UNE RÉÉDITION ATTENDUE

Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Editions Mémoire du Livre, Paris, 2000.

Le poète et romancier Bernard Noël vient de publier une édition augmentée de son Dictionnaire de la Commune. Ce dictionnaire est un outil de recherche qui permet d’aborder thématiquement tous les aspects du mouvement communaliste et d’identifier – grâce à de succinctes biographies – les principaux protagonistes des évènements parisiens et provinciaux de 1870-1871. Incontournable

Rémy Valat

Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Editions Mémoire du Livre, Paris, 2000.

 

ROSSEL

Franz Van der Motte, Mourir pour Paris insurgé, L’Harmattan.

En quelques semaines, dans l’inoubliable et lumineux printemps 1871, des idées germent, porteuses d’avenir, des hommes et des femmes apparaissent dans ce Paris qui se dresse contre les hordes de nantis manipulées par Thiers, le rat visqueux qui a profité de tous les régimes pour s’enrichir et pour dénoncer ces classes dangereuses, c'est-à-dire le peuple immense des travailleurs.

Louis-Nathaniel Rossel, polytechnicien, colonel du génie auxiliaire, choisit le 19 mars 1871 de se rendre à Paris pour se mettre

« à la disposition des forces gouvernementales qui peuvent y être constituées ».

Un acte inouï, une rupture brutale avec une armée dont les maréchaux et les généraux ont prouvé, pendant la campagne de 70, leur lâcheté, leur ignominie, leur absence d’imagination. Ils ne pensaient qu’à sauver leur méprisable peau sans se soucier de leurs soldats et de la France.

Le protestant Rossel veut se battre, croit dans la patrie en armes, rejette l’idée de défaite. Franz Van Der Motte, à travers des citations, suit la brève existence de ce jeune officier de caractère abrupt, soucieux de discipline, rigoureux dans ses choix. Il sert la Commune mais s’insurge contre les parleries interminables, les oppositions véhémentes, les coups de menton et de gueule.

Il se rend insupportable par ses légitimes exigences et démissionne.

Après la Semaine Sanglante où l’ignoble Mac Mahon, futur président de la République, et Galliffet (prochain ministre de la guerre) s’illustrent avec beaucoup d’autres, dans une répression terrible. Rossel est arrêté. Expédié à Versailles, interrogé, il s’entend condamné à mort.

Thiers l’immonde lui fait savoir qu’il est prêt à signer sa grâce à une seule condition : l’exil définit.

Le 28 novembre 1871, à Satory, Rossel, Ferré, Bourgeois sont assassinés. Thiers respire.

Comment ne pas méditer ces trois phrases de Louis-Nathaniel :

« Mourir jeune, d’une mort rapide, d’une mort honorable, laisser un nom respecté et un courageux exemple ce n’est pas un sort à plaindre. Ma mort sera cent fois plus utile que ma vie ou qu’aurait été une longue carrière bien remplie. Je ne me plains pas. »

Retrouvons à travers ce livre un citoyen républicain.

Pierre Ysmal

Franz Van der Motte, Mourir pour Paris insurgé, L’Harmattan.

 

LA BELLEVILLOISE (1877-1939)

Jean-Jacques Meusy, La Bellevilloise (1877-1939), Creaphis, 2001.

Une page d’histoire de la Coopération et du Mouvement Ouvrier Français

Enfin un ouvrage de référence sur la Bellevilloise, cette coopérative ouvrière à allure de Maison de la Culture qui a irrigué de son action tout l’Est de Paris.

