Nous attendions ce moment depuis si longtemps. Il y avait quelque chose d’un peu irréel, en ce soir du 29 novembre 2016, que d’entendre un député lire à la tribune de l’Assemblée nationale les paroles de la chanson :
Tout ça n’empêche pas Nicolas, qu’la Commune n’est pas morte !
Les amies et amis qui assistaient à la séance ont eu le sentiment de vivre un moment historique.
L’Assemblée débattait, en séance publique, d’une proposition de résolution visant à « rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871 ».
Ce débat, nous le savons, répondait à une demande constante portée depuis des années par notre association, en fait depuis que les réprouvés de la Commune sont revenus de la prison, du bagne ou de l’exil. L’amnistie partielle du 3 mars 1879, puis l’amnistie générale du 11 juillet 1880, avaient seulement permis de libérer les communards encore en vie. Elles omettaient d’effacer les condamnations elles-mêmes.
Amnistiés… mais toujours coupables. Plus encore, elles rejetaient tous les autres dans l’oubli et coulaient une chape de plomb sur la répression. Au fond, c’était l’amnistie contre l’amnésie.
Le député de Paris Patrick Bloche, présentant la résolution, pouvait ainsi heureusement conclure que « le moment est donc venu que nous rendions honneur et dignité à ces milliers de femmes et d’hommes qui n’eurent que le tort, outre le fait d’être le peuple industrieux de Paris, de croire en la possibilité de bâtir une République sociale ».
Quel bonheur et quelle fierté pour nous de voir, face à une droite et une extrême-droite qui peinaient à dissimuler leur aversion pour ce que représente la Commune, les députés socialistes, communistes et radicaux de gauche monter à la tribune pour soutenir la résolution et rappeler ce que la République doit à la Commune. Puis ils votèrent la résolution dont nous rappelons les termes, plus loin, dans ce numéro.
Cent-quarante-cinq ans après le printemps de 1871, la représentation nationale a enfin corrigé une décision qui, pour être généreuse, n’en reléguait pas moins la Commune dans les oubliettes de l’histoire nationale.
C’est donc une étape capitale dans la reconnaissance de la Commune de Paris, qui a été accomplie en ce 29 novembre 2016. Notre association ne peut que se féliciter de ce pas majeur qui vient d’être accompli et remercier celles et ceux — parlementaires, personnalités, militant.e.s — qui ont œuvré à ce dénouement.
Cela ne marque pas pour autant la fin de notre action. La résolution formule des vœux de portée générale. Il nous reste à les faire vivre, à leur donner une traduction concrète. Des actes doivent suivre pour que soit respecté le vœu que « soient mieux connues et diffusées les valeurs républicaines portées par les acteurs de la Commune de Paris ».
Le vote du 29 novembre est donc un acte historique, qui exige des confirmations et des implications concrètes.
ROGER MARTELLI ET MICHEL PUZELAT