PASCHAL GROUSSET (1844-1909)
Actes du colloque organisé par l’association Adiamos 89 le samedi 28 novembre 2009.
Paschal Grousset (1844-1909), Actes du colloque, Les Cahiers d’Adiamos 89, n°4, mai 2010, 107 p. , 10 €; Adiamos 89, 7 rue des Mésanges 89000 Auxerre
CENTENAIRE PASCHAL GROUSSET (1844-1909)
À l’occasion du centenaire de son décès, le 10 avril 1909, plusieurs associations ont souhaité, à travers un colloque, rendre hommage à Paschal Grousset, né à Corte en 1844 où son père est principal de collège et qui a été l’un des plus célèbres et aussi un des plus méconnus combattants de la Commune et député socialiste de la IIIe République naissante.
Tour à tour, principal de collège à Montauban, journaliste et polémiste républicain sous l’Empire, délégué aux relations extérieures de la Commune de Paris, déporté au bagne en Nouvelle-Calédonie, évadé et exilé à Londres, écrivain de science-fiction et « collaborateur de Jules Verne » sous le le nom d’André Laurie, vulgarisateur des systèmes éducatifs européens sous le nom de Philippe Darryl, créateurs de la Ligue Nationale de l’Education Physique, introducteur en France du football et des jeux de plein air, opposant à l’olympisme du baron de Coubertin et créateurs des lendits, député socialiste de 1893 jusqu’à sa mort.
Les colloques organisés à Grisolles, sous la direction d’Alain Braut, et à Auxerre, sous celle de Michel Cordilliot, ont permis d’aborder les différents aspects de son œuvre pluridisciplinaire, tant dans le domaine politique assez connu que dans la pédagogie et la pratique sprotive qui sont largement ignorées.
Pierre-Henri Zaidman
Centenaire Paschal Grousset (1844-1909), Actes du colloque de Grissolles (10-11 avril 2009), Chistian Laucou-Editions Des Barbares, 2009, 256 p. 24 €
Voir également : Paschal Grousset, De la Commune de Paris à la Chambre des députés, de Jules Verne à l’olympisme de Xavier Noël, Les impression nouvelles, 2010, 284 p., 29,50 €
ROSSEL
Ce livre permet à mes yeux de rehabiliter Rossel, souvent critiqué pour sa rigidité, mais républicain sincère, honnête homme qui a été jusqu’au bout de son idéal.
L’auteur nous faire part des positions de Rossel alors qu’il se trouvait à Metz avec Bazaine
« tant qu’il y a en France un centre de résistance, et ce centre existe à Paris, il ne faut accepter avec l’ennemi aucun compromis, ne signer aucun engagement sous aucun prétexte. Et cela sous peine d’être criminel » ?
Cette phrase résume à elle seule la caractère de Louis Rossel, face à Bazaire qui osa dire « ces va-nu-pieds de républicains ». Je pense qu’il est bon de signaler ces citations qui nous donnent une idée précise des états d’esprit différents dans l’armée, où Rossel bien entendu était minoritaire. On comprend aussi pourquoi chez lui, l’officier l’emporte sur le républicain, mais il n’a rien d’un courtisan. Il critique l’inorganisation des bataillons à Paris, mais est l’ami de Malon, Gérardin, Vallès.
Il reçoit même une lette d’André Léo qui le remercie de son attitude envers les femmes.
C’est dans ce livre que l’on apprend la complexité du caractère de Rossel. Son éducation bourgeoise et militaire l’empêche de supporter l’indiscipline d’hommes souvent inexpérimentés et nous font regretter ses jugements à l’emporte pièce sur le peuple.
On ne peut à travers cette lecture qu’apprécier l’homme qui a témoigné en faveur de « Pipe en Bois » et a dit lors de son procès « le pays pour moi, c’était la Commune ». Il est exécuté le même jour que Ferré et Bourgeois.
Livre important qui part seulement des faits et des événements, et sans porter de jugement et permet ainsi au lecteur de mieux apprécier cet homme jeune. Il ne faut pas oublier qu’il n’avait que 26 ans. Malgré ses défauts et une certaine morgue, il est sincère dans son combat contre l’occupant et son soutien à la Commune.
Annette Huet
Edith Thomas, Rossel, Gallimard Coll. Figures.
UN INCONNU DE LA COMMUNE
L’histoire générale de la Commune de Paris a été analysée avec plus ou moins de pertinence (le dernier livre en date, celui de Pierre Milza : L’année terrible, t 2, La Commune, Perrin, 2009, est honnête sans plus) mais un gros travail de recherche reste à faire sur les quartiers, les clubs, les unités de la Garde nationale. Les inconnus de la Commune à découvrir sont encore nombreux pour ceux qui s’intéressent encore à l’histoire sociale qui malheureusement va bientôt disparaître du paysage universitaire français que ne fréquentera qu’une poignée de chercheurs anglais et américains. Parmi ces oubliés de l’histoire, il y a Fernand Janssoulé qui n’a pas cherché à devenir une figure héroïque de l’insurrection communaliste mais se voulait simplement citoyen et poète. Les événements l’ont plongé au cœur d’une épopée tragique en l’installant commandant de la place d’Asnières puis chef des lascars de Montmartre, un des nombreux groupes de francs-tireurs.
Après la défaite, détenu à Landerneau, il continue de se battre dans sa geôle et arrache sa libération en 1876. Epuisé, il poursuit ses publications d’auteur dramatique sans grand succès, il est interné à Ville-Evrard avant de s’éteindre en 1883.
Pierre-Henri Zaidman
Yves Carcenac, Ferdinand Janssoulé, Le lascar de Montmartre, un franc-tireur de la Commune, Gérald Dittmar, 2010, 344 p., 20 €
LES ÉCRIVAINS CONTRE LA COMMUNE
À quelques notables exceptions près (Hugo, Vallès, Rimbaud, Verlaine), la plupart des écrivains calomnièrent la révolution de 1871, avec des mots d’une rare violence. La Commune : « Un gouvernement du crime et de la démence », selon Anatole France. Sommet de l’ignominie, le portrait du peintre Courbet par Alexandre Dumas fils : « De quel accouplement fabuleux d’une limace et d’un paon, de quelle antithèse génésiaque, de quel suintement sébacé peut avoir été généré, par exemple, cette chose qu’on appelle M. Gustave Courbet ? » Parmi ces détracteurs de la Commune, on retrouve d’autres grands noms de la littérature française : Flaubert, Daudet et même Sand et Zola. Mais les choses ont bien changé depuis le XIXe siècle. « Plus aucun ouvrage ne fait désormais l’apologie de Thiers et des Versaillais », constate l’auteur, Paul Lidsky, dans la post-face de l’édition de 2010. Il note un intérêt croissant pour cet événement : « Depuis le centenaire de 1971 et surtout depuis les années 1990, la Commune n’a jamais été aussi présente dans les livres et la culture. Cela dans tous les domaines possibles : romans, nouvelles, théâtre, littérature policière, bandes dessinées, romans pour la jeunesse. »
John Sutton
Paul Lidsky, Les écrivains contre la Commune, La Découverte [rééd 2010] 199 p. 9,50 €