruction publique envoya des bour­sières d’État à l’institution Rama. Le couple Rama s’investit dans le domaine social. Ils contribuèrent au journal féministe La Citoyenne. Jean Rama se distingua aussi par des discours de libre-penseur aux obsèques civiles. Il tint des conférences publiques. Il mourut le 19 mai 1902. Ses obsèques furent civiles.

JEAN-PIERRE GILBERT ET MICHEL PINGLAUT

Jean Rama figure parmi les 215 Chériens et Chériennes dans le livre de Jean-Pierre Gilbert, La Commune & Les communards du Cher, éditions L’Alandier, 2020.

Sources :

Archives du Cher ;

Blog Vaillantitude du comité du Berry ;

Le Journal du Cher ;

Le Maitron.

 

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