RUE TROUSSEAU

Jean Orvane, Rue Trousseau, Les éditions La Bruyère (1994)

Dans ce roman qui a pour cadre le Paris de la fin du Second Empire, de l’aube de la Troisième République et de l’exaltante Commune, l’auteur dresse un pittoresque tableau des beaux quartiers d’Haussmann et surtout des quartiers populaires : le faubourg Saint-Antoine et son artisanat frondeur.

L’intrigue est soutenue par un style percutant et un rythme trépidant, jamais l’attention ne retombe.

Une écriture, haute en couleur, dépeint les contrastes violents entre l’arrogance de la grande bourgeoisie et la misère de la classe ouvrière. Mais rien d’artificiel dans l’inexorabilité des conséquences de la révolution industrielle pour les travailleurs. Aucun dogmatisme ni manichéisme primaire ne vient fausser la démonstration.

Les protagonistes du roman ne sont pas des marionnettes, ils vivent intensément avec leurs qualités et leurs défauts. Ils sont proches de nous ; nous les avons rencontrés un jour. Une sensualité très saine les habite et l’auteur nous fait partager, avec truculence, leurs passions les plus intenses, sans oublier la radicalisation de leurs combats après la naissance de la Première Internationale.

Même si l’on connaît l’issue fatale des soixante-douze jours de la Commune, le lecteur ne se laisse pas envahir par les horreurs de la répression, car au-delà, des massacres subsiste un message d’espoir.

Marcel Cerf

Jean Orvane, Rue Trousseau, Les éditions La Bruyère (1994)

 

CONTRE LA PRÉSIDENCE POUR LE DROIT AU RÉGICIDE

Félix Pyat, Contre la présidence pour le droit au régicide, Les Amis de Paris-Zanzibar

Félix Pyat, élu à la Commune dans le Xe arrondissement, fut un homme politique très controversé, même dans ses propres rangs. Il eut cependant quelques fervents partisans en raison de son indéfectible fidélité aux principes révolutionnaires. Le célèbre dramaturge du Chiffonnier de Paris était aussi un redoutable pamphlétaire. Dans le présent recueil de textes, rejette énergiquement tout pouvoir personnel quelle que soit son origine : héréditaire, dictatoriale, constitutionnelle ou élective. Il refuse que l’exécutif domine le législatif et il considère inutile la création d’un Sénat.

Lors de son décès Séverine lui rendit hommage :

« Pyat défendit les pauvres, aima les chiens, les roses, les femmes – Que la terre lui soit légère ! ».

Marcel Cerf

Félix Pyat, Contre la présidence pour le droit au régicide, Les Amis de Paris-Zanzibar.

 

LA COMMUNE DE PARIS

Karl Marx, La Commune de Paris, Le temps des Cerises.

Lire ou relire l’Adresse du Conseil général de l’Association Internationale des Travailleurs connu sous le nom La guerre civile en France reste un exercice indispensable, vivifiant, passionnant pour tous les membres de notre association et pour tous les citoyens.

Karl Marx, deux jours après la fin des combats de l’épopée et de l’assassinat d’Eugène Varlin, admirable militant de la 1ere Internationale, propose une lumineuse analyse des évènements.

Il souligne, dans un style vigoureux, sans langue de bois, les réussites et les erreurs de ces semaines lumineuses et tragiques.

Il existe sur le « mandat impératif des électeurs » pouvant « renvoyer » les élus, dénonce les « ruraux », trouve les mots justes pour Thiers « nabot monstrueux ».

Claude Willard, dans une trop brève préface, rappelle que ce texte « demeure encore une source d’une richesse incomparable pour comprendre la Commune et son retentissement ».

Pierre Ysmal

Karl Marx, La Commune de Paris, Le temps des Cerises.

 

LA COMMUNE À NOUMÉA

Georges Cavalier, La Commune à Nouméa, Séguier éditeur.

Vaudeville en 1 acte datant de 1872, écrit par un Communard condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie.

Le drame de la Commune va se rejouer devant nos yeux, mais avec un traitement comique cette fois-ci, entre Taille-la-Plume, un droit commun du Second Empire qui s’est enfui du bagne en se déguisant en sauvage, et Mal-Tombé, un Communard déporté. Il s’agit d’un vaudeville dans la plus pure tradition du « Théâtre de Boulevard français », comportant quiproquo, révélation, rebondissements, sans oublier chansons et bons mots.

