Une conférence organisée conjointement par la Société des Amis de la Révolution française, le Club René Levasseur de la Sarthe et notre association départementale s'est tenue le vendredi 12 mai à Allonnes (commune de notre siège social, près du Mans). Devant une quarantaine de participants, Daniel Jouteux, président de la SARF, a présenté la vie d'Olympe de Gouges au travers de ses écrits et Gérard Désiles, président de notre association a retracé le combat des communardes.
À propos d'Olympe de Gouges, nous avons découvert ses origines modestes, sa naissance en 1748 à Montauban, où son père est boucher, sous le nom de Marie Gouze. Elle sera mariée à 17 ans contre son gré. Devenue veuve, elle habite Paris vers la fin des années 1760. C'est à ce moment qu'elle prend sa nouvelle identité d'Olympe de Gouges. C'est sous ce nom d'auteure de pièces de théâtre et romancière qu'elle signe. Bien qu'ayant reçu une éducation rudimentaire (elle dicte ses textes), elle se qualifie comme « femme de lettres ». Elle s'engage en faveur de l'abolition de l'esclavage, l'égalité des sexes, et pour l'obtention des droits civils et politiques pour les femmes (contre le mariage forcé, pour le droit au divorce et à l'union libre, la reconnaissance des enfants naturels, le droit de vote…). Elle est l'auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791 dont l'article 10 stipule :
« ... la femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune... ».
Elle prend plusieurs fois position politiquement sous forme d'adresses dès 1788. D'abord royaliste puis républicaine, girondine puis anti-montagnarde.
Elle sera arrêtée, condamnée et exécutée le 3 novembre 1793.
En ce qui concerne les femmes actrices de la Commune, c'est dès la proclamation de la République, le 4 septembre 1870, qu'elles vont s'investir dans les comités de vigilance et les clubs des arrondissements. Quelques portraits sont évoqués : Louise Michel, Sophie Poirier, Béatrix Excoffon, André Léo. Puis ce sera la journée du 18 mars sur la butte Montmartre où les femmes vont apostropher les soldats de Thiers venus reprendre les canons, propriété des Parisiens, la fraternisation qui va suivre et l'érection des barricades dans Paris. La création de l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, en avril 1871, à l'initiative d’Élisabeth Dmitrieff et Nathalie Le Mel, membres de l'AIT (Association internationale des travailleurs) va donner une expression organisée, active et efficace au combat des femmes pour leur émancipation. Outre Elisabeth Dmitrieff, russe, d'autres femmes d'origine étrangère vont aussi participer telles Paule Minck et Anna Jaclard.
Trois autres portraits ont été évoqués :
Herminie Sardon, épouse Cadolle, corsetière qui va, après l'amnistie, apporter son concours à l'aide aux amnistiés et non amnistiés. En 1887 elle part s'installer en Argentine où elle va faire fortune dans la lingerie. De retour en France, elle va proposer en 1898 le corselet-gorge, ancêtre du soutien-gorge. Depuis 1910 sa maison a prospéré et la marque Cadolle fait partie du marché de luxe.
Florence Charvin dite Madame Agar : chanteuse puis actrice de la Comédie française depuis 1862. Sympathisante de la Commune, elle prêtera son concours à diverses festivités au profit des blessés, des veuves et des orphelins des gardes nationaux tués. Elle était surnommée « Agar la communarde ».
Maria Deraismes, républicaine et libre-penseuse, dotée de qualités d'oratrice et d'écrivaine. En 1866, elle fait partie de la Société pour la revendication des droits de la femme avec André Léo, Paule Minck, Louise Michel, les soeurs Reclus, Maria Verdure... En 1882, elle sera la première femme à être initiée franc-maçonne et fondatrice de la première obédience maçonnique mixte.
Cinq femmes d'origine sarthoise ont participé à la Commune :
Alix Payen, la plus connue, parce que la correspondance avec sa famille a été publiée en 2020 par Michèle Audin sous le titre C'est la nuit que le combat devient furieux. Elle y décrit la situation alors qu'elle accompagne, en tant qu'infirmière, son mari garde national, sur les forts d'Ivry et Levallois.
Louise Arzelier, confectionneuse ; Marie Champeau, couturière ; Sidonie Pousset, lingère ; Victorine Allusse, couturière et ambulancière du 224e bataillon.
Autre fait marquant, la présence des femmes sur les barricades pendant la Semaine sanglante (23-28 mai) comme combattantes ou ambulancières, au risque de leur vie. Beaucoup seront exécutées sur-le-champ par les versaillais, 1051 seront traduites en conseil de guerre, dont 36 condamnées à la déportation, 31 aux travaux forcés, de nombreuses peines de prison... et de non-lieux. La publication en 2013 du Petit dictionnaire des femmes de la Commune, recense plus de 800 noms ; il est sous-titré Les oubliées de l'histoire. Quelles soient connues ou anonymes, nous nous honorons de toutes les réhabiliter.
GÉRARD DÉSILES