L’ouvrage collectif réalisé sous la direction de Jean-Jacques Meusy réunit la collaboration de nombreux spécialistes de l’histoire du mouvement ouvrier et culturel (Christiane Demeulanaère-Douyère, Michel Dreyfus, André Gueslin, Louis Helies, Nicolas Kiss, Jean-Jacques Meusy, Jean-Louis Robert, Danièle Tartakowsky, Alain Weber)

Parmi les nombreux aspects de cette avanture économique, politique et culturelle qui en font un document important pour tous les lecteurs intéressés aux aspects concrets de l’action populaire il en est qui nous concernent plus particulièrement. En effet dans l’imaginaire populaire des années 30 aux années 60, dans le 20e et le 19e (et pas seulement dans ces deux arrondissements) il est clair que la Bellevilloise, « la Belle » comme on dit familièrement, s’inscrit en droite ligne dans la suite de la Commune. C’est même semble-t-il ssi évident qu’on n’éprouve pas le besoin de s’y référer, sauf pour s’inscrire dans les manifestations du Mur des Fédérés, ou lancer à chaque occasion la mémoire des chansons communardes. C’est de là aussi que partira le drapeau de la Commune confié au « Soviet de Moscou » et dont nos lecteurs connaissent l’histoire.

Un beau travail sur une belle histoire, avec ses ombres, mené avec rigueur et sympatie.

Raoul Dubois

Jean-Jacques Meusy, La Bellevilloise (1877-1939), Creaphis, 2001.

 

SOUVENIRS DU SIÈGE DE PARIS 1870-1871

Étienne Dejoux, Souvenirs du siège de Paris 1870-1871, Édition Le Semaphore, Paris, 2000.

Bien qu’il n’ait pas assisté aux évènements du printemps 1871, Etienne Dejoux, capitaine dans la Garde Nationale, apporte un précieux témoignage sur la vie parisienne pendant le premier siège. Son récit, écrit à chaud, juste après avoir quitté la capitale, est bien plus simple description des faits : il est surtout l’exposé du point de vue d’un officier républicain sur la situation politique et militaire du moment. L’auteur critique aussi bien l’attentisme du Gouvernement de Défense nationale et l’incurie des généraux, que l’esprit contestataire présent dans de nombreux bataillons parisiens, nuisible selon lui à leur capacité opérationnelle.

Etienne Dejoux souligne également la rivalité entre les anciens officiers de carrière et les nouveaux cadres de la milice parisienne, prélude au clivage aux conséquences funestes entre l’armée – qui sera bientôt celle de Versailles – et la Garde Nationale de Paris. Mais, patriote dans l’âme, ce contemporain décrit admirablement la fièvre obsidionale du peuple de Paris à l’automne 1870.

Rémy Valat

Étienne Dejoux, Souvenirs du siège de Paris 1870-1871, Édition Le Semaphore, Paris, 2000.

 

COMMUNARDS PUIS CALÉDONIENS

Claude Cornet, Communards puis Calédoniens, Édition de la Boudeuse, Nouméa.

La vie et la descendances des déportés politiques en Nouvelle-Calédonies.

Claude Cornet, directrice d’école à la retraite, est calédonienne, arrière petite-fille de Julien Dolbeau, déporté ayant décidé de rester en Nouvelle-Calédonie après l’amnistie.

Partie à la recherche de cet aïeul, Claude Cornet s’est intéressée à ces déportés qui ne sont pas repartis, et aux familles qu’ils ont créées. En 1906, neuf communards étaient encore installés à Nouméa et quatre en brousse. Certains parents sont venus rejoindre ces familles. Aujourd’hui, seize déportés politiques de la Commune ont encore des descendants en Nouvelle-Calédonie, ce qui représente « plusieurs milliers de Calédoniens qui ont comme aïeul l’un de ces hommes exilés pour avoir trop bien voulu défendre leur patrie. ».

Ce livre, très documenté, cite les noms et les lieux, les descendances.

Voilà un ouvrage qui complète bien les mémoires d’un déporté de la Commune de Jean Allemane ainsi que Communard en Nouvelle-Calédonie, histoire de la déportation de Jean Baronnet et Jean Chalou.

Yves Pras

Claude Cornet, Communards puis Calédoniens, Édition de la Boudeuse, Nouméa.

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