La Commune, après sa répression tragique, sera pour une fois traitée à la rigolade. Tout est léger dans cet acte : on prend l’Hôtel-de-Ville comme on prendrait un verre. C’est à qui, des deux personnages, boira le plus et fera le plus de décrets, et des plus cocasses.

L’auteur se laisse guider par le langage, suivant le cheminement de la création verbale. Mais la farce ne masque pas la critique, même menée sur le mode léger, de la Commune et de ses dirigeants.

Jean-Luc Debry

Georges Cavalier, La Commune à Nouméa, Séguier éditeur.

 

CULTURE POUR TOUS

Collectif, La culture pour tous, Éditions Berenice.

C’est avec un égal bonheur que poètes, écrivains, plasticiens et photographes se partagent les pages d’un ouvrage que les Éditions Berenice viennent d’éditer :

« La culture pour tous ».

Dans le riche foisonnement de ces articles, figure une intervention de notre ami Georges Aillaud sur La Commune de Paris de 1871 et la culture. Que ce soit pour l’enseignement professionnel pour les garçons comme pour les filles, pour le théâtre, la littérature, les arts plastiques, tout y est abordé ainsi

« lorsque Édouard Manet proposera de décorer la Salle des Séances de l’Hôtel-de-Villes, illustrant la vie de Paris, ce sera un refus. Il n’est pas question de glorifier Paris après la Commune. Comme quoi même l’art plastique est dangereux s’il s’adresse à tous en montrant la réalité vécue, à fortiori, quand elle est révolutionnaire ».

Félicitons-nous que dans ce livre de « Culture pour tous », l’écrivain Valère Strasalski y ajoute « haute définition », la Commune ait trouvé sa place.

Robert Goupil

Collectif, La culture pour tous, Éditions Berenice.

 

ROBIDA, TÉMOINS DU SIÈGE ET DE LA COMMUNE

Robida, témoin du siège et de la Commune, N° spécial du Téléphonoscope, bulletin de la Société des Amis d’Albert Robida, N° 8, juin 2002.

Ce numéro spécial attire l’attention sur cet écrivain illustrateur dont l’œuvre n’est que très partiellement connue. S’il fut garde national Robida n’est pas communard, même sis ses amis illustrateurs le sont. Il se veut témoin en ces temps où l’illustration et le reportage vont de pair. Peut-être nous faudra-t-il attendre la publication intégrale des textes de Robida pour porter un jugement global sur sa position.

L’album de croquis paru peu après la Commune a dû souffrir du climat de la répression. Comment la « dernière barricade », la plus connue de ses illustrations, il fera plus tard (malicieusement ?) allusion au fait que le versaillais Paul Déroulède y fut blessé. Mais ce qui nous paraît peut-être le plus significatif c’est la partie du « XXe siècle » avec ses « révolutions décennales » et ses anticipations qui ne sont pas sans correspondance avec celle de Tony Moilin.

On y sent la Commune en transparence, ce que montre bien l’article de Sandrine Doré dans ce numéro. De même, comme elle le signale à juste titre, la place donnée aux femmes. Ce numéro très illustré est déjà une contribution précieuse à une meilleure connaissance des rapports de Robida avec la Commune. On ne peut que souhaiter la publication intégrale des textes et des dessins de Robida, témoin exceptionnel et talentueux.

Raoul Dubois

Robida, témoin du siège et de la Commune, N° spécial du Téléphonoscope, bulletin de la Société des Amis d’Albert Robida, N° 8, juin 2002.

 

LA COMMUNE DE PARIS À L'ÉPREUVE DU DROIT CONSTITUTIONNEL

Pierre Boisseau, La Commune de Paris à l'épreuve du droit constitutionnel, Université d’Auvergne, 2001.

Auteur, en 1993 d’un mémoire sur « les choix constitutionnels opérés dans les pays d’Europe centrale et orientale au lendemain de la chute du mur de Berlin », Pierre Boisseau, Maître de conférences à l’Université de Tours, a soutenu en décembre 1998 une thèse reprise dans un ouvrage intitulé La Commune de Paris de 1871 à l’épreuve du droit constitutionnel, publié à la fin de l’année 2000. Cet ouvrage de 426 pages, très documenté, doté d’une bibliographie et d’annexes fort intéressantes, présente sur le sujet traité, une solide argumentation.

