VICTOIRE TINAYRE 1831-1895
Du socialisme utopique au positivisme prolétaire.
Une thèse soutenue par Claude Schkolnyk, professeur en Hongrie où elle a pu constituer cette passionnante histoire de la vie de Victoire Tinayre, une enseignaante exilée dans ce pays après son engagement politique durant la Commune.
Victoire dont le nom de naissance était Guerrier, est originaire d’une famille républicaine. Elle découvre Paris pendant les évènement de 1848 ; elle a 17 ans.
Toute sa vie est dictée par un impératif : le besoin de changer la société. Elle met tous ses espoirs dans la Commune aux côtés d’autres femmes pour changer aussi la condition féminine et mettre fin aux discriminations dont elles sont victimes.
Elle élève seule six enfants. Son mari, plutôt partisan des Versaillais, avait cru pouvoir intervenir en sa faveur pour obtenir sa libération lors de son arrestation. Il est fusillé à sa place. De grandes difficultés s’abattent alors sur cette famille obligée à l’exil.
Durant la Commune elle met en œuvre de nouvelles méthodes pédagogiques qui respectent toujours l’enfant comme un individu à part entière.
En Hongrie aussi, son enseignement est hautement reconnu et elle dirige avec succès plusieurs établissements scolaires. Elle rédige des ouvrages de grammaire et de calcul basés sur l’observation, comme les bâtonnets pour apprendre les mathématiques. Elle trouve encore le temps au milieu des pires ennuis, d’écrire nombre de romans avec talent. Sa plume facile, elle la met au service de Louise Michel qui publie chez Fayard.
Sur le plan philosophique c’est une véritable utopiste, aussi les querelles intestines qu’elle découvre durant ces périodes de luttes, la déçoivent profondément. Elle se tourne alors vers différents mouvements mais sans jamais sombrer dans le mysticisme pourtant fort en vogue.
Elle enseigne au service de Godin, le patron d’usine qui voulait créer un état ouvrier où, cependant, il serait le seul maître. Dès qu’elle se rend compte de la réalité, elles se tourne vers d’autres voies. Elle croit avoir trouvé avec le « Positivisme » qui la rassure mais finalement, elle découvre que la seule philosophie valable pour elle, c’est l’amour des autres. Elle meurt en août 1895 d’un cancer. Elle est enterrée selon les rites de l’église positiviste et son hommage funèbre est rendu par Auguste Keufer, Il résumera les grandes lignes de sa vie par une formule chère aux positivistes : « vivre pour autrui, pour la famille, pour la patrie, et pour l’Humanité »
Au final un gros livre passionnant, bien documenté, qui aborde des sujets ardus et qui pourtant se lit comme un roman.
C.R.
Claude Schkolnyk, Victoire Tinayre 1831-1895, Publié chez L’Harmattan, Paris.
LE TEMPS DES CERISES
Voilà comment retenir un poème quand on connaît la musique. Jean-Baptiste Clément a composé Le temps des Cerises en 1866, Renard en a fait une chanson.
Elle a été dédicacée plus tard en 1885, « à la vaillante citoyenne Louise, ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi » du 28 mai 1871.
En feuilletant l’album du dessinateur Philippe Dumas, on chante dans sa tête la phrase qui accompagne l’image. Dès que la page est tournée, on vit l’évènement qui éclate. La petite phrase colle juste.
Tour à tour, paysage serein, la fête, la joie de vivre. Puis, le ciel s’assombrit, les canons apparaissent, les barricades se dressent. La fusillade. La déportation…
Le livre commence avec le merle moqueur, une cerise dans le bec, et se termine avec le portrait de la belle Louise dessiné devant le cerisier rouge de fruits mûrs. Les couleurs sont douces, les personnages en mouvement. Les enfants apprécieront.
Jacqueline Hog
Philippe Dumas, Jean-Baptiste Clément, Le temps des Cerises, L’École des Loisirs, janvier 1990.
AUX AMIS D'EUROPE. LÉGENDES ET CHANSONS DE GESTES CANAQUES
Les éditions Grain de Sable viennent de publier des textes de Louise Michel considérés comme perdus depuis leur unique parution, fin 1875 dans Les Petites Affiches de la Nouvelle-Calédonie, journal pur le moins confidentiel. Ces légendes et chansons de gestes canaques ont été retrouvées par François Bogliolo, à la bibliothèque Berheim à Nouméa. Ces textes inédits depuis 1875, sont complémentaires des Légendes et chants de gestes canaques, publiés à Paris en 1885, après le retour de Louise Michel.
Citons l’incipit :
« Vous êtes là-bas au 19e siècle, nous sommes ici au temps des haches de pierre et nous avons des chansons de gestes pour la littérature ».
Déportée, Louise Michel a aimé cette terre et ses habitants : « Le sol calédonien est-il le berceau ou le lit d’agonie d’une race décrépite ? » « Le vocabulaire d’une peuplade, n’est-ce pas ses mœurs, son histoire, sa physionomie ? ».
« Le lit des aïeux » reprend le chant sur la haute montagne de « la noire Téï, dont le nom signifie pleurer ».
On trouvera aussi « Les souffles », « le gardien du cimetière », et l’histoire du « Kon-Indio » (le récif) où viennent mourir ceux qui se sentent devenir un poids trop lourd à porter pour leur famille. Une adresse à l’homme blanc.
L’histoire d’IDARA (bruyère) la prophétesse et celle des jeunes filles d’Owié suivent trois légendes « déluge canaque », « le premier repas de chair humaine » et « la guerre ». Ces textes inédits se terminent avec « le génie Ondoué ».
Yves Pras
Louise Michel, Aux Amis d'Europe. Légendes et Chansons de Gestes Canaques, Édition Grain de sable, Nouméa, 1985.
72 JOURS QUI CHANGÈRENT LA CITÉ
Pour célébrer le 18 mars, second tour cette année des élections municipales et cantonales, prenez le nouveau livre de René Bidouze.
Éminent dirigeant syndical, ancien membre du Conseil d’Etat, il vient de publier 72 jours qui changèrent la cité.
Anicet Le Pors, ancien sénateur, ancien ministre de la fonction publique et des réformes administratives, Conseiller d’Etat, dans une préface qui ne se borne pas à être six douzaines de phrases banales, note :
« La contribution de la Commune à l’émergence des valeurs modernes de citoyenneté est donc certaine sur des aspects essentiels, notamment ceux qui tiennent à l’exercice du service public ».
René Bidouze, dans un style ferme, situe la place de la Commune dans l’histoire des services publics. Il ne cherche pas à peindre la situation sous des couleurs fades mais s’efforce, parfaitement, de rappeler ainsi le carcan de l’Empire, qui exigeait des serviteurs zélés et aveugle de Napoléon le Petit.
René Bidouze montre comment les semaines de la Commune impriment une marque forte pour l’avenir, préparent des avancées, ouvrent des perspectives. Une annexe précieuse offre les tableaux de tous les décrets et arrêtés de la Commune.
Un bilan qu’Emmanuel le Roy Ladurie (de l’Institut) et Serge July (de Libération) ne peuvent et ne veulent supporter.
Apès Bidouze, reprenez Lissagaray (Histoire de la Commune de 1871), attardez-vous avec Varlin (Brochure éditée par les Amis de la Commune).
Pierre Ysmal
René Bidouze, 72 jours qui changèrent la cité, Éd. Le temps des Cerises.