Dans son introduction à la « Grande histoire de la Commune » publiée en 1970, Georges Soria écrivait déjà que pour échapper à l’écueil de donner de la Commune une « image appauvrie », « l’historien à lui seul est quasiment impuissant ». Il précisait cette affirmation en disant qu’il faut compter avec « les apports des sociologues, des philosophes, de tous ceux, en résumé, sans le concours desquels la première grande révolution de l’époque du machinisme risque d’être ramenée à un schéma ». Il proposait de « recourir à l’approche sociologique, à l’histoire des idées, à la connaissance interne des mécanismes psychiques (collectifs et individuels) ainsi qu’à l’état économique réel de la France et de sa capitale en 1871. »

Vaste programme qui, en dépit du nombre et de la qualité des travaux publiés sur la Commune de Paris, laisse cette suggestion ouverte sur un large champ de recherche. Espérons – soit dit en passant – que le « Guide des sources d’archives de la Commune de Paris et du mouvement communaliste 1864-1880 » en cours d’élaboration contribuera à susciter des vocations nouvelles.

S’il est vrai que l’histoire politique, si longtemps décriée, est devenue une « science carrefour » pluridisciplinaire, il faut bien constater, comme le fait Pierre Boisseau, que la Commune, cette « Révolution juridiquement atypique », n’a guère suscité l’intérêt des juristes.

Ayant procédé à une étude préalable d’une quarantaine de manuels de droit constitutionnel, d’histoire des institutions et de science politique, il a noté qu’elle y soit ignorée, soit simplement évoquée comme un évènement historique, soit présentée comme une forme de gouvernement.

Le premier mérite de cet auteur est bien, ainsi que le souligne Jean-Pierre Massias, professeur agrégé des Facultés de droit, d’avoir soutenu une thèse qui peut être considérée comme « l’hommage des juristes aux communards dans leur volonté de rénovation de la démocratie », ou, ainsi que le souligne Jean Rossetto, doyen de la Faculté de droit de Tours, « une réflexion suffisamment rare pour être soulignée sur les relations entre le droit constitutionnel et la notion de révolution ». On retiendra aussi que la Commune est une composante prestigieuse de l’histoire du mouvement ouvrier français et international - une dimension  que l’auteur n’ignore pas puisqu’il consacre de larges développements critiques aux analyses des penseurs de ce mouvement tels que Karl Marx et plus tard Lénine – elle doit être perçue, ainsi qu’il le rappelle dans sa conclusion après avoir traité au long de l’ouvrage – comme « partie prenante de l’histoire de la République française ».

Je pense que le moment est venu, en poursuivant autant qu’il le faudra la réfutation des adversaires plus ou moins patentés de la Commune, de s’engager dans un rejet argumenté des interprétations partisanes et des instrumentalisations dont elle a fait l’objet au long des cent trente années qui nous séparent de l’évènement.

Je continuerai pour ma part, en y exposant modestement ma responsabilité personnelle, à travailler dans ce sens. Cela me permet de ressentir pleinement que les analyses de Pierre Boisseau ont un autre mérite, et non des moindres, celui de pouvoir susciter des discussions, voire des controverses, et  en tout cas de s’inscrire dans une voie originale de la recherche. Autrement dit, une promesse de débat, et en attendant, un conseil amical : lisez le livre de Pierre Boisseau. 

René Bidouze

Pierre Boisseau, La Commune de Paris à l'épreuve du droit constitutionnel, Université d’Auvergne, 2001.

 

MIGRAPHONIES

MIGRAPHONIES, 49 rue Daguerre, 75014 Paris.

Décidément, il est réconfortant que dans diverses publications, parmi les articles abordant divers sujets qui vont de la littérature, à la poésie, la musique et la danse, la Commune retrouve sa place toute naturelle. Interviewé par Patrick Navaï, notre ami Raoul Dubois retrace les grandes heures de la Commune, souligne le rôle prééminent des femmes, André Léo, Nathalie Le Mel, Elisabeth Dmitrief et Louise Michel et de beaucoup d’autres et déplore l’obstination inconsidérée des manuels d’histoire à ignorer cette épopée.

L’on se réjouit de cette revue numéro 2 qui largue à nouveau ses amarres.

L’on sait, par expérience ce qu’il faut de ténacité, d’engagement et de difficultés pour éditer des textes que les médias peu scrupuleux bannissent tant ils apparaissent comme à contre-courant de ce que, eux, supposent comme intéressant alors qu’elles reflètent un esprit, dans le sens large du terme, comme nous souhaitons en rencontrer plus souvent.

Robert Goupil

MIGRAPHONIES, 49 rue Daguerre, 75014 Paris.

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